Chapitre 63: Deux points noirs sur l'horizon
Venant contraster la beauté d’un paysage immaculé se détachaient deux point noirs sur l’horizon. Les Hommes marchaient depuis bien longtemps déjà et la fatigue commençait à se faire ressentir.
Le grand Rien tout autour les observait progresser à pas lents et méthodiques à travers l’épaisseur de la neige. Alors que le silence établissait son empire comme seul maître de ces lieux, à l’intérieur de la tête d’Émeric c’était le maelstrom. Chaque question, chaque idée nouvelle que sa matière grise pouvait produire finissait inévitablement emportée par le courant, noyée dans le flux incessant et en évolution constante de ses pensées.
Au moins, les voix lui accordaient quelques instants de répit. Mais et maintenant ? Il suivait ce vieillard au milieu de ce gigantesque nulle part sans savoir où cela pourrait bien le mener. Sans conviction aucune. Il le faisait parce qu’il n’en avait plus rien à faire. Plus rien à faire de cette foutue vie. Rien à faire de cette histoire tirée par les cheveux tout droit sortie des racontars d’un ivrogne sous hallucinogènes. Rien à faire. Si c’était la dernière chose qu’il devait accomplir, dans ce cas, qu’il en soit ainsi. Il marcherait jusqu’à épuisement total de son énergie. Jusqu’au dernier souffle de son existence.
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