CHAPITRE 11 : AU BORD DU PARDON
Le ciel est voilé de nuages gris, comme si même la nature portait le poids des vérités révélées. Yang Li reste dans sa chambre, les bras croisés sur son bureau, son carnet ouvert devant lui, mais vide. Cette fois, il ne cherche pas à écrire. Ce qu’il ressent est trop grand, trop lourd pour se réduire en mots. Les larmes qui avaient coulé la nuit précédente semblent s’être taries, mais le vide qu’elles ont laissé demeure.
Il regarde son reflet dans le miroir, son visage fatigué marqué par l’insomnie. Les pensées tourbillonnent dans son esprit : les moments heureux passés avec Deng Shen, la trahison, et cette confession qui continue de résonner dans sa tête. « La colère est un feu, » pense-t-il, « mais si on le nourrit trop longtemps, il finit par tout dévorer, y compris nous-mêmes. »
Pourtant, malgré cette réflexion, il sent que ce feu n’est pas prêt à s’éteindre. « Comment puis-je lui pardonner ? » murmure-t-il, bien que personne ne soit là pour l’entendre. « Peut-être qu’elle est désolée, mais le mal est fait. »
Il se détourne du miroir et referme son carnet. Mais au fond de lui, une autre pensée commence à émerger, timide mais insistante : « Le pardon, ce n’est pas pour elle. C’est pour moi. »
Pendant ce temps, Li Mei arrive chez Yang Li. Elle avait remarqué son absence au lycée et avait décidé qu’il était temps de lui parler. Après quelques instants d’hésitation, elle frappe doucement à la porte de sa chambre.
« Entre, » dit Yang Li, sa voix basse et un peu rauque.
Li Mei entre, portant avec elle une présence rassurante, presque apaisante. Elle s’assied sur une chaise près du lit, observant son ami avec attention. « Je sais que quelque chose te pèse, Li. Tu veux en parler ? »
Yang Li reste silencieux un instant, mais le regard sincère de Li Mei finit par percer ses défenses. « Shen m’a avoué ce qu’elle a fait, » dit-il finalement, sa voix remplie de douleur et d’amertume.
Li Mei hoche doucement la tête, sans surprise. « Je m’en doutais. Elle est venue me voir hier. Elle est dévastée par ce qu’elle a fait. »
Yang Li détourne le regard, une colère mêlée de tristesse s’infiltrant dans ses mots. « Elle aurait dû penser à ça avant. Ce qu’elle a fait, ce n’est pas quelque chose que l’on peut simplement effacer avec des excuses. »
Li Mei, patiente mais ferme, répond doucement : « Tu as raison. Ce qu’elle a fait est grave. Mais je crois qu’elle est sincère. Elle sait qu’elle a brisé ta confiance, et elle ne s’attend pas à ce que tu lui pardonnes tout de suite. Mais peut-être que tu peux voir au-delà de ce moment. Elle n’est pas seulement ce qu’elle a fait. Elle est aussi tout ce que vous avez partagé. »
Yang Li se tait, ses pensées s’affrontant dans un tumulte intérieur. D’un côté, il se sent encore trahi, mais de l’autre, les paroles de Li Mei réveillent un souvenir de la Deng Shen qu’il a connue, celle qui lui avait toujours été un pilier.
Après un long moment, il murmure : « Shen est une bonne personne... mais elle s’est perdue. »
Li Mei sourit légèrement, voyant un éclat d’ouverture dans ses mots. « Nous nous perdons tous parfois. Mais ce qui compte, c’est si nous choisissons de retrouver notre chemin. Et Shen essaie de le faire. Peut-être qu’elle a juste besoin de savoir que tu vois encore en elle quelqu’un de digne. »
Yang Li inspire profondément, ses émotions toujours mêlées, mais une petite étincelle de réflexion commence à luire dans son esprit.
