CHAPITRE 5: ENTRE L’AMOUR ET LA RIVALITE
Le matin se lève doucement sur Suzhou, baignant le lycée d’une lumière pâle, presque hésitante. Cette journée, comme tant d'autres, commence avec une apparente normalité, mais une tension subtile flotte dans l’air. Dans ce microcosme où les relations se croisent et s’entrelacent, l’amour et la rivalité, bien que souvent opposés, deviennent deux faces d’une même pièce.
Yang Li se tient près du cerisier, un livre à la main, observant les pétales roses qui tombent lentement, portés par un souffle léger. Mais ses pensées ne sont pas tranquilles. La veille, il avait senti une distance grandissante entre lui et Deng Shen, une distance qu’il ne savait comment combler. Il ferme les yeux, et une question lui traverse l’esprit, troublante mais inévitable : « Quand deux cœurs s’éloignent, est-ce par choix ou par la force des vents invisibles ? »
Non loin de là, Deng Shen marche, ses pas légers mais son regard lourd de réflexions. Elle a passé la nuit à relire les vers que Yang Li avait écrits dans leur carnet partagé, ce carnet qu’ils utilisaient parfois pour échanger des idées et des rêves. Mais cette fois, quelque chose dans ces mots semblait la confronter, l’obliger à se demander : « Suis-je une alliée dans son voyage, ou une ombre qui le suit sans savoir où aller ? »
Pendant ce temps, sur le terrain de basket, Chen Bo s’entraîne de nouveau, mais cette fois, il n’est pas seul. Li Mei, un carnet à la main, est venue l’observer. Elle lui avait demandé la veille si elle pouvait écrire un poème inspiré par son énergie sur le terrain. Au début sceptique, il avait finalement accepté, curieux de savoir ce qu’elle pourrait voir en lui.
Alors qu’il s’élance pour un panier parfait, elle note d’un geste précis :
« Dans chaque saut, il cherche à toucher le ciel, mais ce sont ses ombres au sol qui définissent son chemin. »
Chen Bo, essoufflé, remarque son regard intense. « Alors, qu’est-ce que tu écris là, Mei ? Une ode à mon génie ou une critique de mes défauts ? »
Elle sourit doucement, fermant son carnet. « Ni l’un ni l’autre. Je dirais plutôt… une tentative de capturer ce que tu ne veux pas encore voir. »
Chen Bo reste silencieux, mais ses pensées s’agitent. Dans ses éclats d’ambition, il avait rarement réfléchi à ce que les autres voyaient vraiment en lui. « Peut-être que courir n’est pas seulement fuir, mais aussi espérer qu’une lumière nous suive, »pense-t-il, sans le dire à voix haute.
Huang Lei, fidèle à lui-même, traverse le campus avec son sourire habituel, lançant des blagues et des rires partout où il passe. Mais derrière cette façade, une petite flamme d’envie brûle doucement, imperceptiblement. En voyant Chen Bo, Yang Li et même Deng Shen évoluer avec leurs passions et leurs défis, il se demande : « Et moi ? Suis-je juste l’intermède comique, ou y a-t-il un rôle plus grand qui m’attend ? »
Alors qu’il rejoint Yang Li sous le cerisier, il le surprend perdu dans ses pensées. D’un geste exagéré, il s’assoit à côté de lui et claque des mains. « Hé, Poète, tu réfléchis à quoi cette fois ? À l’amour ou à l’éternité ? »
Yang Li sourit faiblement. « Peut-être aux deux. L’amour et l’éternité ne sont-ils pas souvent la même chose ? Un désir de ne jamais perdre ce qui nous semble précieux ? »
Huang Lei, touché par ces mots malgré son attitude enjouée, répond avec une nuance qu’on ne lui connaît pas d’ordinaire. « Ou peut-être que l’éternité, c’est juste apprendre à accepter que les choses précieuses s’éclipsent… et savoir les chérir avant qu’elles ne disparaissent. »
La journée avance, mais l’air semble chargé d’émotions non exprimées. Dans les couloirs du lycée, les ombres des rivalités et des élans d’amour se croisent, silencieuses mais puissantes. Pour certains, ces sentiments sont une source de force ; pour d’autres, ils ne sont qu’un fardeau qu’ils portent sans savoir comment s’en libérer.
