J’ai déjà lu de nombreuses aventures, souvent même vécu. Mais ce retour à la réalité, il m’est violent. Pourtant, je n’ai qu’un pas à franchir, une poignée de porte sur laquelle appuyer. Puis, j’aurais à saluer la personne qui me fera face. C’est simple. Et dire que j’ai traversé la forêt Amazonienne et descendu en rappel des cascades de quatre-vingt mètres de haut. Bien sûr, j’ai été saisi par la peur à chaque coup. Celle de perdre ma vie, mon avenir et de ne plus revoir les êtres qui me sont chers. Mais, cette fois, c’est différent. Il s’agit d’entrer dans un bureau. Un milieu qui m’a toujours été hostile. Je dois pourtant être capable de réussir, ce n’est pas si difficile. Peut-être que si j’arrivais à définir ce qui m’effraie tant, j’arriverais alors à entrer. Récapitulons. Je ne suis pas en danger. J’ai d’autres solutions en tête. Je suis capable de rebondir. L’échec est un nouveau départ. Alors de quoi ai-je peur, bon sang ? Ah, on y est, mon cœur bat maintenant la chamade. Bientôt le sang va me monter au visage et je vais sûrement avoir l’air ridicule face à ce type. Un inconnu. Depuis quand l’inconnu m’effraie-t-il ? En y réfléchissant bien, cette peur ne date pas de ce matin. Plutôt du moment lorsque j’ai annoncé à ma mère que je souhaitais me stabiliser. Pour ne pas la laisser seule. Ah… Je comprends… C’est donc cette peur-là que l’on ressent lorsque l’on agit pour quelqu’un d’autre ? Je dois réussir, je vais réussir. Pour elle. Pour nous.

Et je franchis la porte.