Li Mei était partie, laissant Yang Li seul avec ses pensées. La pièce semblait soudain plus grande, et pourtant plus oppressante. Ses émotions s’entremêlaient, comme des vagues incontrôlables : la colère, la tristesse, la confusion, mais aussi un mince rayon d’espoir, fragile et vacillant. « Peut-on vraiment reconstruire un pont dont les piliers ont été érodés par le temps et la trahison ? » pensa-t-il. Mais une autre voix, plus douce, s’éleva dans son esprit : « Peut-être que les ponts les plus forts sont ceux qui ont été reconstruits avec soin. »
Deng Shen, de son côté, avançait lentement en direction de chez Yang Li, tenant dans sa main la lettre qu’elle avait écrite. Chaque pas semblait un défi, chaque respiration un poids. Elle murmurait à elle-même, comme pour se donner du courage : « Les excuses ne guérissent pas les blessures, mais elles peuvent empêcher l’infection de s’étendre. » Et pourtant, une part d’elle-même doutait encore : « Si mes mots sont rejetés, si ma présence aggrave sa douleur, serais-je en train de creuser ma propre tombe ? »Mais une autre réflexion, teintée de positivité, vint contrer cette peur : « Même si mes mots ne suffisent pas, ils seront une pierre dans la fondation de ce que je veux réparer. »
Quand elle arriva devant la porte, elle hésita un moment, ses doigts tremblant légèrement alors qu’elle levait la main pour frapper. Elle repensa aux rires qu’ils avaient partagés, aux moments de complicité, à ces instants où tout semblait si simple et pur. « Pourquoi les souvenirs heureux deviennent-ils si lourds lorsque le présent est brisé ? » murmura-t-elle avant de frapper doucement.
Yang Li ouvrit la porte, son visage neutre, mais ses yeux reflétant une tempête d’émotions. Il ne dit rien et se contenta de la regarder, comme s’il cherchait à comprendre pourquoi elle était là. Deng Shen baissa les yeux un instant avant de lever la lettre, ses mains tremblantes. « Je voulais… te donner ça, » dit-elle, sa voix fragile mais sincère.
Il prit la lettre sans un mot, la tenant entre ses mains comme si elle pesait des tonnes. La tension entre eux était palpable, presque suffocante. Deng Shen continua, sa voix brisée par l’émotion : « Je sais que rien de ce que je dis ou fais ne pourra effacer ce que j’ai fait. Mais je voulais que tu saches que je suis prête à tout pour réparer, même si je sais que je ne le mérite pas. »
Yang Li inspira profondément, ses émotions luttant pour trouver une issue. Il fixa Deng Shen, et enfin, il parla, d’une voix calme mais remplie d’une peine visible : « La confiance, Shen, ce n’est pas quelque chose que l’on peut simplement ramasser comme une pierre tombée. C’est comme un vase brisé… même si on le recolle, les fissures restent visibles. »
Ces mots frappèrent Deng Shen avec une intensité presque physique, mais elle hocha doucement la tête. « Je sais. Mais je suis prête à vivre avec ces fissures si cela signifie que je peux encore rester près de toi. » Une larme coula sur sa joue, mais elle ne la retint pas. « Même si je dois attendre des années pour que tu puisses me pardonner, je continuerai à essayer. »
Yang Li ferma les yeux un instant, sentant sa colère et son chagrin se mêler en une vague indistincte. « Tu sais, Shen, je veux croire que tu es une bonne personne. Mais aujourd’hui, je ne peux pas. Je ne peux pas juste oublier ce que tu as fait. »
Le silence qui suivit fut plus lourd que les mots eux-mêmes. Deng Shen recula d’un pas, comprenant que sa présence ajoutait peut-être à sa souffrance. « Je comprends, » murmura-t-elle. « Je vais te laisser. Mais sache que je ne te blâmerai jamais si tu ne peux pas me pardonner. Parce que le seul blâme ici, c’est le mien. »
Lorsqu’elle tourna le dos et s’éloigna, Yang Li la regarda partir, serrant toujours la lettre dans sa main. Il pensa : « Pourquoi le pardon semble-t-il parfois aussi inatteignable que les étoiles ? Et pourtant, même les étoiles, on peut les contempler, même si on ne peut les toucher. »
Cette rencontre laissa une marque indélébile dans leur cœur. Deng Shen, malgré la douleur du rejet, sentit une étrange forme de sérénité naître en elle. « La rédemption, » se dit-elle, « est un chemin solitaire, mais je marcherai sur cette route jusqu’à ce que mes jambes ne puissent plus avancer. »
Yang Li, quant à lui, referma doucement la porte. Il posa la lettre sur son bureau, mais ne l’ouvrit pas tout de suite. « Parfois, il faut laisser les mots respirer avant de les affronter, » pensa-t-il en s’asseyant près de la fenêtre, observant les nuages se dissiper lentement.
Les deux âmes, bien que séparées par leurs douleurs respectives, semblaient commencer à comprendre que même dans le chaos, il y avait une forme d’ordre cachée, une logique que le temps seul pouvait révéler. Les cicatrices, bien qu’encore vives, portaient en elles le potentiel de devenir des marques de croissance, plutôt que des vestiges de destruction.
