Ce fut un claquement sec qui l’éveilla. Stephen avait travaillé jusqu’à une heure avancée de la nuit (son éditeur attendait le manuscrit de Cujo pour la semaine suivante), mais il fut aussitôt en état d’alerte.

Encore des claquements au rez-de-chaussée, suivi de grincements métalliques. Les bruits semblaient provenir de la cuisine, située juste en-dessous de sa chambre.  Il se tourna dans le lit « King Size », mais la présence rassurante de Tabitha  faisait défaut : « Ah, oui, elle passe quelques jours dans l’Oregon, chez ses cousins ».

Une odeur de chair grillée s’infiltrait peu à peu dans la chambre, et les grincements-raclements reprirent de plus belle. Stephen se lova en position fœtale, veillant à ne pas laisser pendre ses bras au-delà du bord du lit. Le halo de lumière rougeâtre émis par le radioréveil indiquait 07h07.

Un objet métallique – un couteau ? – semblait être tombé, et rebondissait sur le sol.
Depuis le mur de la chambre, à droite de la fenêtre, provenait un bruit de respiration asthmatique. Qui donc avait enclenché la hotte aspirante ?

Le gémissement des marches de l’escalier lui indiqua que la présence qui hantait la cuisine s’approchait.
La porte de la chambre s’ouvrit brusquement. A peine plus haut que la poignée de porte : un visage rouge et échevelé surgit :

« Papa, j’ai préparé des œufs et du bacon ».