Jour 19 - Scorched || Roussi
Si les maléfices et malédictions se ressemblaient tous, avaient une base commune, Victor connaissait chacune de leur spécificité, leur champ d'action. Ou du moins pouvait-il prévoir leurs effets et contrecarré leur pouvoir pour sauver le maximum de personnes et de choses possible. Seulement, il arrivait que parfois, quelques détails et variantes lui restent inconnus, et ce jusqu'à ce que le sorcier ne puisse plus voir que cela. En général, il était trop tard.
Au fin fond d'un château autrichien, il avait fait évacuer tout un village. Victor aimait bien l'Est de l'Europe. Ses habitants y étaient encore très superstitieux. Cela facilitait les choses pour Victor lorsqu'il parlait de vampire et de sortilège, on avait tendance à ne pas le prendre pour un fou. En revanche, c'était à double tranchant. On le prenait vraiment pour un sorcier, avec toutes les réactions qui s'ensuivaient.
Mais qu'importait. Pour le moment, il se retrouvait seul dans un château à moitié habité et à moitié délabré. On avait jeté une malédiction à ses habitants. Si le jeune homme avait réussi à rompre le sort sur les victimes, aujourd'hui, il devait trouver l'origine du mauvais sort. Les malédictions étaient toujours contenues dans un objet. C’était comme des diffuseurs à parfum, mais à la place d'agréable fragrance, il s'en échappait de la magie noire qui contaminait les cibles que l'on avait désignées au préalable.
La personne ayant lancé cette fichue malédiction étant décédée, il n'y avait plus d'autre choix que de trouver la source du maléfice et de la détruire par magie. Comme une flamme que l'on priverait d'oxygène, il suffirait de supprimer la source de magie de l'objet à l'origine de tout ce mal et le tout serait jouée.
Victor savait qu'il se rapprochait de sa cible quand le mobilier commença à se comporter anormalement. Un verre qui tombe et explose au sol, quelques libres qui s'échappent de la bibliothèque. Pas de doute aux yeux de Victor, il franchissait les lignes de protection de la malédiction. Après tout, un mortel lambda aurait tôt fait de faire demi-tour après ces phénomènes étranges et paranormaux.
Le sorcier continua de s'avancer vers la cheminée où le feu y ronflait encore bruyamment.
Plus il s'approchait et plus il avait le sentiment que le feu cherchait à le menacer... Il n'aimait pas ça. Peut-être manipulait-il le feu. Néanmoins, il fallait qu'il en soit le créateur pour y être insensible. Pour essayer de contrecarrer le problème Victor ajouta sa propre flammèche à l'âtre. Créant un feu hybride qui lui ferait moins de débat si jamais il venait à devoir être agressé par les flammes.
Ses anticipations étaient ce qui le sauvait la plupart du temps. Lorsqu'on était conjureur, il fallait être malin et réaction. Deux qualités que possédait Victor sur le terrain.
Il trouva finalement la source de toute cette sombre histoire. La magie était concentrée dans l’horloge au-dessus de la cheminée. Le feu qui cherchait à lui léger le corps dès qu'il s'en approchait était une preuve suffisante. Malgré la chaleur, il sortit une potion de son sac. C'était le genre de potion que tout sorcier craignant. Cela vous anesthésiait vos pouvoirs pendant des jours... Mais sur les objets enchantés, cela était fatal pour la magie contenue. Le verre était assez fragile pour exploser au moindre choc un peu violent.
Quand la fiole explosa contre l'horloge, il eut comme un cri déchirant s'échappant de la nuit. Le feu commença à s'amenuiser. Comme s'il perdait en force. Bien, la malédiction n'était plus.
Puis un grondement, un nouveau cri et Victor eut juste le temps de s'entourer de ses propres flammes pour se protéger au mieux de ce qui allait suivre.
Une explosion due à un charme de protection. Victor détestait ça. Il ne les voyait jamais que lorsqu'il fonçait tête baissée dessus. Comme une mine de magie. Heureusement pour lui, ses flammes, lorsqu'elle était plus chaude que celles le menaçant, arrivaient à le protéger d'une mort aussi tragique qu'ironique. Après tout, cela ferait tâche sur son épitaphe si l'on notait "on lui avait dit de ne pas jouer avec le feu".
Malgré la fumée, les petites coupures et les nombreux bleus, Victor réussit à sortir du petit château en flamme. Il devait faire peine à voir. Quelques flammes l’avaient atteint. Son visage devait être noir de suit. Une dérangeante odeur de cramer ne le quittait pas. En se touchant les cheveux, il comprit rapidement que le dessus de son crâne avait roussi sous la chaleur intense, tous comme des vêtements qui se consumaient encore. Le sorcier dû se rouler dans l'herbe humide de rosée pour tout éteindre, et par la même occasion terminer trempé et gelé.
Enfin, la malédiction était brisée, les pompiers allaient pouvoir intervenir et les habitants revenir reprendre une vie paisible. Assit dans l'herbe, Victor prit contact avec ses employeurs. Il fallait qu'on lui donne la seconde partie de sa prime maintenant.
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