Le silence régnait dans la pièce de Yang Li, un silence presque assourdissant, interrompu seulement par le bruissement du vent contre les fenêtres. Il se leva pour s’approcher du bureau où reposait la lettre de Deng Shen. Ce bout de papier semblait contenir un poids bien supérieur à sa taille. Il hésitait à l’ouvrir, comme si les mots écrits à l’intérieur portaient la puissance de raviver ses blessures ou de les cautériser. « Les mots, se dit-il, ne sont ni de simples outils ni de simples armes. Ce sont des graines. Et une fois plantées, elles peuvent nourrir comme elles peuvent empoisonner. »
Mais cette réflexion était teintée de méfiance. « Si je lis ces mots, continua-t-il, est-ce que je permets au poison de croître ou à une fleur d’émerger ? » Il secoua la tête, incapable de trancher, laissant la lettre là, comme une ombre menaçante sur son bureau.
Pendant ce temps, Deng Shen marchait lentement dans une rue bordée de cerisiers dénudés. Chaque arbre lui rappelait une part de ses souvenirs avec Yang Li, ces moments passés sous la lumière douce du printemps, où les pétales semblaient tomber pour leur offrir un cocon de paix et d’insouciance. Maintenant, ces mêmes arbres se dressaient froids et nus, comme des témoins silencieux d’un lien brisé. Elle serra les bras autour d’elle-même, cherchant une chaleur qui ne venait pas. « Pourquoi, pensa-t-elle, les souvenirs heureux pèsent-ils parfois plus lourd que les regrets ? »
Elle se força à répondre à sa propre question : « Parce que les souvenirs sont des promesses, et que les regrets sont la preuve de leur trahison. Mais peut-être, murmura-t-elle, que les souvenirs peuvent aussi devenir des phares, nous guidant vers ce que nous avons perdu. »
Dans cette dualité entre espoir et désespoir, Deng Shen trouva une étrange forme de confort. Elle savait que Yang Li ne lui pardonnerait pas immédiatement, et peut-être jamais. Mais elle acceptait cette incertitude comme une vérité immuable. Elle pensa : « Si le pardon est une flamme, alors je dois être prête à m’y brûler pour ressentir sa chaleur. »
De retour chez lui, Yang Li sortit sur le balcon, cherchant à calmer le tumulte de ses pensées. La ville s’étendait devant lui, ses lumières scintillant comme un rappel de l’immensité de tout ce qu’il ne comprenait pas encore. « Peut-on vraiment réparer ce qui est brisé ? » se demanda-t-il, l’écho de sa voix se perdant dans le vide. Mais dans cet instant de vulnérabilité, une autre pensée surgit, inattendue mais persistante : « Peut-être que ce n’est pas une question de réparation. Peut-être que certaines choses ne sont pas destinées à être recollées, mais réinventées. »
Cette idée, bien qu’incomplète, le laissa pensif. Il savait qu’il ne pouvait pas tourner la page comme si de rien n’était, mais il savait aussi que rester enfermé dans sa colère le consumait peu à peu. Le pardon lui semblait toujours hors de portée, mais il commençait à comprendre qu’il devait au moins essayer de trouver un moyen de vivre avec ce qu’il ressentait.
Alors que la nuit avançait, Deng Shen, assise sur le sol de sa chambre, relisait un poème qu’elle avait écrit bien avant que tout ne bascule. Les mots résonnaient en elle avec une force nouvelle :
« Les rivières ne retournent jamais à leur source. Mais elles ne cessent jamais d’avancer, sculptant le monde autour d’elles. »
Elle ferma les yeux, laissant ces mots pénétrer profondément en elle. « Peut-être que je ne peux pas revenir en arrière, pensa-t-elle, mais je peux encore avancer. »
Dans cet équilibre fragile entre leurs pensées, Deng Shen et Yang Li continuaient d’explorer leurs émotions respectives, chacun à leur manière. Le pardon, bien qu’encore lointain, semblait se profiler comme une possibilité, non pas une certitude, mais une lueur dans l’obscurité. Ils comprenaient tous deux, bien que différemment, que les cicatrices, aussi visibles soient-elles, portent parfois les histoires les plus importantes, celles qui définissent la manière dont nous avançons dans le monde.
