Chapitre Final : Une nouvelle famille écrit par Chrisaltide Thithival
Chapitre Final : Une nouvelle famille écrit par Chrisaltide Thithival
Seule face à la porte de la chambre, Sophie s'accroupit et regarda dans le trou de la large serrure. Elle pouvait voir la chambre vétuste dont les murs étaient décorés de papier peint vieux de plus d'une trentaine d'années qui se décollait à plusieurs endroits. L'armoire et le lit en bois massif n'avaient plus rien d'accueillant. Bien qu'elle vit presque l’entièreté de la chambre, il n'y avait pas l'ombre de son ami. De sa voix la plus joyeuse, elle appela :
« -Ethan ! C'est moi, Sophie ! Ouvre moi s'il te plaît, nous irons jouer ensemble, es-tu caché dans l'armoire ? »
Aucun son ne lui parvint, et rien ne bougea dans son champs de vision.
« -Ethan, s'il te plaît ! Viens avec moi, ne laisse pas les adultes te sortir d'ici de force, je n'aime pas la violence, fais moi plaisir s'il te plaît » supplia-t-elle
Mais le silence resta sa seule réponse. Sans se départir de sa volonté, elle se glissa dans la chambre adjacente, tout aussi vétuste que celle de son ami, et des effluves de cramoisi, mêlées de vieux whisky vinrent lui chatouiller les narines et provoquer une grimace qui aurait fait bien rire Ethan, Basile et Teddy.
Sans faire de bruit, elle ouvrit la fenêtre, et découvrit avec satisfaction que la palissade qu'elle avait aperçut en arrivant se trouvait bien sous les deux fenêtres. Se penchant un peu trop en avant, elle se fit une frayeur, manquant de basculer par dessus la petite rambarde de protection. Son idée était sûrement la bonne. Comme elle l'avait soupçonné, la fenêtre de la chambre d'Ethan était bel et bien ouverte. Elle était soulagée, son ami ne l'avait pas ignoré, il s'était enfui et elle seule pouvait le retrouver.
Sophie regarda le panorama qui se présentait devant elle puis estima le risque de chute possible. La palissade avait l'air de tenir le choc et devrait bien soutenir son poids plume. Elle enjamba la barre en fer destinée à protéger et recevoir des pots de fleurs multicolores et la sentie bouger. Un frisson lui parcouru le dos, rapidement, elle s'accrocha du mieux qu'elle pût lorsque la barre de métal se détacha du mur, emportant avec elle des morceaux de la façade qui lui dégringolèrent dessus. De la poussière plein le visage, Sophie, toujours accrochée à quatre mètres du sol, se demanda si elle avait fait le bon choix et si les adultes s'étaient rendus compte de la barre qui s'était effondrée plus bas.
« - Allez ma grande ! Ethan a besoin de toi! » Se rassura -t-elle en entamant sa descente.
Les vestiges de l'ancien rosier qui courait le long de ces planches de bois lui entaillaient les mains et les genoux, lui arrachant quelques jurons bien placés qui lui auraient valu une petite fortune si Emma les avait entendu. Sophie était celle qui remplissait le plus souvent le bocal à gros mots, trop fréquemment emportée par son enthousiasme débordant. Arrivée au pied de la façade, elle s'enquit de vérifier si les adultes étaient toujours dans le salon. Par la fenêtre de la cuisine, elle entendait les voix d 'Anna et Emma faire la leçon au grand père d'Ethan et celui ci répondait en maugréant des mots inaudibles, noyés dans ses trop nombreux verres de whisky.
« -Tout va bien, je n'ai plus qu'à traverser ce jardin laissé à l'abandon et retrouver Ethan. Je suis sûre qu'il est là-bas, dès que je l'ai vu, si grand et majestueux, je sus que moi aussi, dans une telle situation, je l'aurais choisi comme refuge, murmura-t-elle, se rassurant à demi mot ».
Sophie se mit à courir en direction de l'orée du bois qui jouxtait la propriété. Là se tenait un vieux chêne, immense, dont les branches semblaient toucher le ciel et dont le feuillage formait un cocon de verdure . Dans sa course effrénée, elle trébucha sur un petit objet en plastique dur et bleu. Cette petite figurine conforta son intuition, Ethan était bien passé par ici et avait laissé tomber son jouet préféré, la statuette de Sonic que son père lui avait offert.
Arrivée au pied du vieil arbre, elle se trouva démunie. Comment pourrait-elle l'escalader ? Aucune branche ni prise n'était accessible à moins de deux mètres minimum. S'était-elle trompée ? Ethan non plus n'aurait pas pu y grimper tout seul. Sans grand espoir, elle l'appela :
« - Ethan ? Ethan c'est moi Sophie, tu es là ?
- oui, monte, dit-il en lui lançant une échelle de corde qu'elle n'avait pas vu.
- Comment savais-tu que cet arbre avait une échelle ?
- C'est mon père qui l'avait installé, dit-il le visage fermé, il avait promis de m'y construire une cabane.
- Regarde ce que j'ai retrouvé sur le chemin, c'est ta figurine préférée, tu as dû la perdre.
Ethan pris la figurine et dans un élan de colère, l'envoya le plus loin possible de lui.
« - Je ne l'ai pas perdu, je l'ai jeté volontairement ! Je suis un imbécile ! Je voyais bien la peur dans les yeux de ma mère parfois mais je continue à l'aimer, lui, malgré ce qu'il a fait !
-Ne t'énerve pas, je déteste ça ! Mon ancienne mère s'emportait sans cesse, jusqu'à me laisser toute la nuit sur le balcon en hiver ! Ne me crie pas dessus ! S'offusqua Sophie qui n'avait jamais vu son ami dans cet état.
- Excuse moi, implora-t-il, tu ne devrais pas rester là, éloigne toi de moi.
- Quoi ?! Mais de quoi tu parles ? Nous sommes amis, je ne te laisserais jamais seul !
- Je vais devenir comme eux, si ce n'est pas déjà le cas, et je refuse de te faire du mal !
- Jamais, tu m'entends, jamais tu ne seras comme eux et tu ne resteras pas chez ton méchant grand père, j'ai entendu dans la voiture l'appel téléphonique entre Emma et Anna, normalement si tout se passe bien dans le dossier, tu devrais venir vivre avec nous pour toujours. Plus personne ne te feras de mal.
Ethan regarda Sophie, dubitatif et aperçut les griffures sur ses mains et ses jambes. Il eut un pincement au cœur, sa gorge se serra et les larmes lui montèrent aux yeux. Etait-il possible que cette petite fille qu'il connaissait depuis si peu de temps ait mis sa propre vie en danger pour le retrouver ? Était-ce cela l'amour d'une famille ? Tendrement, il la prit dans ses bras et lui murmura :
« -Merci. »
Annotations
Versions