Chapitre 14: Mort
Un jeune homme attendait.
Un jeune homme attendait dans le train.
Assis là, sur un siège au cuir miteux à demi arraché, entre deux accoudoirs défoncés, un jeune homme attendait.
Qu’attendait-il ?
Lui même ne le savait pas.
Tout ce qu’il savait, c’était qu’il attendait quelqu’un ou quelque chose...
Il attendait donc là, dans ce train, assis inconfortablement sur un cadavre de fauteuil.
Mais le train n’avançait pas, non… Il n’avançait pas.
Tout autour du jeune homme, le monde semblait comme à l’arrêt.
Lui, assis, et les autres, à même le sol, inertes.
Que s’était-il passé ?
Lui même ne le savait pas.
Tout ce qu’il savait, c’était qu’encore une fois, tout avait mal tourné.
Une fois parmi tant d’autres…
Alors, il attendait.
Il attendait…
Au milieu du chaos, de l’odeur rance et du silence pesant, il restait immobile, les mains enfoncées profondément dans les poches, et le regard dans le lointain, essayant de percer le brouillard du questionnement infini. Toujours dans l’attente…
Au fond, se disait-il, peut-être qu’il souhaitait tout simplement être normal. S’il l’avait été, est-ce que lui aussi aurait pu mener une vie normale ? Non, il n’y croyait pas. Jamais il ne pourrait être comme les autres. D’un côté, il y avait lui, et à l’opposé, eux.
Il regarda autour de lui. Oui, il regarda son œuvre…
L’avait-il voulu ?
Il ne le savait pas.
Tout ce qu’il savait, c’est que sa seule amie était sa solitude.
Pour rien au monde il ne la quitterait, pour rien au monde…
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