Deng Shen, assise seule près de la fenêtre de la bibliothèque, laisse son regard errer sur la cour en contrebas. Son cœur est lourd, tiraillé entre l’admiration qu’elle ressent pour Yang Li et une jalousie qu’elle n’arrive pas à nommer. Elle repense à Li Mei et à la complicité qu’elle semble partager avec lui. Les discussions profondes qu’ils ont, les regards qu’ils échangent, tout cela forme une toile d’inquiétudes qu’elle ne peut s’empêcher de tresser dans son esprit.
Une pensée, qu’elle aurait préféré ignorer, surgit soudainement : « Et si ce que je ressens n’était pas seulement de l’amitié, mais quelque chose que je ne peux pas avouer, même à moi-même ? »
Elle ferme les yeux, essayant de chasser cette idée, mais une autre réflexion la rattrape. « L’amour n’est-il qu’une lumière qui éclaire nos faiblesses ? Une force qui nous rend meilleurs, ou une ombre qui projette nos doutes sur les autres ? »
Dans un autre coin du lycée, un personnage jusque-là discret, An Yu, range ses livres dans son casier. Élève effacée mais observatrice, elle a toujours été témoin des dynamiques qui se jouent autour d’elle. Elle voit Deng Shen de loin, son expression fermée, et décide d’engager la conversation.
« Deng Shen, ça va ? Tu sembles ailleurs. »
Deng Shen, surprise par cette soudaine attention, hésite avant de répondre. « Je réfléchis, je suppose. Parfois, c’est difficile de savoir ce qu’on ressent vraiment. »
An Yu sourit doucement, une sagesse inhabituelle transparaissant dans ses mots. « Parfois, les sentiments les plus clairs sont ceux qu’on essaie le plus d’ignorer. Mais si tu veux vraiment comprendre ce que tu ressens, il faut peut-être arrêter de regarder les autres… et commencer à te regarder toi-même. »
Ces paroles restent en suspens, trouvant leur chemin dans l’esprit de Deng Shen, comme une graine qui commence à germer. An Yu, bien que silencieuse, semble avoir perçu dans les fissures de Deng Shen une vérité qu’elle-même peine à affronter.
De son côté, Li Mei est dans la salle d’arts plastiques, discutant avec Zhang Wei, qui l’aide à peindre une fresque pour un projet scolaire. Leur conversation est légère, mais une question inattendue surgit.
« Wei, tu crois que les gens peuvent vraiment être amis sans qu’il y ait un peu de rivalité entre eux ? » demande Li Mei, fixant son pinceau.
Zhang Wei réfléchit un moment, laissant le silence répondre avant lui. « Je crois que la rivalité peut exister sans haine, si elle nous pousse à devenir meilleurs. Mais elle peut aussi devenir un poison si elle naît de la peur plutôt que de l’admiration. »
Ces mots résonnent en Li Mei, qui pense à Yang Li et à sa propre admiration pour lui. Une question qu’elle n’ose pas formuler à voix haute la hante : « Et si mon admiration pour lui n’était qu’une façade pour cacher quelque chose de plus profond ? »
Pendant ce temps, Chen Bo s’arrête près de la fontaine, où plusieurs élèves se regroupent pour discuter. Parmi eux se trouve Sun Jie, un garçon dont la réputation de générosité contraste avec sa volonté de rester en retrait. Sun Jie remarque immédiatement l’air préoccupé de Chen Bo.
« Bo, tout va bien ? Tu sembles plus silencieux que d’habitude, » lui dit Sun Jie avec une gentillesse désarmante.
