Chapitre 12: Inondation
Le vent hurlant tourbillonne et s’engouffre dans les allées désertes, glaçant les os et lacérant le visage, tirant sur la peau et asséchant les paupières. Un véritable capharnaüm de rafales insidieuses règne en unique maître sur le village. Un vent de mauvais augure, apportant mort et désolation, destruction et chaos, une tornade sans précédent. La marée dévastatrice s’apprête, et déjà, l’écume bouillonnante gicle contre les murs des maisons. Alors, lentement, le vent devient moins violent, faisant des allers-retours de moins en moins fréquents , et finit par se retirer. Un silence oppressant et angoissant s’installe. Le calme avant la tempête. Rien n’est terminé. Des nuages noirs s’amoncellent dans le ciel tout aussi obscur, et une légère bruine, comme un rideau brouillant, vient boucher la vision. La pluie s’intensifie, de plus en plus bruyante, laissant désormais place à une averse de grêlons aussi gros que le poing. Le vacarme assourdissant envahit les ruelles et les projectiles du ciel déchiquettent les toitures des maisons, traversant allégrement la brique, pénétrant même jusqu’à l’armature métallique et désossant les habitats les plus vétustes, ne laissant que d’affreuses carcasses déformées. Un grondement intense se fait entendre, et, l’apocalypse céleste redoublant d’intensité, la mer elle-même surgissait dans le village, s’infiltrant partout, et noyant dans ses eaux sombres la grand-place. Telle une enragée, elle fouette les doux logis de toute sa force, mettant en lambeaux le marbre et emportant avec elle les pièces détachées des architectures écartelées.
Mort et désolation.
Destruction et chaos...
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