Lettre 5
Eleanor Bean O’Sullivan
04 Novembre 1860
Arnish - Ile de Raasay, Highland, Écosse
Mon très cher fils adoré, Harry,
C'est en paix avec la vie que je t'écris cette lettre.
Je suis sereine aussi face à la mort qui me guette et ne saurait tarder.
A l'aube de la cinquantaine, il est l'heure pour moi de tirer ma révérence.
Ton père, disparu valeureusement à la bataille Waterloo, m’attend avec impatience dans l’au-delà.
Je suis satisfaite de tout ce que j’ai pu accomplir dans cette ferme, de ce que je te lègue désormais : la maison, la grange, le puits, le cheptel de moutons, les sacs d’avoine et d’orge.
Il y a aussi le cairn dans la crique sud, ce lieu sacré où convergent éléments et esprits.
Rien ne manquera à ton bonheur si tu me fais l’honneur et le plaisir de venir t’y installer.
Tu as trente ans, déjà une vie riche d’expériences, d’amour et de joies et je souhaite que le temps qu'il te reste à vivre te conduise à ta destinée. Ton travail à la mine ne te réjouit pas, je le sens bien dans tes dernières lettres. L’air de Raasay te fera le plus grand bien. Écoute les dernières volontés de ta mère, la sagesse des anciens.
Inspire, expire. Ce souffle de vie est ta flamme ; si précieuse ...
Si elle vacille, accepte-le. Si elle se renforce, ose vivre intensément.
Suis ta Voie mon enfant.
Aie confiance en notre seigneur, notre guide.
Il ne veut que le meilleur pour toi, j’ai la foi.
A bientôt sous d’autres cieux
Ta mère
Eleanor Bean O’Sullivan
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