1 - le début des problèmes

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Le temps était capricieux aujourd’hui, cela rendait nos travaux encore plus compliqué à entreprendre. Je cessais de regarder le ciel grisâtre, presque pluvieux pour me reconcentrer sur ma tâche. J’utilisais mes dons psychiques pour déplacer et trier les décombres les plus imposants mais je n’avais pas le droit de faire plus. Owein et Llion avaient peur que mon combat contre Connor m’ai trop épuisé, selon eux, j’avais utilisé bien plus de magie et de force qu’il était possible de supporter pour un corps. J’avais donc décidé de leur faire plaisir, de ne pas utiliser trop de magie pendant au moins une bonne semaine ainsi que de me reposer dès que j'en avais l'occasion. Cela ne m’arrangeait absolument pas car cela me rendait inutile parmi toutes ces personnes déjà affaibli. Je pouvais à peine aider pour le début de la reconstruction de la Tombe d’Ignis et cela me rendait folle. Il m'arrivait de frôler l'hystérie lorsqu'une personne rapportait à Owein ou Llion que je faisais trop d'efforts.

Les jours qui suivirent la destruction de la Tombe et la mort de Connor passèrent à une vitesse affolante, l’hiver approchait de plus en plus et nous manquions de monde pour que les réparations avancent plus vite, pour que nous soyons plus efficaces. Ainsi, notre éternel petit groupe, qui était moins blessé que les Gardiens de Feu, donnait tout pour déplacer les plus gros décombres, cela permettait au plus faible de pouvoir aider sans trop s’épuiser, tout le monde se sentait utile. La personne la plus impliquée était sans aucun doute Lume. Elle était venue ici en pensant qu’un massacre avait décimé presque tous les Gardiens de Feu. Nous pensions tous que cela avait été causé par les Celeanos alors qu’il s’agissait simplement d’un piège orchestré par Connor. Ce personnage que nous rêvions de tuer encore dans nos rêves. Lume vivait mal le fait d’avoir perdu autant de proches parce qu’un homme, frustré de ne pas être une personne dotée de magie, avait voulu se venger de la magie d’Efeilliad et plus encore en voulant prendre ma place de Reine. Je ne savais pas trop comment la réconforter mais je n’avais pas trop à m’inquiéter dans la mesure où Loraevere était là pour elle. Les deux jeunes femmes s’étaient rapprochées depuis cette catastrophe et ça me faisait chaud au cœur de les voir ensemble. Je les soupçonnais toutes deux d’avoir des sentiments pour l’autre sans pour autant l’affirmer. Je n'intervenais cependant pas. Leur relation, qu'elle soit amicale ou non, ne me regardait pas. Je n'avais pas le droit d'interférer entre elles.

Dans ces travaux, Loraevere n’était pas une participante, à la place, elle écrivait des lettres aux autres Gardiens mais aussi au Régent pour les tenir au courant de nos actions. Plusieurs fois, mon amie avait insisté pour demander de l’aide aux habitants vivants dans les alentours, pour avoir plus de mais d'œuvres mais je refusais à chaque fois. J’avais déjà peur de la réaction qu’ils auraient lorsque j’irais réclamer mon trône à Mintery alors leur faire savoir plus tôt que prévue que j’étais vivante et prête à prendre les rênes du royaume? C'était hors de question. Je ne pouvais pas me le permettre. Les habitants qui étaient contre moi pourraient très bien organiser une chasse à l’homme pour m'empêcher de prendre la couronne comme l’avaient fait les membres de la Cour il y a quelque temps. D’ailleurs, nous ne les avions pas revus dans les alentours depuis la défaite de Connor. Je supposais qu'ils avaient eu peur des conséquences s'ils étaient encore dans les parages. En parlant de ce combat, je ne voulais vraiment pas revivre ce genre de bataille, de monstruosité, de massacre. Je revoyais encore les corps gisant au sol, parfois défigurés, les membres arrachés. L'odeur de sang régnait encore dans les airs. La mort hantait encore mes rêves et pensées. C’était bien trop pour moi, je n’avais jamais voulu qu’autant de gens meurent en étant avec ou contre moi.