Le vent soufflait doucement contre la fenêtre de Yang Li, comme une berceuse récalcitrante destinée à apaiser un esprit réfractaire. Il ouvrit la lettre de Deng Shen avec une lenteur calculée, comme si le simple acte de dévoiler ces mots pouvait réveiller quelque chose qu’il n’était pas encore prêt à affronter. Les phrases, griffonnées dans une écriture tremblante, étaient un mélange d’excuses, de regrets et d’espoir ténu. Chaque mot semblait peser sur sa poitrine, chaque ligne aggravait la lourdeur qui s’y logeait déjà.
Il murmura dans un soupir : « Les mots peuvent demander pardon, mais ils ne peuvent en réparer les conséquences. » Pourtant, une autre pensée surgit, s’immisçant dans cette conviction sombre : « Mais les mots sont une invitation, une main tendue dans le vide, qui demande à être prise, même si cela semble impossible. »
Deng Shen, de retour dans sa chambre, fixait un carnet ouvert sur ses genoux, où les pages blanches semblaient lui demander de combler leur silence. Mais ses mains restaient immobiles, comme si écrire était un luxe qu’elle ne pouvait pas encore s’autoriser. Ses propres mots résonnaient encore dans sa tête, cette lettre qu’elle avait confiée à Yang Li, et qui lui semblait maintenant à la fois insuffisante et trop audacieuse. « Pourquoi les mots écrits semblent-ils si forts dans l’instant, et si faibles une fois confiés à leur destinataire ? » pensa-t-elle, sa poitrine se serrant.
Elle tourna son regard vers la fenêtre, où les premières étoiles se montraient timidement dans le ciel nocturne. « Les étoiles brillent, mais elles portent aussi les marques de leur propre combustion, » murmura-t-elle, presque pour elle-même. « Peut-être que nous brillons malgré nos blessures, et non en leur absence. » Cette pensée, bien que réconfortante, portait en elle une teinte d’incertitude. « Mais combien de lumière peut encore exister, lorsque la douleur occupe toute la place ? »
Yang Li referma la lettre, ses doigts restant un instant posés sur le papier comme s’il espérait que le contact prolongé puisse révéler un sens caché. Il se leva et marcha jusqu’à la fenêtre de sa chambre, contemplant les lumières de la ville qui pulsaient dans le lointain. « Chaque lumière est un écho, » pensa-t-il, « un rappel que l’obscurité n’est jamais totale. Mais qu’arrive-t-il si l’écho s’éteint avant d’atteindre son destinataire ? »
Les mots de Deng Shen, malgré leur sincérité évidente, laissaient en lui un vide plus grand encore. Non pas parce qu’ils manquaient de poids, mais parce qu’ils ajoutaient une nouvelle complexité à une blessure déjà difficile à comprendre. « Peut-on vraiment réparer quelque chose qui n’est plus entier ? » pensa-t-il. Puis une autre réflexion, plus douce, plus hésitante, s’immisça : « Peut-être que réparer, ce n’est pas retrouver ce qui était, mais apprendre à vivre avec ce qui reste. »
De l’autre côté de la ville, Deng Shen finit par poser son carnet sur sa table de chevet, toujours vierge. Elle se promit, cependant, que le lendemain serait différent. « Les regrets sont une rivière, pensa-t-elle, mais même les rivières trouvent leur chemin, quelles que soient les pierres qui tentent de les arrêter. »
Ce moment suspendu dans la nuit, où leurs pensées semblaient se répondre sans qu’ils le sachent, marqua une étape cruciale dans leur combat intérieur. Deng Shen se préparait à un nouveau jour, non pas avec la certitude d’être pardonnée, mais avec la conviction que ses efforts comptaient. Yang Li, quant à lui, sentait sa colère se transformer, non en acceptation, mais en une curiosité douloureuse : celle de comprendre pourquoi il ressentait encore ce lien malgré tout. Les ombres du pardon planaient autour d’eux, ni trop proches, ni tout à fait hors de portée, comme des fragments d’étoiles tombées du ciel.
La nuit semblait plus profonde que d’habitude, comme si son obscurité cherchait à emprisonner tout sentiment d’apaisement ou de libération. Deng Shen, allongée sur son lit, fixait le plafond d’un regard vacant. Les ombres dansaient doucement sur les murs de sa chambre, reflets des branches agitées par le vent. Chaque mouvement, chaque souffle, semblait lui murmurer des regrets. Elle pensait à Yang Li, à ses mots, à son silence lourd. « L’amour ne devrait pas survivre à une trahison, » se dit-elle, « mais parfois, il persiste, déformé, comme une fleur qui pousse dans les cendres. »
Yang Li, assis sur le sol de sa chambre, tenait toujours la lettre de Deng Shen dans ses mains. La lire n’avait pas apaisé son esprit, mais avait rendu ses pensées encore plus tumultueuses. La colère qu’il croyait avoir dissipée resurgissait par vagues, entrecoupées de souvenirs qui refusaient de se taire. « Comment peut-on haïr quelqu’un pour ses erreurs, et pourtant continuer à l’aimer pour tout ce qu’il a été ? » pensa-t-il. Ce paradoxe le hantait, le piégeant entre sa peine et ses espoirs déchus.
