Chapitre 24: Le récit (partie 1)

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- Tout a commencé ce fameux jour... C'était pendant mon tour de garde. J'ai aperçu un homme sur le chemin qui menait au grand portail. Je l'ai regardé s'approcher, intrigué, et lorsqu'il fut assez près pour que je puisse le considérer en entier, j'ai plongé mon regard dans le sien et l'ai tout de suite regretté. Je me rappelle encore de l'expression de ses yeux comme si c'était hier. On aurait dit que cet homme était l'incarnation même de la folie. Ses pupilles prenaient une taille bien trop grande dans ses orbites et avaient une couleur noir de jais. Le regarder m'a donné l'impression d'être englouti par un abîme sans fond. Et la suite était bien pire. Je l'ai su quand je l'ai vu retrousser sa lèvre supérieure dans un rictus mauvais. Je me suis demandé s'il n'avait pas la rage...

Et chemin faisant, il s'est enfin arrêté seulement une fois devant la barricade. Du haut de ma tour de guet, pour essayer de couvrir le vacarme de la pluie...

- La pluie, vous dites ?

- Oui.

- Je vois... continuez.

- J'ai crié pour qu'il m'entende: "Que faites-vous là monsieur ?" Et j'ai attendu. 1 seconde, 2 secondes, 3 secondes... qui m'ont paru interminables. Quand dans un murmure il m'a répondu. Je n'ai pas tout de suite compris, mais lorsqu'il l'a répété, je l'ai entendu hurler d'une voix empreinte de folie pure: "Laissez-moi entrer !". "Je ne sais pas si je peux", lui ai-je répondu. J'avais trop peur de cet homme et de ce qu'il pouvait faire une fois dans le village. Mais peut-être ai-je fait le mauvais choix, peut-être était-il tout simplement exténué après une longue journée et qu'il voulait juste trouver un endroit où dormir ? Je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris à ce moment-là. Alors, il a rebroussé chemin. Mais une fois à la moitié du sentier, il s'est retourné et a dévalé la pente dans ma direction aussi vite que l'éclair. Il a foncé droit devant et s'est assommé violemment contre la grande porte dans un gros son mat, s'étalant de tout son long. J'ai fouillé dans mon sac et en ai sorti mon téléphone pour appeler l'équipe de médecins de l'île, mais quand je me suis relevé et que j'ai regardé en bas, il avait disparu.

Comme s'il n'avait jamais existé...

Le lendemain, j'ai fait mon rapport aux chefs des villages, qui ont organisé sans plus attendre un "conseil". Mais cette réunion ne s'est pas passée comme prévu.

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