4 - L'Attente
Au fil des jours, Gustave au lointain, Célio, dont l’initiation n’a pas encore commencé, souffre de ce silence oppressant, imposé par l’Ermite pour « diluer l’empreinte des choses. » Malgré tout, il s’enquiert au sujet de cette absence qu’il ne s’imagine pas, lui qui a toujours vécu entouré d’ouvrages à perte de vue, comme autant de fenêtres ouvertes sur des mondes, des possibles à investir, et concevoir : la liberté.
« Tu vas très vite comprendre Célio pourquoi je n’ai pas de livres et combien le livre est dangereux à la création, une fois passée l’acquisition d’une culture solide. Tu le sauras demain, maintenant que nous sommes toi et moi loin des frasques de la ville et prêts à recueillir l’Essentiel. »
Célio acquiesce d’un air résolu, néanmoins, il se dit que ce vieillard est sans doute sénile, à répondre par de telles hérésies, que cela n’a pas vraiment de sens, qu’ils sont loin de la ville et que ce silence de mort, c’est ni plus ni moins qu’une torture lente, cruelle, peu naturelle. Lui proposerait-il d’écrire sur rien ? Ce qui est, naturellement, impossible.
Demain, toujours attendre le lendemain.
Ce n’est guère imaginable pour un garçon tel que Célio, si impatient qu’il exige que ses désirs prennent forme dans l’instant, si impatient que le temps doit se plier à sa cadence, si impatient, enfin, qu’il lui brûle de noircir quelques pages : mais rien ne vient sans nourriture, si ce n’est la pourriture : des mots secs, décharnés, des phrases à l’emporte-pièce, le reflet sinistre et cruel d’une incompétence.
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