Je ne sais pas combien de temps j’ai pu rester devant mon ancien chez moi. Je ne sais pas combien de temps j’ai mis à rentrer à mon appartement.

Mais quand j’arrive chez moi, il est plus de 23h, il fait nuit noire, et j’en veux à la terre entière.

J’en veux à ma femme de ne m’avoir pas dit la vérité.

J’en veux à Sophie de m’avoir, visiblement manipulé.

J’en veux à cette Karine et à ce maitre de m’avoir volé ma femme.

Bref, je suis en colère, avec plus de questions que de réponses puisque je n’ai pas de réponse.

C’est donc remonté comme une pendule que j’appelle Sophie. Elle devait attendre mon appel car elle décroche avant la fin de la première sonnerie.

- Tu me dois des explications, et tu vas me les donner tout de suite.

- Excuses-moi, je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Comment vas-tu ?

- T’en as rien à foutre de comment je vais. Tu m’as manipulé sans te soucier de mes réactions, juste pour ta petite gueule. Donc maintenant, tu m’expliques. Et vite. Sinon, mon prochain appel sera pour ton patron en lui expliquant pourquoi je romps le contrat.

- Steph, s’il te plait…

- J’AI DIT MAINTENANT !!

- Oui. Tu veux bien que je vienne chez toi ?

- Tu as trente minutes.

Et je raccroche.

Il est prêt de minuit quand Sophie sonne à ma porte. Dès qu’elle me voit, elle baisse la tête et se fige sur le palier.

- He bien quoi ? Entre !! on va discuter sur le pas de la porte, et je vais pas te bouffer !!

Mon ton est sec, dur. Je la laisse passer, toujours tête baissée, les bras le long du corps. Elle s’arrête dans l’espace salon.

- Tu peux t’assoir, la discussion va être longue. Tu veux boire quelque chose ?

Elle s’assoit sur le bord du canapé, les genoux serrés, la tête toujours basses.

- Du vin, ça t’iras ?

- Oui.

Quand je reviens dans le salon avec deux verres et une bouteille de Bourgogne, elle n’a pas bougé.