La vérité entre les lignes

6 minutes de lecture

Alors ? Que raconte son autobiographie, à la petite ?

Tu pourrais frapper quand même.

Il m’agace à ce croire tout permis ! D’un air supérieur, il prend un cigare de mon bureau et se l’allume fier comme un coq en s’installant. Mon regard se pose sur la porte d’entrée, heureusement, parfaitement fermé. Personne ne rentre dans mon antre sans autorisation, surtout que le club est fermé exceptionnellement ce mardi soir.

— Alors mon tendre serviteur ?

— Je ne suis pas ton serviteur Nicolas ! Je suis juste ton égal, je suis là pour t’accompagner dans ton projet.

— Tu es bien drôle Sergio. Très drôle. Un verre de cognac pour t’hydrater l’esprit ?

Mon sourire est maitrisé tandis qu’il se marre. Je me lève pour nous servir et je m’installe dans l’autre fauteuil. Pendant que je m’abreuve, il se saisit du carnet, je lis quelques pages et je me décide enfin à lui répondre :

C’est une mine d’or. Elle y a tout mis… jusqu’aux fragments les plus cachés d’elle-même. Sa peur d’être oubliée, son obsession pour la reconnaissance, et cette faille béante laissée par ses parents…Enfin, par rapport à ces derniers, elle imagine. Elle a grandi en se pensant invisible, même en pleine lumière. Elle ajoute également ses luttes contre sa maladie mentale.

— Si stupide. Elle a plongé la tête la première et on va bien s’amuser.

— Elle tente toute types de thérapies pour échapper aux médocs.

— Exactement. ça, c’est ce qui fait d’elle une candidate parfaite.

— Cette fille, c’est une expérience. L’aboutissement de tout ce que j’avais commencé avec Sauf que cette fois, on ira jusqu’au bout. Marta ne sera pas brisée comme l’était sa sœur. Elle sera transformée. Elle devra plus jamais se considérer comme une victime. Elle deviendra ce un produit de nos mains. Contrôlable. Adaptée et donc soumisse.

Elle est déjà à la limite. Elle doute, elle vacille. Mais elle a encore cet ancrage en elle… Roberto. Et ses souvenirs d’avant. Il faudra les dissoudre totalement.

Tu l’as voit souvent ?

— Deux fois par semaines.

— Le programme ?

— Elle avait démarré entre nos deux premières rencontres, à se prostituée. Puis, elle reste à moi pour mon petit plaisir. Je continue à l’éloigner de tout ses liens.

— Des nouvelles de ton ex Adela ?

— C’est excitant de faire deux victimes et encore plus, d’imaginer qu’elle aperçoit que Marta change radicalement.

— Tu penses que Marta adore se soumettre ?

— Elle ne se libère pas totalement. Dans son corps, la présence de ce Roberto danseur de pacotille, est imprégnée.

— Son odeur ?

— Il revient dans deux semaines et pourtant, elle empeste parfois de son parfum.

— Elle parle de sa maladie donc ?

— Elle ne va plus à sa psy, elle m’a écouter. Ensuite, elle est plus sereine, plus calme. Toi qui sait, tu m’expliques ?

— Je m’amuse à détruire le cerveau, de ce que j’ai rapidement pu lire et depuis que je t’écoute là, j’ai le sentiment, qu’elle accepte petit à petit à dompter ses possibles délires. Elle doit mourir, premièrement symboliquement.

— Expliques moi une chose, on se connait depuis assez longtemps tout les deux. Je sais que tu m’as demandé de prendre la grande sœur, l’éloigner des siens et que maintenant, tu désires faire la même chose pour la dernière. Elle a un nouveau cœur, unique, d’après ce que j’ai compris et dont ses traitements à des effets secondaires. Pourquoi elle ? Tu me caches des choses. J’ai raison hein ?

Il repose le carnet en douceur avant de boire à son tour deux fois et de fumer trois coups avant de soutenir froidement nos regards.

— Parce qu’elle est le chaînon manquant. L’équilibre parfait entre le chaos et le contrôle. Parce qu’elle est née de la mauvaise branche de l’arbre. Ma sœur, cette idiote… elle m’a tout volé. Le nom. L’héritage... Et pourtant, elle est là, avec son cœur volé, ses rêves trop grands… Alors moi, je vais faire en sorte qu’elle paie pour cette lignée corrompue. Elle me doit tout, même sa souffrance.

