Prologue
C'était il y a 4 ans. Mon père avait accepté ce poste à Toronto, et nous avions tous dû le suivre... J'avais été triste de quitter ma ville natale et toute la famille, mais de toutes façons, m'étais-je dit, Trois-Rivières sans Nicolas, mon meilleur ami, ce n'était plus vraiment Trois-Rivières... Et puis...
Et puis, mon père avait promis à ses parents de revenir, une fois le contrat de restructuration de la compagnie achevé. Ma tante Isabelle et mes cousines s'étaient montrées inconsolables. Sylvie et Patricia étaient très proches de mon frère, Fabrice. Ils auraient voulu, tous les 3, avoir plus de poids dans la décision de mon père... Mais pour mon père, ce contrat était une chance inouie de faire ses preuves, et, s'était-il dit, 4 ans, ce n'est pas une éternité !
Mais voilà, si nous étions en ville ce jour-là, c'est que ma grand-mère avait succombé des suites du cancer... Nous étions tous au courant de son combat, mais comme nous l'apprimes le jour de son décès, elle nous avait caché jusqu'à la fin la gravité de son état... Seul grand-père était au courant, et il tentait tant bien que mal de justifier la décision de son épouse, qu'il avait respecté.
Mon père était très en colère, disant à tous va que s'il avait su, il n'aurait pas accepté, ou alors reporté, ce contrat. Tout le monde, mon père, ses deux frères, mes cousines et ma fratrie, en voulaient à ma grand-mère, mais surtout à mon grand-père. On leur reprochait qu'"avoir su, bien sûr que nous aurions été tristes, mais nous aurions tous davantage accordé de temps et d'attentions à Gilberte. Maintenant, il est trop tard !"
Grand-père nous dit que Gilberte et lui nous aimaient tous, et inconditionnellement, mais que cette décision qu'elle avait prise et qu'il avait respecté, était semblable à chaque décision qu'ils avaient prise pour l'ensemble de la famille au cours de leurs vies.
Et en effet, ils avaient toujours avancé que si chacun était un membre capital de la famille, chacun était aussi un être à part entière, avec leur propre personnalité, leurs propres aptitudes et compétences, et que chacun avaient des rêves qu'ils se devaient de réaliser pour réussir leur propre vie, et non pas seulement leur vie de famille.
- Gilberte savait que tu refuserais de partir à Toronto dans ce contexte, Thierry, mais c'était ta chance de devenir vice-président dans ta compagnie, et tu avais travaillé si fort pour parvenir jusque-là... Elle m'a demandé de te faire comprendre que même si tu serais demeuré à Trois-Rivières, tu aurais continué à travailler ton 40 h par semaine, mais dans un contexte plus limitatif, un contexte qui aurait continuellement dégénéré, à mesure que ton désarroi d'avoir manqué cette occasion aurait cru... Gilberte t'a davantage téléphoné et a davantage communiqué sur Internet avec les petits, ce qui fait que cela ne fait pas une si grande différence entre ta vie à Toronto et la vie que vous auriez mené si vous seriez demeuré à côté
- On avait le droit de savoir !
- Votre mère et votre grand-mère et moi, nous sommes toujours avec vous tous à tous les jours. A chaque fois que vous pensez à nous. A toutes les fois ou vous nous téléphonez pour nous donner de vos nouvelles. Nous sommes de toutes vos réussites et de toutes vos victoires, et nous sommes de tout coeur avec vous lorsque vous essuyez des échecs. Mais vous vivez chacun votre propre vie, et vivre ensemble, quand les enfants ont vieilli, ce n'est plus une question de juste être ensemble 24h sur 24. Ce n'est pas de toujours être dans la même pièce. C'est dans le temps que nous nous accordons, dans les beaux moments que l'on partage, et dans ce que nous nous enseignons les uns les autres, et dans la façon que nous nous habitons les uns les autres
- L'amour et l'affection ne sont pas des prisons. Ce sont des nids dans lesquels nous pouvons nous sentir douillets, et ils constituent le ciment du foyer que nous construisons et édifions toujours davantage, ce même foyer qui accompagne chacun partout ou il va partout une fois qu'il quitte le nid
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