C'est aujourd'hui. C'est aujourd'hui la fin de notre histoire. Je ne veux pas y croire. Mes lèvres ont un goût salé, mes joues sont humides et mes yeux arrivent encore à produire toutes ces larmes qui coulent sans interruption. Il n'aura fallu qu'une fraction de seconde pour que l'on en arrive là.

 Ce parking abandonné à proximité de cette ligne de tramway. Moi, assise sur le goudron à te regarder, à te dessiner, à nous imaginer mariées, à nous projeter dans un futur où nous serions ridées ensemble. Toi, sur ta planche, jouant de tes jambes pour enchaîner les figures et m'impressionner, écoutant ta musique, distraite, mais en ayant toujours un regard passionner à me lancer. Le soleil, la chaleur, ce moment de complicité.

 Et tu perds l'équilibre. Je me lève dans un sursaut. Tu hurles de douleur. Je crie de peur. Plus de peur que de mal. Rien de grave. Je suis rassurée. Mais tu t'inquiètes. Ta planche roule et se dirige vers les voies du tramway et tu fonces tête baissée pour sauver notre Storyboard. Je crie pour te prévenir, mais tu n'entends pas, à cause de la musique dans tes oreilles. Je cours vers toi. Le tramway arrive à grande vitesse. Tu ramasses le skate. Je commence à pleurer, constatant que tu risques d'être...

 Et puis c'est trop tard. L'arrêt d’urgence est enclenché, mais tu passes sous ses roues, et moi je vois tout.

 Le chauffeur semble choqué, mais pas autant que moi. Je cours vers toi et m’aplatit au sol pour te tenir la main. Tu agonises, broyée par le poids de cette machine. Je hurle de rage, de panique, de peur et d'amour. Et je m’évanouis.

 C'était il y a dix jours. Mais c'est aujourd'hui. C'est aujourd'hui la fin de notre histoire. Alors, si cela est bien réel, si c'est bien aujourd'hui que tu pars, je veux que tu partes chargée de souvenir et de mon amour. Reste encore un peu, je dois t’offrir quelque chose avant ton départ.

 Reste encore Méline.