Chen Bo hausse les épaules. « Tout va bien. Juste… des choses à penser. »
Sun Jie, avec une simplicité désarmante, répond : « Parfois, penser trop nous éloigne des réponses. Pourquoi ne pas juste laisser les choses être, pour une fois ? »
Chen Bo sourit faiblement, mais une idée germe en lui : « Et si ma rivalité, que je croyais dirigée vers les autres, était en réalité une lutte constante avec moi-même ? »
Deng Shen, après avoir quitté la bibliothèque, se dirige vers le parc à l’arrière du lycée. Là, elle retrouve Yang Li, assis sous leur cerisier habituel. Leurs regards se croisent, et pendant un instant, aucun mot n’est échangé. Mais dans ce silence, une tension douce-amère flotte entre eux.
Yang Li, brisant finalement le silence, demande doucement : « Shen, est-ce que tu crois que l’amour peut exister sans peur ? Sans cette crainte de perdre ou de ne pas être assez ? »
Ces mots touchent une corde sensible chez Deng Shen, qui répond après un long moment. « Peut-être que l’amour, comme la lumière, a besoin de l’ombre de la peur pour briller. Mais parfois, cette ombre devient si grande qu’on oublie la lumière qu’elle projette. »
Yang Li hoche la tête, pensif, et un faible sourire se dessine sur son visage. Mais dans son cœur, une question qu’il n’ose pas poser persiste : « Et si ce que je ressens pour Shen allait au-delà de l’amitié, mais que je ne sais pas comment le lui dire ? »
Le ciel, maintenant voilé d’un gris mélancolique, se penche sur le lycée. Les couloirs, bien que familiers, semblent aujourd’hui porter un poids supplémentaire, une tension invisible qui s’infiltre dans chaque recoin, chaque cœur. Les élèves poursuivent leurs activités, mais certains portent des fardeaux qu’aucun mot ne semble pouvoir alléger. Peu à peu, une tristesse émotionnelle commence à imprégner les relations qui définissent leurs vies.
Deng Shen, assise près de la fenêtre de la bibliothèque, laisse son regard dériver vers la cour, où Yang Li discute avec Li Mei. Leur échange paraît animé, ponctué de rires discrets. Mais à mesure qu’elle les observe, son cœur se serre. Elle ne peut empêcher une vague de jalousie de l’envahir, une émotion qu’elle n’a jamais su comment gérer. « Pourquoi, »se demande-t-elle, « est-ce que l’amour nous pousse parfois à envier ceux que nous devrions soutenir ? »
Elle ferme les yeux, ses pensées tourbillonnant comme des feuilles prises dans une tempête. Une réflexion douloureuse émerge, brutale mais honnête : « Peut-être que je suis en train de perdre quelqu’un que je n’ai jamais vraiment eu. »
Sur le terrain de basket du lycée, Chen Bo s’entraîne seul, ses mouvements plus précipités que d’habitude. Chaque dribble résonne comme un écho de ses pensées agitées. Les mots échangés avec Deng Shen plus tôt dans la journée résonnent encore dans sa tête, tout comme la vérité qu’il n’ose pas confronter : il s’est rendu compte qu’il admirait non seulement ses capacités artistiques, mais aussi sa personnalité. Pourtant, il ne sait pas comment exprimer ce qu’il ressent.
Alors qu’il s’élance pour un panier, il manque son tir, un événement rare qui trahit son trouble intérieur. Il s’arrête, essoufflé, et murmure pour lui-même : « Pourquoi est-ce que je ne peux jamais être à la hauteur… même pour moi-même ? »
De loin, Sun Jie l’observe, une inquiétude se dessinant sur son visage. Il hésite, puis s’approche lentement.
« Bo, tu sais que même les meilleurs joueurs manquent parfois leur tir, non ? » dit-il doucement.
Chen Bo le regarde, ses yeux brillants d’émotions qu’il s’efforce de contenir. « Ce n’est pas le tir, Jie. C’est juste que… peu importe combien j’essaie, j’ai l’impression que ce n’est jamais assez. Pour personne. »
Sun Jie, avec une sincérité paisible, répond : « Peut-être que ce n’est pas une question d’être assez pour les autres. Peut-être que c’est juste une question d’être assez pour toi-même. »
Ces mots, bien que simples, s’enracinent profondément dans l’esprit de Chen Bo, comme une lumière vacillante dans l’obscurité.
