Partition à contretemps
Tchaïkovski – Romeo and Juliet: Fantasy Overture. Voilà sur quoi mes pas me guident sur ses notes qui résonne en moi. Ma relation avec Roberto me semble finalement impossible. Je suis celle qui brisera ses envies, ses relations, son cœur si je continue à être avec lui.
Indépendante, je l’ai souvent montré. Hors, plus je vieillis, plus j’ai soif du contraire. Ma relation avec Alvaro, m’a mis dans de mauvaises conditions. Il était drôle, joyeux, passionné de basket et j’avais envie d’être à ses côtés, d’être en lui pour l’éternité.
Dès sa mort, j’ai tout scellé à double tour, reprenant à fond mes chaussons pour briller ici. La recherche d’un partenaire, fût également une quête. Pedro était le premier ici, sauf qu’il était amoureux d’Adela.
Ma grand sœur à qui j’avais été heureuse d’annoncer ma romance. Elle qui en reconstruction, a eu sa jambe brisée à nouveau et dont elle a perdu les pédales, pour être…avec lui. Et puis, j’ai compris, qu’ils nous avaient pas que trahi par ses sentiments indécis. Il nous avait mis dans la merde.
On s’était tout juste retrouvé, sa disparition m’a bouleversé. Un sentiment d’abandon. Moi, je donne beaucoup et je reçois peu voir mal. Non, non, je me mens. Quoi que ?
— Tu es belle ma chérie. Tu dégages une grâce qui va me manquer durant notre tournée.
Mon homme, tel le lion surgit délicatement dans la salle de danse. Son sourire charmeur vole en éclat ma chorégraphie ainsi que mes pensées par son doux baiser sur le coin de mes lèvres. Je coupe le son et file m’assoir sur le banc pour m’hydrater.
Il me suit fidèle et en fait, il m’agace à me suivre. Une impression de perte de confiance, hors, je ne peux le quitter. Il est mon ancre, celui qui me rappelle que ma jalousie maladive, bé, il le possède également. On possède beaucoup d’autres points communs.
— Tu vas me manquer ma belle, ça ira durant un mois ?
Il prend ma main libre pour l’embrasser et je me perds dans son regard sous LSD.
— Oui mon cœur… Tu vas aussi me manquer. Après, je ne suis pas seule, Adela est de retour ainsi que mon super oncle.
— Je l’aime bien lui.
— On l’a vu qu’une fois, il y a quinze jours.
— Ouai mais, je ne sais pas, il dégage une super confiance. Il devrait revenir vous voir plus souvent. Au fait, j’ai remarqué que tu es plus calme, tu sembles mieux dormir. Tu ne me caches d’autres pensées étranges ?
— La psy a de suite émis l’hypothèse que je sois bipolaire. Avoir des humeurs différentes. En plus, c’est marrant mais en ce moment, je ne remet pas en cause le Docteur Hans. Seulement…
— Seulement quoi ?
— Rien. Ils t’attendent pour le départ, ne ratez pas votre vol à cause de moi.
— Je t’appellerais, prend soin de toi et je te promet à mon retour, d’être plus présent. On pense même faire en une pause voir, je quitte le groupe.
— Je suis malade, doublement malades, ne te sacrifie pas pour moi. Pense aussi à Tania et César, que vont-ils en penser d’un boulet pareil, hein ?
— Ils sont d’accord si cela se produisait. La santé est plus importante que le reste. D’ailleurs, ton groupe à toi, c’est quand que tu enregistres à l’école ?
— Pour le moment, j’ai fait seule dans un studio. Allez, ne perd pas trop de temps, promis, je vais bien, je me soigne.
Je l’embrasse à mon tour délicatement puis je gratte un peu sa barbe pour lui donner un deuxième plus sauvage. Il m’enlace avec toute sa passion avant de libérer et de le voir disparaitre dans les escaliers après les aux revoir de nos amis.
Ma montre affiche dix-sept heure et plus les aiguilles défilent plus le stress augmente. Hier, j’ai pu avoir la réponse presque froide de l’inconnu. Une date, aujourd’hui. Une heure, vingt heure. Un lieu, un café dans un quartier peu recommandable. Des signes de reconnaissances, un verre de cognac, un journal plier à sa droite et il sera placé au fond à gauche, presque dans le fond de la salle.
J’ai hésité à refuser de m’y rendre, sentant que ce n’est pas un thérapeute. Aucun moyen d’en savoir plus à moins de m’y frotter. L’heure de sortir est enfin là, à peine maquillée, une veste à capuche et mon petit sac à main, je m’avance en bus, côtoyant à chaque arrêt proche, ceux qui me ressemblent plus que je ne l’imagine.
Des âmes perdues, des alcooliques, des dépressifs, des femmes anorexiques et des toxicos. Des êtres qui sont en recherches de sens, de prise de contrôles. Seuls les rares enfants du trajet, donnent de la couleur, de l’espoir.
Le « Dernier verre », est heureusement presque bondé de mondes. La musique dehors et les reflux des premiers vomis et autres pisses, me donne envie de vite filer à l’intérieur. L’endroit me rappel le bar de mon village où prend son pied mon père et ses fidèles chasseurs du dimanche. Et puis, c’est plutôt bonne ambiance comparer à l’extérieur.
