Chapitre 2 : Le réveil de l'apothicaire

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Qui aurait cru que je suivrais une formation d'apothicaire à seulement dix-sept ans et que je passerais mon diplôme dans le vrai monde cette année ? Comment vais-je m'en sortir ? Mais revenons à mon arrivée dans le sous-sol de la boutique afin de tout expliquer.

Le propriétaire de la boutique se présente enfin ! Que font toutes ces créatures ici ? En m'approchant, je suis sûre de découvrir qui ils sont et quel sera mon rôle...

- "Bienvenue à la boutique de créatures magiques", me dit-il. "Cela fait des années que nous attendions ta venue. Mon Henge, a réussi à te localiser dans cette zone et c'est pour cette raison que nous sommes venus nous installer ici. Je suis Daïsuke et mon Henge se nomme "Okuchi-no-Makami"."

Je lutte pour garder un semblant de réalité alors que tout semble surréaliste. Devant moi se tiennent tous les clients fidèles de la boutique, et même en me pinçant, je réalise que je ne suis pas en train de rêver.

Hum... Daïsuke, un prénom avec une grande signification. En l'observant un peu plus à mesure qu'il m'explique la raison de ma présence, je remarque ses traits délicats ainsi que sa peau aussi blanche que la neige et des cheveux noirs ébènes. Malgré mon apréhension, je ne peux m'empêcher de le trouver séduisant et mystérieux.

Il prétend m'avoir repéré grâce à son Henge, un familier que chaque apothicaire possède. Il protège, conseille et est le lien qui permet aux Apothicaires de se reconnaitre parmi le monde réel. Pourtant, je n'ai pas de familier, de Henge mais c'est lorsque Okuchi-no-Makami prit sa véritable forme que tout commença.

Face à sa véritable nature, un gigantesque loup blanc aux yeux couleur rouge sang, émanant d'une aura bleue scintillante, s'approcha de moi et déclara :

- "Le réveil peut commencer, libère ton henge."

Perdue, je ne sais pas ce qu'il veut dire ni comment il fait cela. Prise de palpitations et de sueurs froides, je m'effondre à genoux. Les clients allument de l'encens et commencer à émettre ce que je crois entendre comme des mantras.

Après quelques minutes, mon ventre se tord de douleur, comme si une partie de moi voulait s'échapper. Le loup blanc reste calme, se blottit contre moi et tente de me rassurer :

- "Ne crains rien, laisse ton familier se manifester. Tu ressens de la douleur car une partie de toi doit s'en aller, mais une fois que vous serez unis, le réveil sera complet."

J'étais sur le point d'exploser, de me cogner la tête contre un mur. C'était inhumain de devoir endurer cela, et pourquoi moi ? Je n'étais rien de plus qu'une simple étudiante.

D'accord, j'ai un tempérament difficile, je cherche toujours la confrontation, j'ai une façon différente de voir les choses. C'est pour ça que je n'ai que très peu d'amis, à part Maï. Et si elle découvrait vraiment qui je suis, est-ce qu'elle me rejetterait en me considérant comme un monstre ?

Alors que je n'ai même pas le temps de réfléchir, mon henge apparaît enfin. D'abord dans sa forme originale, il suscite la peur et l'appréhension de tous ceux qui l'observent. En effet, tant que son maître ne le soumet pas, le henge demeure sauvage et indompté. Seuls Daïsuke et Okuchi-no-Makami demeurent près de moi afin de continuer la fusion de nos deux esprits.

Daïsuke, le propriétaire de la boutique, m'a rapidement expliqué le sens de mon henge et comment unir nos esprits pour former une seule force, me permettant ainsi de faire appel à elle lorsque j'en aurai besoin.

- "Voici ton familier. Nous ne pouvions pas deviner ce qui sommeillait en toi avant que son esprit ne se manifeste. Je pense qu'elle correspond à ton tempérament, mais il ne sera pas facile de la maîtriser. Nous croyons en toi, aie confiance en toi-même, nous sommes là pour t'aider."

Le familier qui résidait en moi était un kitsune. Elle se distinguait par ses neuf queues, sa fourrure blanche et dorée. Nous étions toutes les deux piégées et protégées dans le cercle tracé au sol, l'empêchant de s'échapper... Mais pourquoi cette agressivité ? Peur ou provocation ? J'avais la sensation de l'avoir déjà croisé, mais quand...

C'est au fond de ses yeux d'un bleu aussi profond que la mer que je comprit.