Dans un coin plus reculé du lycée, Huang Lei s’est assis sur un banc, un sourire épuisé sur les lèvres. Il observe les interactions autour de lui — Yang Li et Li Mei, Deng Shen seule près de la fenêtre, Chen Bo sur le terrain — et, pour la première fois, il se sent invisible au milieu de leurs histoires.
« Pourquoi est-ce que je me sens comme une note de bas de page dans le livre des autres ? » murmure-t-il. Mais, comme à son habitude, il chasse cette pensée avec une blague qu’il se dit à lui-même. Pourtant, au fond de lui, il sait que son humour n’est qu’un écran. Une autre pensée, plus sincère, émerge : « Peut-être que le rôle du clown est de sourire pour cacher les larmes des autres… mais qui va cacher les miennes ? »
Dans la salle de littérature, Yang Li reste assis après la fin du cours, le carnet de Li Mei encore ouvert devant lui. Ses yeux fixent la dernière phrase qu’elle a écrite :
« Les cœurs qui se cherchent finissent toujours par se trouver. »
Ces mots le troublent plus qu’il ne veut l’admettre. Ses pensées le ramènent à Deng Shen, à leurs conversations sous le cerisier, à sa présence constante et rassurante. Il se demande : « Est-ce que je l’ai toujours vue comme une amie, ou est-ce que j’ai ignoré quelque chose de plus profond par peur de ce que cela pourrait signifier ? »
Il ferme le carnet avec un soupir et se lève. Mais dans son cœur, une question persiste, lourde et inexprimée : « Et si ce que nous n’avons jamais dit devenait le mur qui nous sépare ? »
Alors que la lumière du jour commence à décliner, le lycée semble baigné d’une atmosphère encore plus lourde qu’auparavant. Dans chaque couloir et chaque coin, des histoires silencieuses continuent de se dérouler, et des personnages jusque-là en retrait trouvent leur place dans cette toile complexe d’émotions entrelacées.
Sun Jie, l’élève apprécié pour sa gentillesse et sa capacité à aider les autres, se tient seul près de la fontaine du lycée. Il observe les élèves interagir, un sourire doux sur ses lèvres, mais son regard semble porter une nostalgie indéfinissable. Il repense à sa propre place dans cette communauté. Lui, toujours là pour apaiser les tensions, pour écouter les doutes des autres, commence à ressentir une solitude particulière : « Aider les autres, c’est comme construire des ponts pour des rivières qu’on ne traverse jamais soi-même, » pense-t-il.
Il est rejoint par An Yu, qui, ayant remarqué son isolement, s’approche discrètement. « Jie, tu as l’air pensif. »
Sun Jie hoche la tête, esquissant un sourire. « Je me demande juste… si quelqu’un remarquera un jour quand moi, j’ai besoin d’aide. »
Ces mots touchent An Yu, qui répond après un instant : « Parfois, les plus grands cœurs sont aussi les plus lourds à porter. Peut-être que tu devrais t’autoriser à être celui qu’on soutient, pour une fois. »
Cette pensée reste suspendue dans l’air, et Sun Jie, bien qu’il ne dise rien, sent un poids en lui se déplacer, imperceptiblement mais sûrement.
An Yu, cette élève discrète mais observatrice, se dirige ensuite vers la salle d’arts plastiques, où Zhang Wei termine de travailler sur une maquette. Elle l’observe de loin avant d’oser entrer. Zhang Wei, habitué à travailler seul, est surpris par sa présence.
« Besoin d’aide pour quelque chose ? » demande-t-il poliment, bien que légèrement confus.
