Dans une grande fête foraine déserte, au crépuscule, un petit garçon s'avance timidement. En sa main, il serre fermement une petite pièce.

Devant lui, perruque, petit chapeau et grand sourire, se tient un clown.

À côté, une pancarte, avec écrit en grandes lettres :

«Tours de magie, disparitions en tout genre et formes en ballons***»

Armé de sa pièce, le petit garçon regarde l'affiche –qu'il ne sait pas lire– et tend fébrilement son bras vers le clown en articulant, «Un ballon en forme de chien, s'il vous plaît, monsieur !».

Un grand sourire lui répond, et la pièce disparaît.

Le clown commence. Il sort lentement la matière rose et élastique, et la coupe. Puis avec un souffle prodigieux, la gonfle en trois respirations. Il y fait un nœud. Vrille le ballon en petites sections. Puis avec une dextérité dont seuls les clowns ont le secret, il le noue, d'abord la tête, puis les pattes avant et enfin les pattes arrières.

Fier de son oeuvre, le clown brandit triomphalement le ballon chien et le dépose avec toute la gentillesse du monde dans les mains du petit garçon, qui gît au sol, avec une partie de l'estomac sortie.

En petites lignes, sous l'affiche:

«***ballons à apporter»