Les quelques clients ne font pas attention à moi, ce qui me permet de me concentrer sur ma cible. Là, bien ancré dans sa place, son cigare me détaille au fur et à mesure que je m’en approche jusqu’à m’assoir mal à l’aise. Si seulement Roberto savait où je suis, il aurait pensé que je suis dragué et aurait de suite, fait savoir à l’autre, qui c’est le patron.
L’homme est de taille moyenne, avec des cheveux noirs coupés courts et des yeux bruns perçants. Son visage est marqué par une mâchoire carrée et des traits anguleux. Il a un teint hâlé et des mains calleuses, portant des vêtements simples mais ajustés.
— Marta, c’est bien ça ?
— Oui, parfaitement. Et vous ? Votre nom ?
— Sergio. Allons droit au but, jeune fille. Je suis là pour t’accompagner à accepter ce que tu es. J’imagine que tu ne sais pas qui tu es vraiment ?
— Je suis malade, je crois vous l’avoir dit, non ?
— Oui, une histoire de complot, de psy, de cœur et j’en passe.
— Vous faite quoi dans la vie ? Sans vous offensez, je ne pense pas qu’un thérapeute rencontre ses patients, dans un quartier comme celui-ci.
— J’aide gratuitement en échange de services, toutes personnes désirant s’élever dans la lumière. Se connecter à lui-même, dompter ses démons et vivre avec sa vrai âme.
— Vous acceptez pas d’argent ?
— Services ma mignonne. Si tu es prête à t’engager, à te comprendre plus facilement sans recourir à des charlatans psy qui pique ton fric et à démontrer à tes proches, qui tu y vraiment, alors tu devras faire tes preuves.
— Mes preuves ?
— On aura le temps de voir ça tranquillement.
— Mon oncle que j’ai enfin revu, m’a appris qu’il avait eu la même chose et que vous l’avez sauvé. Je n’ai pas eu d’autres occasion de demander quels méthodes l’ont aidés à surmonter les maladies et les deuils mais vous, si vous pouvez me rassurez sur ce qui a fonctionner chez lui. Histoire de savoir si cela sera pareil pour moi ? Il m’a dit qu’on se ressemble…
Il se moque de moi, d’un rire glaçant. Ce coup de frisson, amorce ma fuite. Trop tard, il se saisit de mon poignet, son ton devient plus dur, plus menaçant. Il balance sa flèche empoissonnée, son piège se referme doucement sur moi. Mon corps le sait, mon esprit aussi. Sauf que je ne peux rien faire. Crier ? Je ne veux pas les autres me jugent.
— Tu n'es pas la première à vouloir partir. Mais tu sais, les gens qui partent trop tôt finissent toujours par regretter de ne pas avoir écouté ceux qui savent réellement comment les aider.
— Je…je veux bien tenter.
— Parfait. On va établir la première étape. Je t’écrirais pour le prochain rendez-vous. D’ici là, tu vas écrire toute ta vie sur ce petit carnet, oui, tout. Ta petite enfance, les gens que tu côtois ou tu as perdus, tes états d’âmes.
— Pourquoi faire ?
— Un travail ensemble. Je sais qu’il est parfois difficile de se confier à l’oral, je veux ça pour le même prochain rendez-vous. Je le lirais puis je te le rendrais. On continuera d’échanger sur tes personnalités, tes rêves profonds.
— Pas ce soir donc ?
— Prend le temps de réfléchir. Ce soir c’était juste cinq minutes de discutes. On aura le reste de la vie pour ça. Maintenant, soit gentille, casses-toi. Un ami m’attend.
Je me saisie du carnet bleu et je prend le temps de le consulter dans le trajet retour. Quelques questions parsème les centaines de pages. Est-ce possible de retourner en arrière ? Je pense que oui, il ne m’a pas menacé de mort !
Cependant, le fait de me questionner plus profond avec lui, me parait plus aidant que la psy qui est de suite partit en croisade contre ma maladie mentale. Elle est forcément complice des expériences, non ? Si ! Le Docteur Hans, me l’a recommandé !
Non, calmes toi Marta, calmes toi ! Il n’y aucune histoire complexe là-dessous. Tu as juste une santé fragile, point. Bon, de retour dans ma chambre, je range le bleu pour le noir. Relisant mes dernières notes qui ne me ressemblent définitivement pas.
Marre de trop me chercher, j’appelle ma sœur pour le premier dîner depuis son retour. Elle accepte avec joie pour m’inviter dans un petit restaurant africain. Ces simples moments-là, c’est aussi surtout ça, qui me manque. La sororité, les non-jugements, la danse dans notre sang.
Elle m’a laissé deux fois dans ma vie et je refuses qu’elle le fasse un troisième fois. Elle est vitale pour moi autant que Roberto et nos parents. Malgré nos onze de différences, nos traumas et notre passion, nos rapprochent. On se comprend, on s’apprend l’une de l’autre.
J’espère de tout mon cœur, que si je chavire, elle saura me tirer de là. Au fond, je m’embarque dans le noir, dans les abysses, dans le vide, sans aucune protection. Pour reprendre un semblant de vie, comme dans mes habitudes, je prendrais tout les risques.
Il faudra tout faire quand même, pour qu’elle ne prenne aucune balle. Personne d’ailleurs. C’est ma vie, ce sont mes choix et mes indécisions. En vérité, oui, je ne suis sûr de rien. Mes premières notes sont jouer, à moi de déterminer si la mélodie final sonnera la paix ou le chao.
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