Jour 10 - Flowing || Ecoulement

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Abel ne pouvait plus retenir ses éclats de rire. La tête que venait de faire Aurore suite à sa blague était vraiment sans prix. Ce petit bout de femme était l'une des plus spontané et surprenante qu'il avait pu apprendre à connaître. Sous ses faux airs de bourgeoise précieuse, elle était véritablement une demoiselle pleine de surprise et une personne vraiment authentique... Pas étonnant qu'il ait eu un faible pour elle quelques années plus tôt.


La soirée était déjà bien avancée. Heureusement qu'Aurore l'avait invité pour "un verre après le boulot". Enfin, il connaissait la sorcière et il savait bien si elle voulait boire un verre avec lui, elle ne partirait pas du bar sans vaciller sur ses talons. C'était toujours amusant de constater qu'elle ne changeait pas.


— Allez, bouge-toi un peu, j'veux jouer au billard pendant que la table est libre ! S'exclama La jeune femme à la chevelure châtain.


Déjà, elle le poussait de la banquette d'un généreux coup de bassin. Elle tenait encore un verre de tequila dans la main et ses yeux brillaient sous l'effet de l'alcool.

Sans rien ajouter, il se leva et laissa sa meilleure amie prendre place près de la table de billard abandonnée.

Faisant mine d'être experte, Aurore installa les boules avant de se lancer dans la partie, son verre posé sur le rebord. Avec un peu de chance, ce dernier ne tomberait pas lamentablement au sol à cause d'un faux mouvement...


Plus par esprit de camaraderie et surtout pour donner du fil à retordre à Aurore, Abel reprenait la relève lorsqu'elle loupait un coup, cela offrait au visage de la jeune femme des moues enfantines que sûrement peu d'étranger à sa famille avait dû apercevoir.

Après la troisième partie, Abel avait décidé de s'asseoir un peu pour mieux déguster sa bière. Il était un peu loin de la table pour que les nouveaux arrivants comprennent qu'il était venu avec la demoiselle qui s’extasiait dès qu'elle plaçait une boule dans le trou.

C'est sûrement pour cette dernière raison qu'un nouvel arrivant s'approcha de la table, l'air prédateur... Se plaçant derrière Aurore, posant ses mains sur les hanches de la jeune femme pour attraper son bras, trouvant l'excuse de vouloir lui montrer comment bien viser pour la peloter sans aucune gêne... Et ce, en ignorant les protestations d'Aurore.


Abel avait appris avec le temps, à calmer les petits éclats de jalousie de lorsqu'il était encore en couple avec la sorcière. Depuis, il avait compris que sa jalousie n'avait plus rien de normal. Si Aurore avait voulu brancher cet inconnu, elle n'aurait pas cherché à se défaire de son emprise. Non là, ce type allait trop loi. Abel s'autorisa donc à intervenir. À grands pas, il fut près d'eux, agrippant avec une forte poigne l'épaule du dragueur lourd.


— J'crois que la demoiselle a besoin d'air pour se concentrer ! Expliqua-t-il d'une voix qu'il aurait voulue moins menaçante.


L'homme se braqua à cause du ton et se dégagea d'un mouvement large d'épaule. Il sentait l'alcool à plein nez, ce qui expliqua le manque d'intelligibilité de ses mots.


— Hey, mec, va dessoûler un peu, tu reviendras plus tard, ok ? Proposa Abel qui ne put retenir un sourire sarcastique de se poser sur ses lèvres.


Malheureusement, l'inconnu du prendre cette dernière remarque comme une insulte, car le coup partit, s'écrasant sur le visage d'Abel qui n'avait pas encore compris qu'il venait de vexer le mec bourré.

Cela ne l’empêcha pas de répliquer.

Sans savoir pourquoi, l'ambiance du bar se changeant en guerre ouverte. Une sorte de baston générale sans queue ni tête.


Finalement, après quelques minutes à échanger des coups, Abel fut tiré hors du tumulte par une petite main chaude qui le tirait en dehors du bar.

Dans la rue le calme était présent pourtant. Le jeune homme imita son ex petite amie et s'assit sur le rebord du trottoir. Personne ne parla pendant un moment, jusqu’à ce qu’Aurore rompe le silence.


— Il t'a fait saigner cet abruti...


Par réflexe, Abel porta sa main à son nez. Lorsqu'il observa ses doigts, il était vrai qu'il saignait du nez. Mais à l'instar des humains, les djinns ne saignaient pas d'un sang rouge. Ce qui coulait de son nez était sablonné et doré. Comme si quelqu'un s'était amusé à mélanger du sable à de l'or en fusion.


— J'dois avoir une ou deux éprouvettes dans mon sac à main j'peux récupérer ce qui coule ? Pour mes potions... Demanda Aurore qui fouillait déjà dans son micro sac de fille.

— C'est pas interdit par l'un des décrets de la médiane ? S'interrogea le Djinn.

— Ce que la médiane ignore ne lui fera pas de mal. Murmura Aurore avec un sourire mutin.


Abel soupira et laissa sa meilleure amie recueillir son sang qui continuait de s'écouler de son nez. Heureusement, il n'avait pas l'impression d'avoir ce dernier cassé... Mais c'était tout de même douloureux.

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