[Flashback]

Je viens d'une famille qui possède un sanctuaire Jinja dans la préfecture de Wakayama. Quand j'étais petite, je me suis égarée dans l'immensité de ce sanctuaire familial en pensant poursuivre des tanukis. Quand la nuit est tombée, je ne pouvais plus retrouver mon chemin. La panique montait, car je redoutais de rencontrer de mauvais Yokaïs... Ma mère m'avait tant répété de faire attention et de ne pas trop m'éloigner et je savais que j'aurais dû l'écouter.

Quand les premières larmes ont commencé à couler, c'est à ce moment-là qu'elle est apparue. Bien qu'elle prenait une forme humaine, je pouvais discerner ses oreilles pointues et sa queue néanmoins réduite par rapport à aujourd'hui. Elle portait un kimono blanc agrémenté de bandes rouges et sa longue chevelure blanche tombait gracieusement le long de son dos. Sans un mot, elle m'a pris doucement dans ses bras tout en récitant quelques mantras apaisants. Bercée par le son de sa voix et un baiser délicat sur mon front, je me suis laissée emporter par le sommeil. À mon réveil, j'étais allongée dans mon futon, me demandant si je la reverrai un jour pour la remercier de m'avoir ramener à la maison.

Ma mère m'avait sévèrement réprimandé et puni à plusieurs reprises pour prétendre avoir vu un kitsune. Fatiguée de ses tentatives pour me faire entendre raison, j'avais relégué cette histoire dans un coin de ma tête et n'y avais plus pensé jusqu'à aujourd'hui.

Aujourd'hui, elle est là, plus âgée qu'à l'époque, ses poils plus abondants et le nombre de ses queues ayant augmenté. Pendant tout ce temps, était-elle restée enfermée en moi, incapable de voir la lumière du jour ? Est-ce de ma faute si sa colère était si intense ? Mon cœur se brise à la vue de sa rancune, malgré les conseils de Daïsuke et du Loup Blanc, je cours vers elle sans prendre garde.

Le premier coup de croc est douloureux... Malgré sa tentative de me repousser, je serre les dents face à la morsure et l'entoure de mes bras. Murmurant quelques mots et le refrain du mantra qu'elle m'avait enseigné, elle se calme, me renifle et pose sa tête contre la mienne.

Une aura dorée nous enveloppe toutes les deux. Je réalise que la fusion de nos êtres commence, et ferme les yeux pour savourer ce moment de retrouvailles avec cette amie chère qui m'avait sauvé étant enfant. Aucune de nous n'ose parler, mais elle brisa le silence, sans que nous ne bougions.

"Bonjour Ayaka, comme tu as grandi... Tu es devenue si belle. Je suis Nozomi, une kitsune métisse d'une mère Bakemono et d'un père Kyuubi. Les différentes lignées de kitsune ne se mélangent généralement pas, et quand j'ai atteint l'âge adulte, j'ai été exilée. C'est pendant ma fuite que j'ai croisé ton chemin. Ton cœur était pur mais en même temps rempli de colère malgré ta jeunesse, ce qui m'a poussée à m'attacher à toi. Au début, je pouvais apparaître lorsque tu désirais me voir, mais plus tard, cela n'était plus possible. J'ai tenté de crier en toi, mais tu ne m'entendais plus. Je pensais que tu m'avais oubliée et que je ne pourrais plus jamais ressortir."

"Pardonne-moi s'il te plaît", balbutiai-je en larmes, submergée par un sentiment de culpabilité si intense que j'avais l'impression d'avoir cinq ans à nouveau.

"Ne t'inquiète pas, je suis là pour toi désormais et je resterai à tes côtés. Sois forte et n'hésite pas à faire appel à moi quand tu en auras besoin. Tu devras apprendre à contrôler les pouvoirs que je te cède lorsque je suis en toi, car les missions d'apothicaire qui nous attendent seront difficiles, et je ne voudrais pas t'épuiser avec mes pouvoirs. Nous pourrons aussi communiquer par télépathie lorsque je serai à l'intérieur de toi, mais cela nécessitera de l'entraînement. Je compte sur le Loup blanc et son Maître pour te former convenablement. Maintenant, je dois retourner en toi, n'hésite pas à utiliser mon sceau qui apparaîtra sur ta poitrine si tu as besoin de moi. À bientôt.", précisa Nozomi avant de disparaître en laissant un léchouille affectueux sur ma joue.

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