S15 : Les trains ne sifflent plus
Les trains ne sifflent plus.
Les chefs de gare non plus.
Les stations sont désertes,
Tout de lierre recouvertes.
Je me souviens du temps,
Où entassé·e·s dans le wagon,
En compagnie d'un voisin des plus envahissant,
Nous entendions brailler les enfants, bougons.
Le paysage vert délavé défilait,
Au son rythmé du roulement,
Les pensées assoupies vagabondaient,
Les yeux perdus dans les innombrables champs.
Je me reprochais d'avoir bu autant,
Guettant du coin de l'œil le voisin-rempart,
Je songeais avec transissement,
A l'arrêt du train, au nouveau départ.
Les heures s'écoulaient dans les pages d'un livre,
Ou dans un navet à poursuivre.
Il y a même une époque où je m'endormais
Au milieu de tous ces mauvais.
Mais les trains ne sifflent plus.
La cendre tombe du ciel, assidue.
Les rails sont depuis longtemps enfouis
Dans les vestiges d'un monde englouti.
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