An Yu secoue doucement la tête, avant de murmurer : « Pas vraiment. Je voulais juste te dire que ton travail est incroyable. »
Zhang Wei sourit légèrement, reconnaissant. « Merci. Tu sais, je travaille souvent seul parce que j’ai l’impression que si je n’excelle pas, personne ne me remarquera. »
An Yu s’assied en face de lui, le regard sincère. « Peut-être que tu n’as pas besoin d’exceller pour être vu. Peut-être que tu es déjà assez, même si tu ne le réalises pas encore. »
Ces mots frappent Zhang Wei comme une vérité qu’il n’avait jamais envisagée, et pour la première fois, il se demande si son besoin de reconnaissance n’est pas, en réalité, un reflet de ses propres doutes.
Dans un coin ombragé de la cour, Huang Lei se trouve seul, son sourire caractéristique ayant laissé place à une expression plus sérieuse. Toute la journée, il a observé les interactions autour de lui, remarquant la manière dont les relations entre ses camarades évoluent.
Il rit doucement, mais c’est un rire amer. « Qu’est-ce qu’un clown sans son public ? » murmure-t-il.
Deng Shen, passant non loin, entend ses mots et s’arrête. Elle l’observe un instant avant de lui dire : « Peut-être que le clown n’est pas défini par son public, mais par la vérité qu’il cache derrière ses sourires. »
Huang Lei relève les yeux vers elle, surpris par cette réponse inattendue. « Et si la vérité était qu’il n’y a rien derrière ? Que tout ce que je suis, c’est ce sourire ? »
Deng Shen, touchée par sa vulnérabilité, répond doucement : « Alors peut-être qu’il est temps de montrer à tout le monde ce qui se cache derrière. Même si c’est imparfait, c’est toujours toi. »
Dans un autre coin du lycée, Li Mei se trouve seule, son carnet ouvert devant elle. Elle relit les phrases qu’elle a écrites au fil des jours, des pensées sur Yang Li, sur la manière dont il la pousse à réfléchir plus profondément, mais aussi sur ses propres insécurités.
Elle se demande : « Admiration ou rivalité ? Pourquoi ces deux émotions semblent-elles toujours se mélanger quand il s’agit de lui ? »
Zhang Wei passe près d’elle et, voyant son expression concentrée, s’assoit à ses côtés. « Mei, tu écris encore ? »
Elle hoche la tête. « Oui… mais parfois, j’ai l’impression que mes mots ne suffisent pas à exprimer ce que je ressens. »
Zhang Wei réfléchit avant de répondre. « Peut-être que les mots ne sont que des ponts. Ils ne nous emmènent pas toujours là où on veut aller, mais ils nous rapprochent de quelque chose d’important. »
Ces paroles font écho dans l’esprit de Li Mei, et elle ajoute dans son carnet : « Les mots ne sont pas parfaits, mais ils nous rappellent qu’essayer de comprendre est déjà un acte de courage. »
Le crépuscule s’installe doucement, plongeant le lycée dans une lumière douce mais mélancolique. Les couloirs, bien que calmes, portent encore l’écho des discussions et des non-dits de la journée. Au fur et à mesure que le jour s’efface, les pensées des élèves deviennent plus lourdes, plus pressantes, comme si la nuit apportait avec elle la vérité qu’ils ont évité de confronter.
Sun Jie et An Yu : le poids du don de soi
Sun Jie, toujours près de la fontaine, s’est assis sur un banc, sa tête penchée vers le sol. An Yu, qui l’a rejoint plus tôt, reste à ses côtés. Aucun mot n’est échangé pendant un long moment, mais le silence entre eux n’est pas vide. C’est une compréhension tacite, une reconnaissance mutuelle des luttes qu’ils cachent.
An Yu finit par parler, sa voix douce mais ferme. « Jie, tu penses que les gens remarquent vraiment ce qu’on fait pour eux, ou est-ce qu’on finit juste par être un arrière-plan dans leur histoire ? »
Sun Jie lève les yeux, un faible sourire sur les lèvres. « Peut-être que c’est notre rôle. Être des piliers invisibles. Mais parfois, j’aimerais juste que quelqu’un voie le poids que c’est de tenir tout ça ensemble. »
An Yu hoche la tête, touchée par sa confession. « Peut-être que tu n’as pas besoin d’être un pilier. Peut-être que tu as juste besoin d’être quelqu’un. Pas un soutien, pas un héros. Juste toi. »
Ces mots résonnent profondément en Sun Jie, laissant un sentiment à la fois douloureux et libérateur.
