- J’ai rencontré quelqu’un.

Elle me regarde dans les yeux, elle semble avoir arrêté de respirer. Moi, je viens de prendre une gifle phénoménale, et je dois être blanc comme un linge. Après avoir « encaissé » le coup, je me lève sans un mot et me dirige vers le meuble dans lequel nous rangeons les alcools. Je sens son regard dans mon dos.

- Tu veux boire quelque chose ? Moi, j’ai besoin d’un truc fort.

- Non. Pardon, pardon de te faire du mal.

Je me sers un whisky que je bois cul sec et reviens m’assoir à côté d’elle. On s’observe quelques instants. Je me sens froid et vide, les larmes coulent toujours sur son visage.

- Dis quelque chose, s’il te plait.

- Depuis quand ?

Elle baisse la tête, se tort les doigts.

- Un peu plus de huit mois.

Je suis estomaqué, je n’ai absolument rien vu.

- Huit mois !!?? Putain, j’ai rien vu. Souvent ?

- Deux fois par semaine, parfois plus.

- Je ne comprends pas. J’avais l’impression que tout se passait bien entre nous. Tu ne m’aimes plus ? Tu veux que l’on divorce ?

Elle lève vers moi des yeux écarquillés.

- Hein ? Non, non, je t’aime Steph, je t’aime vraiment. Je ne veux pas que l’on se sépare.

- Tu m’aimes, mais tu me trompes. Tu admettras que c’est difficile à croire.

Elle baisse de nouveau la tête.

- Oui, je comprends ce que tu veux dire. Mais c’est comme ça, je n’ai jamais cessé de t’aimer.

Je ne suis pas du genre à réagir à chaud, pas du genre à m’emporter et à laisser sortir la colère que j’ai toujours considéré comme in constructive. Et là, je la sens monter, et trop vite. Ses paroles n’ont aucun sens pour moi. Elle ne peut pas me dire qu’elle m’aime et m’avouer me tromper depuis huit mois. Il me faut du temps.

Je me lève. Elle lève la tête vers moi et me regarde avec tristesse.

- Je vais faire un tour.

Mon ton est neutre, sans émotion.

- Steph…

Je sors de la maison, monte dans ma voiture et part.