Je sortis de mes pensées lorsque je sentis deux bras entourer ma taille avant de me rapprocher de celui qui me tenait. Je riais avec douceur lorsque je sentis cette personne déposer un délicat baiser à la naissance de ma nuque. Je me suis retournée pour embrasser chastement Owein. Je lui souris avant de lui demander ce qu’il faisait là au lieu d’être en train de surveiller mon père. L’état d’EÒghan était encore instable depuis qu’il avait frôlé la mort. Même si Owein avait fait de son mieux pour le soigner, mon père avait besoin de soin plus précis et efficace ainsi que de beaucoup de repos. J’étais très inquiète à son propos même si je faisais tout pour ne pas le montrer. Je m’étais, certes, en quelque sorte réconcilié avec lui mais j’avais toujours du mal à le voir comme un père pour moi. Il m'arrivait souvent de l'appeler "papa". C'était étrange dans ma bouche mais cela sonnait si bien, si juste. Nous faisions tous les deux des efforts, de mon côté je faisais en sorte d’oublier qu’il m'avait caché la vérité sur son identité. Mais aussi le fait que je n'avais aucun souvenir de lui en étant enfant car il semblait avoir décidé de ne pas assumer sa paternité. Et lui faisait des efforts en essayant de se livrer sur ses émotions, il me racontait sa vie en tant que Gardien, comment il en était arrivé à être Grand Gardien. Il ne parlait cependant jamais de ma mère et lui, comme si ça n'était jamais arrivé.. Ces moments étaient exclusivement le soir, cela me permettait de pouvoir participer à la reconstruction de la Tombe durant la journée.

Owein me répondit que mon père se portait bien mieux qu’hier et donc qu’il pouvait se permettre une petite pause pour venir me voir. Je lui souris de bon cœur avant de l’attirer à moi pour pouvoir poser délicatement mes lèvres sur les siennes.

- Il est presque l’heure de déjeuner, allons-y maintenant, je ne pense pas que les autres nous en voudrait. Me dit-il tout en me suppliant des yeux.

- Owein, je ne peux pas prendre cette pause plus tôt que les autres sous prétexte que tu as du temps pour moi. Ce serait injuste. Dus-je lui répondre, mes mains serrant sa taille pour le réconforter de mon refus.

Je vis sa mine boudeuse arriver, alors avant qu’il ne puisse s’enfuir comme un enfant, je lui chuchotais à l’oreille d’aller nous préparer de quoi déjeuner en tête à tête. De suite, son sourire vint illuminer son doux visage. Automatiquement, mon propre sourire apparu. Je déposais un léger baiser sur sa joue avant de l’envoyer travailler. Lorsqu’il fut enfin hors de vue, je pus me remettre au travail sans qu’il ne puisse me déconcentrer. Malheureusement, j'échouais lamentablement. Ma relation avec Owein semblait au beau fixe, rien n'entravait notre bonheur malgré le peu de temps que nous passions ensemble. Je faisais de mon mieux pour le voir un maximum mais ce n'était pas toujours possible.

*****

Le peu de temps qui nous séparait du déjeuner passa vite, j’ai donc pu arrêter de m'épuiser par la magie. Je me dirigeais rapidement vers le camp miteux que nous avions construit rapidement pour être à l’abri le soir. J’entrais sous une tente, cherchant des yeux Owein que je trouvais vite grâce à sa grande taille. Je marchais dans sa direction lorsqu’un grondement fendit l’air. Nous relevions tous la tête, le temps comme étant suspendu, nous étions dans l’attente la plus totale. Lorsque ce grondement cessa, je fus la première dehors pour constater avec terreur que nous étions attaqués par des ours. Par des Celeanos.

Avec les Gardiens, nous nous précipitâmes tous sur ces bêtes féroces qui commençaient déjà à faire de nombreux dégâts dans le campement mais aussi sur la reconstruction de la Tombe d’Ignis. Nous n’avions pas le temps de nous poser des questions sur les ours, nous devions les repousser le plus vite possible avant que les dégâts soient encore plus nombreux qu’avant cette attaque.

Je courais pour être le plus au centre possible, Owein et Llion sur mes talons pour pouvoir me protéger tandis que je chercherais la magie en moi pour pouvoir me battre avec. Une fois au centre, je m’encrais profondément dans le sol, je régulais ma respiration pour ensuite entrevoir cette flamme au fond de mon être. Lorsque cette flamme fut stable, je pus projeter la magie en dehors de mon corps. Tranchante comme des dagues, je touchais avec aisance mes ennemis. Owein maîtrisait mieux ces tremblements de terre, ce qui nous évitait d’avoir des blessés dans notre camp. Llion et ses pairs invoquaient le vent pour qu’il nous soit un maximum bénéfique. Je dus prendre d’autant plus appui sur le sol, je ne devais pas perdre l’équilibre, cela risquerait de blesser des Gardiens, ce qui n'était aucunement mon souhait. Mon seul but était d'anéantir le plus de Celeanos possibles.