Huang Lei : le rôle qu’il n’a jamais choisi
Dans la cour, sous les lampadaires vacillants, Huang Lei marche seul, son sourire habituel remplacé par une expression d’intense réflexion. Toute la journée, il a regardé ses amis, leurs interactions, leurs luttes, et pour la première fois, il se sent profondément étranger à eux. Pourtant, ce sentiment ne vient pas de l’absence d’affection, mais de la conviction qu’il a un rôle à jouer qu’il ne comprend pas encore.
Il s’arrête soudain, levant les yeux vers le ciel étoilé. « Peut-être que tout ce que je suis, c’est une pause dans leurs histoires. Une parenthèse qu’ils oublient dès qu’ils tournent la page. »
Mais une autre pensée, plus sombre, s’insinue. « Et si ma place était d’être celui qui s’efface pour que les autres brillent ? »
Huang Lei, perdu dans ces réflexions, sent une lourdeur qu’il n’avait jamais connue auparavant.
Deng Shen et le poids de la jalousie
Dans une salle de classe vide, Deng Shen est seule, son carnet de croquis ouvert devant elle. Les dessins, d’habitude si fluides et expressifs, semblent aujourd’hui rigides, comme si ses pensées refusaient de prendre forme. Elle repense à Yang Li et à ses moments partagés avec Li Mei. Chaque sourire qu’il lui adresse, chaque mot qu’ils échangent, résonnent dans l’esprit de Deng Shen comme une cloche obsédante.
Elle murmure doucement : « Pourquoi est-ce que l’amour ressemble parfois à une bataille qu’on ne peut jamais gagner ? »
Une autre pensée, plus sombre, émerge, qu’elle ne peut ignorer. « Et si je n’étais pas assez pour lui ? Et si, peu importe ce que je fais, je ne suis qu’une ombre dans sa lumière ? »
Deng Shen, envahie par un tourbillon d’émotions, referme brusquement son carnet, ses doigts tremblant légèrement. Une colère froide commence à s’installer, alimentée par sa jalousie et son propre sentiment d’inadéquation. Mais sous cette colère, une tristesse plus profonde la ronge, une peur qu’elle ne peut nommer.
Chen Bo et le reflet d’une rivalité intérieure:
Sur le terrain de basket, Chen Bo, pourtant d’ordinaire si sûr de lui, semble aujourd’hui troublé. Chaque dribble est plus lent, chaque tir plus incertain. Il repense aux paroles de Sun Jie plus tôt dans la journée, à cette idée qu’il pourrait jouer pour lui-même, et non pour prouver quelque chose aux autres.
Mais une autre pensée le hante, qu’il n’a jamais osé formuler : « Et si, en fin de compte, je ne suis pas assez ? Et si ma passion n’est qu’un moyen de cacher ce vide que je ressens ? »
Chen Bo s’arrête, le ballon dans les mains. Il fixe le panier, mais au lieu de tirer, il le laisse simplement tomber au sol. « Peut-être que ce que je poursuis n’est pas un rêve, mais une ombre, » murmure-t-il.
La journée touche à sa fin, mais pour chacun d’eux, les émotions restent à vif, comme des vagues qui continuent de déferler bien après la tempête. Les relations, bien qu’interconnectées, semblent s’effilocher doucement, laissant place à des questions sans réponse et à des vérités qu’ils ne sont pas encore prêts à affronter.
Et ainsi, dans la lumière mourante du jour, chaque cœur au lycée reste suspendu dans ses propres luttes invisibles. L’amour, la jalousie et les non-dits tissent une toile fragile, prête à céder sous le poids des émotions. Pourtant, dans cette tension silencieuse, une vérité persiste : parfois, ce qui nous rapproche peut aussi nous briser, et ce qui nous éloigne peut être l’étincelle qui nous fait avancer. Mais jusqu’où les cœurs brisés peuvent-ils encore battre avant de perdre leur éclat ?
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