Par la grâce des dieux nous parvînmes sains et saufs en terre africaine. Le lieutenant Verduzio posa en catastrophe le trimoteur sur la piste en terre, non loin du village tunisien d'El Jem. Nous évacuâmes l'appareil en toute hâte, sauvant du brasier le cuir tanné de quelques valises et nos épidermes moites de passagères hyperboréennes. L'appareil flamba entièrement tandis que nous nous éloignions. Affolé, Giuseppe Verduzio héla du secours. À l'infirmerie, l'aviateur italien posa Ada Ernst sur le lit de camp. Inerte, l'allemande semblait en route pour le séjour des morts. Kiki Ketzler ordonna à notre petite troupe de quitter le poste de soins. Nous la laissâmes donc seule avec Ernst. Les deux femmes émergèrent de la tente peu de temps après, offrant leur carnation blafarde à la morsure du soleil. Coiffée d'un casque colonial, Annabell Graff s'installa au volant et me relégua en place arrière avec Kiki Ketzler. Ada Ernst opta pour la prudence et renonça à conduire. Graff démarra en trombe et nous filâmes vers le massif édifice qui selon ses dires, attendait notre visite depuis plusieurs siècles. Membre zélée de l'Ahnenerbe, La berlinoise était bien décidée à prouver notre lignage avec les bâtisseurs de l'empire romain.