Deng Shen se leva soudain, incapable de rester immobile. Elle s’approcha de sa fenêtre et regarda les lumières tremblantes au loin, chaque éclat semblant contenir une parcelle d’espoir, aussi infime soit-elle. Mais ces pensées positives étaient vite éclipsées par des doutes. « Et si l’espoir n’était qu’un mensonge que l’on se raconte pour supporter ce que l’on sait impossible ? » murmura-t-elle, une larme solitaire glissant sur sa joue. Pourtant, cette même larme portait une étrange chaleur, comme si elle lavait doucement son cœur.
Yang Li, de son côté, se battait contre une tempête intérieure qu’il ne savait pas comment dompter. « Le regret, pensa-t-il, est un poison lent. Il ronge tout sur son passage, même les bons souvenirs. » Mais dans ce constat douloureux, une autre vérité émergea : « Et pourtant, le regret peut aussi être une leçon, un rappel constant de ce que nous devons protéger à l’avenir. »
Deng Shen s’assit au bord de son lit, la tête entre les mains. Elle se rappela les jours où la jalousie s’était insinuée dans son cœur, transformant l’admiration en ressentiment. Elle murmura doucement : « L’envie est un feu qui brûle silencieusement. Mais le problème, c’est que ce feu finit toujours par nous consumer avant même qu’on ne s’en rende compte. »
Yang Li leva les yeux vers le miroir, comme pour chercher des réponses dans son propre reflet. Mais tout ce qu’il vit, ce fut un visage fatigué, marqué par les nuits sans sommeil. « Peut-être que le pardon n’est pas fait pour la paix, » pensa-t-il. « Peut-être est-il destiné à nous rappeler que la souffrance que l’on endure pour pardonner est une preuve que nous avons encore la capacité d’aimer. »
Dans ce mélange de réflexions, de douleurs et d’instants d’espoir, une chanson muette se forma, tissée par leurs âmes séparées mais liées. Chaque mot semblait naître de leur tristesse, leur culpabilité, et cette flamme improbable qu’ils refusaient d’éteindre.
La chanson parallèle de Deng Shen et Yang Li :
Deng Shen : Dans l’ombre de mes fautes, je cherche la lumière.
Yang Li : Dans l’ombre de la trahison, l’amour reste amer.
Deng Shen : Le regret est une rivière qui me submerge sans fin.
Yang Li : Le pardon est un chemin que je ne trouve pas enfin.
Deng Shen : Si mes mots sont des braises, puissent-ils raviver la flamme.
Yang Li : Mais le feu d’une cicatrice ne se calme pas par une âme.
Deng Shen : Je pleure l’amour que j’ai détruit de mes propres mains.
Yang Li : Je pleure les souvenirs, mais ils ne reviennent pas demain.
Deng Shen : Chaque larme que je verse est une note que je chante.
Yang Li : Chaque larme sur ma joue est une vérité poignante.
Deng Shen : Pardonne-moi, même si je ne peux jamais l’exiger.
Yang Li : Regarde-moi, mais je ne peux ni aimer ni rejeter.
Deng Shen : L’espoir est une prison, mais je refuse de m’y noyer.
Yang Li : L’amour est une chaîne, que mes blessures ne peuvent délier.
Deng Shen : Si je pouvais un jour effacer ces heures sombres…
Yang Li : Mais le passé est un fantôme que le présent encombre.
Deng Shen et Yang Li, en écho silencieux, laissèrent leurs cœurs répondre aux silences entre chaque phrase. Les étoiles au-dessus d’eux semblèrent briller un peu plus fort, comme si elles pleuraient avec eux, offrant une lumière douce à leurs âmes endolories. La chanson se termina, non pas sur une note de fin, mais sur une pause, laissant l’histoire en suspend, là où le pardon et l’amour semblaient vouloir coexister, même dans leurs contradictions.
Comment reconstruire ce qui a été brisé, lorsque chaque pas en avant semble alourdi par le poids des souvenirs et des cicatrices encore fraîches, mais où persiste une lumière ténue d’espoir dans l’obscurité ?
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