Dix-neuf mois sont passés depuis que Céline m’a annoncé son adultère. Dix-huit mois et demi que je vis dans ce petit deux pièces. C’est tout ce que je peux me payer. Mon entreprise a repris du poil de la bête, mais pas assez pour me sortir un salaire décent.

Ce matin, j’ai rendez-vous avec un client pour une présentation détaillée du site que je viens de terminer. J’apprécie ces rares fois où je sors de chez, où je rencontre des gens. Depuis que j’ai quitté Céline, je ne sors que pour des rendez-vous clients ou pour faire les courses. En passant devant ma boite aux lettres, j’en vérifie le contenu, un gros tas de pub et quelques enveloppes qui ne me semblent pas importantes, je regarderais à mon retour.

Je suis reçu par le comité de direction, trois hommes en costumes et une secrétaire en tailleurs strict. La présentation se passe bien, le client est satisfait et demande même un devis pour l’ajout de fonctions supplémentaires. En attendant, le site sera mis en ligne et le paiement me parviendra rapidement, une petite bouffée d’oxygène.

Avant de partir, la secrétaire, une grande brune à l’air sévère mais plutôt jolie, m’annonce qu’elle m’enverra le compte-rendu des demandes supplémentaires dans la semaine. Elle me tend une carte de visite avec un sourire.

- Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’appeler.

Je rentre chez moi satisfait. Dans la boite aux lettres, une nouvelle enveloppe est apparue. Simple enveloppe blanche avec juste mon nom et mon prénom manuscrit.

Je monte dans mon appartement, pose le courrier sur la table de la cuisine et me prépare un sandwich.

Assis sur le canapé, je sépare les pubs et commence à ouvrir mon courrier. Deux factures, une annonce de refus à un marché pour un site, et l’enveloppe anonyme.

Pas de timbre, elle n’a donc pas été déposée par le facteur. J’ouvre et en sort un flyer.