Tu délires mon pauvre. Je ne comprends pas le rapport entre l’héritage, la mauvaise herbe et le chaînon manquant. Ni même, une histoire de cœur.

— C’est le but, te perdre. Je te testes, enfin un peu. J’étais le mauvais canard, celui qui ayant dérivé, n’avait pas le droit à l’héritage. Toujours voulu être un chirurgien ou un inventeur de génie. J’avais démarré dans mon laboratoire à créer un cœur révolutionnaire. La mort de mes parents avait tout changé, tu l’as bien pigé, je l’espère. Une rage intérieur, une haine s’est immiscée en moi. Adela devait être la première victime à long terme. Sauf qu’elle était trop âgée, à ses douze ans.

— Tu m’intéresses là.

— Jamais, je te dirais tout mes secrets. Sache que je sais ce que je fais et que de nombreuses victimes surtout féminines entre dix-sept et vingt-cinq ans, ont connus ou connaissent, ce que notre proie commune possède.

Et tu y prenais du plaisir ?

— Le plaisir… Ce n’est pas dans l’acte en soi. C’est dans le moment où ils comprennent. Le moment exact où ils réalisent que la cage n’a jamais eu de serrure. Qu’ils ont voulu rester. Et qu’il est déjà trop tard. Toi aussi, Sergio. Toi, tu joues avec elles comme un chat joue avec sa proie. Tu veux les voir céder. Avoue-le. Ce n’est pas que du pouvoir, c’est du vice. Pourquoi tu manipules les femmes ? Pour les sauver, ou pour te sentir plus fort qu’elles ?

— Parce que je les comprends trop bien. Leurs blessures, leurs désirs, leurs failles… Je les sens avant même qu’elles les nomment. Et ça me donne l’illusion d’être… nécessaire.
Mais avec Marta, c’est différent. Elle lutte encore. Elle me résiste. Et ça m’obsède. Je veux la faire plier… pas juste pour toi, ni pour le plan. Pour moi. Parce qu’elle me fait croire que je suis capable de faire tomber ce qu’il y a de plus pur.

— Elle ressemble à sa sœur ?

— Adela était plus accros à l’alcool qu’autre chose. En fait, je m’en suis débarrassé au bout de trois ans.

— Tu vois ? C’est ça, notre lien. Toi et moi, on ne détruit pas au hasard. On sélectionne. Et on transforme. Marta, elle est plus qu’un projet. C’est un test. La dernière étape. Quand elle tombera, on saura qu’on peut tout refaire. Tout contrôler. Même le destin.

— Tu sais… il y a quelque chose de fascinant chez elle. Ce n’est pas juste une marionnette. C’est presque… beau, la bataille qu’elle mène.

Ne t’attache pas, Sergio. C’est ce qui t’a perdu avec Adela. Cette fois, pas de sentiment. Marta est une pièce maîtresse. Si tu la laisses t’échapper, on perd tout.

— Nuance, Adela m’agaçait.

— Tu l’aimais vraiment ?

— Avec recul, oui.

— Tu l’as trouvé mignonne la petite ?

— Presque quinze ans de différences. Et oui, elle est belle, sexy quand son corps de déesse est dénudée. Une belle machine.

— Dommage qu’il faut l’a déraillée. Donc, ne tombe amoureux, faut que ce soit l’inverse.

Fait moi confiance, elle ne m’échappera pas. Je vais lui faire croire qu’elle choisit. Qu’elle décide. Mais chaque pas qu’elle fera, elle le fera dans la direction qu’on aura tracé.

Parfait. Alors continue de lire. Et surtout… utilise ce carnet comme elle utilisait ses pointes pour tenir debout dans la douleur. Mais pour elle, ce sera la souffrance qu’on a choisi. Bien, on se retrouve pour un autre bilan avec la suite, je t’appellerais le moment venu. Bonne soirée.

— Elle dort avec moi ce soir. Je vais la chercher, il ne faut pas que je traîne trop. Et puis, c’est elle qui a voulu, pour la première fois.

— Alors, profite en bien. C’est une bonne étape. Lâche rien.

On trinque pour terminer d’une traite et il s’en va, me laissant là dans mes plans. Une belle soirée s’annonce. Elle m’a invité dans un bar d’un autre quartier, pourquoi pas. De quoi l’a découvrir dans un environnement où elle est plus à son aise.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Lapasseused'histoires 2 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0