The domain of Enidon
A près plusieurs minutes de trajet, notre véhicule finit par emprunter un magnifique chemin bordé de verdure luxuriante. Le soleil passant entre les arbres transforme ce tableau vivant en un kaléidoscope de couleurs chaudes et lumineuses. Cet endroit semble plein de vie, presque féerique. Même le souffle du vent semble avoir une couleur.
Je me mords les lèvres de nervosité, puis je me reprends immédiatement de peur que ma mère ne surprenne ce geste. Car me voir picorer la peau de mes lèvres est pour elle tout simplement répugnant. Je regarde ma mère à la dérobée, et je constate que cette situation à l'air de beaucoup lui plaire. En ce qui me concerne je suis beaucoup, beaucoup moins enthousiaste qu'elle. Même si tout ça semble sorti directement d'un rêve merveilleux.
Je n'arrive pas à me réjouir de cette soi-disant opportunité exceptionnelle. Je détourne le regard de ma génitrice et je regarde de nouveau par la vitre. C'est alors que nous arrivons devant une demeure digne des comtes que mon père ma lisait quand j'étais petite fille, elle semble étinceler sous ce soleil d'été comme des centaines de miroirs.
Mais en pensant à mon père, mon cœur se serre malgré moi, il le manque profondément. Il était le seul être sur cette terre à m'aimer sincèrement, son affection paternelle était la seule chose plus précieuse à mes yeux que le plus riche des trésors. Malheureusement il n'était plus là et chaque jour, je devais accepter la honteuse situation dans laquelle je mettais ma génitrice.
DIX ANS PLUS TÔT
(.....) - ainsi se termine notre histoire. Tu devrais aller te coucher ma mignonne, demain est un autre jour.
- Mais papa je ne suis pas mignonne, maman elle dit que je suis une mocheté. Et que le Laos a joué un mauvais tour au-dessus de mon berceau.
- Ainei ma chérie, je t'ai déjà dit cent fois que la beauté extérieure ne valait rien si elle n'était accompagnée d'une beauté intérieure!
- Mais papa...
- Mais papa rien du tout, dors maintenant! Il est plus que l'heure!
AUJOURD'HUI
Je reviens à moi à la minute où j'entends:
- Nous sommes arrivés mademoiselle, il est temps de descendre.
L'homme m'invite à descendre avec un large sourire contrairement à ma mère qui me foudroie du regard. Je comprends tout de suite que le fait d'avoir été surprise dans mes pensées n'a pas le goût de lui plaire. Afin de pas attiser sa colère, je tente de me faire discrète, décidément les habitudes ont la vie dur. À peine descendus de voiture, conduit par l'homme nous prenons une suite de marches qui nous conduit à une lourde porte d'entrée, qui s'ouvre devant nous comme par magie. Une petite dame aux cheveux blancs nous invite à entrer avec amabilité.
- Je te remercie de les avoir conduits William. Si vous voulez bien vous donner la peine d'entrer, je vais vous conduire à monsieur Hylas.
Lorsque nous pénétrons la demeure c'est d'abord le choc, puis l'émerveillement. Le plafond est si haut qu'il dépasse largement les trois mètres de hauteur. Les fenêtres sont larges et resplendissantes de propretés laissant pénétrer une magnifique lumière. Le sol ressemble à un superbe échiquier grandeur nature, quant au mobilier, il me donne envie de caresser chaque meuble comme s'il était vivant.
J'ai une irrésistible envie de contempler toutes ces choses merveilleuses de plus près, mais il suffirait que je fasse un seul faux pas que ma génitrice me le ferait payer au centuple. Je garde donc les yeux baissés comme elle l'a ordonnée et avance à sa suite lui laissant le monopole de la mise en avant. Alors que nous finissons par progresser dans un grand couloir, la dame qui nous conduit à notre hôte nous indique ceci:
- Nous nous trouvons dans le couloir des portraits, ici se trouvent tous les ancêtres de la famille Hylas.
Je contemple un à un les différents personnages accrochés au mur, quand brusquement je m'arrête complètement hypnotisé par un des portraits de ce long couloir. De ma vie, je n'ai jamais vu de femme aussi belle pourtant ce n'est pas faute d'avoir ma mère sous les yeux qui est d'une magnifique beauté avec ses longs cheveux blonds. C'est à se demander où j'ai bien pu prendre ma tignasse noire corbeau pratiquement bleutée!?
En attendant cette femme peinte était absolument sublime, elle était belle de visage, ses lèvres cramoisies étaient aussi rouges qu'une belle cerise, ses yeux clairs étaient aussi beaux et purs que du cristal, deux fossettes ornaient son sourire énigmatique, elle semblait gracieuse et légère, sa peau était de la couleur de l'albâtre, mais le plus extraordinaire restait la masse de cheveux noirs ébène dotée d'une seule mèche d'or légèrement visible qui lui arrivait en dessous des fesses. Complètement fasciné j'oublie d'avancer et reste planté devant le tableau, jusqu'à ce que je me rende compte que j'avais été distancé par ma mère et notre guide. En levant les yeux je me rends parfaitement compte que je les ai perdu.
J'avance mais en arrivant au bout du couloir je ne sais pas du tout quelle direction prendre, cet endroit à est immense et je suis certaine d'être capable de me perdre. Ma panique augmente crescendo, non parce que je me suis perdu mais parce que ma génitrice va me faire regretter cette affaire. Alors que je cède progressivement cette angoisse qui me bouleverse au point que des larmes me montent aux yeux, je sursaute violemment en suffoquant lorsqu'une main se pose sur mon épaule.
- Que se passe-t-il mademoiselle?
Je me retourne le coeur battant à plus de deux mille kilomètres heures et je me mets à bafouiller lamentablement.
- Je... Je crrooiissssssssss... je ... je... je...
- Mais enfin calmez-vous je vous prie. Je ne risque pas de dévorer une jeune fille telle que vous alors il est inutile de paniquer de la sorte.
Je le regarde dans les yeux en cherchant dans son regard la véracité de ses propos. À l'instant même où je comprends, qu'il ne veut aucun mal, je décide de lui demander son assistance.
- Je suis venue ici avec ma mère rencontrer monsieur Hylas mais en suivant la personne qui nous conduisait à lui. Je me suis bêtement attardé devant un très joli portrait du couloir et je les ai perdu!
Un sourire moqueur fend ses lèvres.
- N'ayez crainte mademoiselle Aineías, je vais vous conduire à votre mère.
- Mais comment savez-vous que je m'appelle Aineías?
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