Assis sur un rocher, il regarde les lignes de sa main et espère y trouver une réponse. Les montagnes à l’horizon ont des reflets bleutés. Les cimes des conifères se balancent telles des chevelures frénétiques.

Une multitude de parfums l'étourdissent. Il essaie de se souvenir du nom des fleurs et des arbres mais n'y parvient pas.

Accroupit, il boit l’eau fraîche d’une rivière timide et sent une douce chaleur couler dans ses veines. Des souvenirs lui reviennent. Le sourire de sa mère, ses tâches de rousseurs sur le visage, sa jupe bleue fouettée par les alizés. Et son père, un homme grand, le regard souvent perdu dans le lointain.

Depuis sa plus tendre enfance, le jeune homme ne connaît que les matières synthétiques, le métal des vaisseaux et le bruit assourdissant de leurs moteurs.

S'il y eut un temps où la galaxie l’émerveillait, elle a fini par l'emprisonner.

Le contact de l’herbe fraîche sous sa voûte plantaire l’invite au moment présent. Il jette un regard sur son casque posé sur le rocher et ressent un poids immense sur ses épaules. Heureux d’avoir trouvé ce nouvel éden, le jeune éclaireur hésite à le partager avec ses semblables.

Il entend un signal dans le cockpit de l’astronef et monte dans l’appareil.

La voix dit :

• Vous me recevez ?

Il hésite et se résout à appuyer sur la touche de son récepteur.

• Je vous reçois cinq sur cinq commandant.
• Quelles sont vos conclusions Adam ?

Des images du passé tailladent ses pensées. Les cris, le ciel assombri par les cendres, les horizons de feu et le silence après les cris. Quant l’humanité s’est tue, étouffée par la haine.

A-t-il le droit de LUI laisser une seconde chance ? Adam répond lentement comme pour s’imprégner de chaque mot qu’il va prononcer.

• Oui, c’est une planète habitable.
• Très bien, on vous envoie Eve.