Les ours semblaient tellement plus nombreux et bien plus fort que tous les Celeanos que nous avions croisé jusqu’à présent. Je continuais de frapper d’estoc et de taille selon ma possibilité d’atteinte. Mes ennemis tombaient un par un mais je le devais à ceux qui m’entouraient. Ils me permettaient de ne pas être attaqué, d'avoir une concentration stable afin que mes attaques soient plus efficaces. J’étais saine et sauve grâce à eux mais ils l’étaient également grâce à moi. C’était du donnant-donnant. Ensemble. Nous nous battions ensemble contre un ennemi commun, mais bientôt cet ennemi pourrait prendre le dessus sur nous. Nous devions rester unis, communiquer afin d'éviter des blessés inutiles.

Mon souffle était court, mes muscles endoloris par les journées entières à utiliser ma magie. Je faisais de mon mieux, comme tous les Gardiens, mais la fatigue arrivait à grand pas, laissant la possibilité aux ours de nous écraser, de prendre le dessus sur ce combat. Je sentais une goûté ça et là perler sur mon front, dans ma nuque, le long de mon dos. Cette bataille devait cesser et vite.

*****

L’attaque dura à peine une vingtaine de minutes avant que nous réussissions à repousser nos assaillants. Lorsque tous les Celeanos furent loin de notre campement, je décidais d’aller voir tout le monde pour constater les nouveaux dégâts. Finalement, peu de personnes étaient gravement blessées, mais nous comptions 5 pertes. J’adressais une prière silencieuse à ces âmes qui nous avaient quittés, avant d’ordonner à certains Gardiens d’amener des draps qui serviraient de linceul. Suite à cet ordre je me dirigeais vers mes amis car une discussion des plus sérieuses nous attendait. Comment se faisait-il qu’il y avait encore des Celeanos et pourquoi semblaient-ils bien plus forts qu’avant?

Lorsque j’arrivais près de mes amis, je pus constater qu’ils discutaient déjà de ce sujet plus que problématique. Dès que je fus vraiment à leur côté, ils se tournèrent tous vers moi avant de me demander si j’avais une idée de ce qu’il se passait.

- Je suis désolée mais je n’en ai aucune idée. répondis-je, honnête. Tout comme vous je me demande comment et pourquoi les Celeanos sont toujours en vie ou tout simplement pourquoi ils n’ont pas repris leur forme humaine. Je m’attendais à ce que la mort de Connor provoque la fin de la malédiction mais visiblement ce n’est pas le cas. Peut-être même que ça l’a empiré. En toute honnêteté, je pensais que ce problème était réglé et que je n’avais qu’à retourner à Mintery pour réclamer le trône. Jamais je n’aurais cru que les Celeanos et leur créateur resteraient notre problème numéro un. Je ne comprends pas ce qu’il se passe et je ne sais pas comment nous allons le régler mais nous devons vite trouver quoi faire avant que plus de Gardiens ne se transforment ou se fassent tuer, soupirai-je, atterrée.

- Achlys a raison. Répondit une voix faible derrière moi.

Je me retournais et pus constater qu’il s’agissait d’EÒghan. Ce dernier s’approchait de nous avec lenteur, une canne à la main pour garder une forme d’équilibre. Je m’approchais de lui tout en l’insultant de tous les noms d’oiseaux possible dans ma tête. Pourquoi était-il sorti de sa tente? Avait-il été touché par l’attaque? L’inquiétude s’insinua en moi, j’accélérais donc pour me retrouver à ses côtés. Je l’aidais à marcher en le soutenant du côté droit.

- Pourquoi es-tu sorti de ton lit? grognais-je, agacée.

- Je devais te voir. Je pense pouvoir affirmer que la malédiction de Connor est un enchantement qui ne peut pas se briser par la simple mort de son créateur. Je pense que nous allons devoir nous rendre dans le pays natal de Connor pour y trouver la solution…, dit mon père, lâchant cette bombe comme n'importe quelle autre nouvelle.

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