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Il se promenait dans les couloirs du vaisseau, sans but particulier. Il cherchait à s’occuper, les autres ayant déjà trouvé une activité. Katsuragi discutait avec Étienne, et Haruse était avec Líle et Sziska, qui lui enseignaient le langage des signes. La discussion avec le capitaine ne le concernait pas, et il lui semblait qu’avec les autres il était de trop. Il se retrouvait donc seul, se demandant s’il allait partir à la découverte du navire pour passer le temps. Il ouvrit une porte et accéda à un pont donnant sur l’extérieur. Il s’accouda à la rambarde pour regarder défiler le paysage. L’appareil survolait un terrain rayonnant de vie, où l’émeraude des forêts se mêlait au jade des prairies, et s’alliait parfois au lazuli d’une rivière. La terre défilait à une certaine vitesse, à quelques dizaines de mètres en-dessous. L’enfant releva la tête et remarqua quelqu’un non loin de là, qui profitait également de la vue. Il s’apprêta à le laisser mais l’autre l’aperçut et lui fit signe d’approcher.

« Tu as perdu tes compagnons, Iphis ? sourit l’homme.

- Ils sont occupés, en effet. Et vous, que faites-vous, Aïsto ?

- Je prends une pause après une matinée de travail.

- Vos recherches avancent ? s’enquit l’espion.

- Peu à peu, je dirais. Mais je ne doute pas de ma prochaine réussite.

- Qu’étudiez-vous ?

- Divers domaines, en ce moment les pierres et leurs propriétés. Je pensais que ce domaine ne m’apporterait pas grand-chose, mais j’ai été surpris de mes découvertes.

- Comme quoi, par exemple ? »

L’Alchimiste réfléchit un instant, puis déclara :

« Il est temps pour moi d’y retourner, veux-tu m’accompagner ?

- Je veux bien ! » accepta l’enfant.

Ils quittèrent le pont et retournèrent à l’intérieur. Alors que Kuroyuri suivait le pirate, il se fit la réflexion que celui-ci lui avait rapidement accordé sa confiance. Ils ne se connaissaient que depuis une semaine, et il lui proposait déjà de lui montrer ses recherches. Peut-être était-ce dû à son nom d’emprunt et ses origines fictives, sûrement au fait qu’il était un enfant. Il se demanda comment il ferait plus tard, lorsqu’il serait grand. Il ne bénéficierait plus de sa prétendue innocence.

Ils parvinrent au bureau de l’Alchimiste. Celui-ci, après qu’ils soient entrés, se dirigea vers la bibliothèque de droite.

« Il va sans dire que tout ce que tu verras à partir de maintenant devra rester secret. » précisa-t-il.

La recrue acquiesça. L’homme saisit un livre à la couverture bleue et dorée, et le tira vers lui. Au lieu que l’ouvrage se retrouve dans ses mains, les étagères pivotèrent, dévoilant un passage.

« Suis-moi. » l’enjoignit-il.

Et tous deux s’engagèrent dans le corridor. Ils arrivèrent rapidement à une seconde porte dérobée. En la passant, ils entrèrent dans une pièce assez grande, comportant une unique fenêtre au fond, en hauteur. Sur la droite se trouvaient des piles de boîtes étiquetées et des empilements de livres bien ordonnés, sur la gauche quelques tables alignées accueillaient divers instruments et ustensiles, ainsi que des matériaux variés. Malgré le manque d’ouvertures, la pièce était assez lumineuse, éclairée par une lampe à zaiphon. Ce dispositif se trouvait difficilement, il s’agissait d’une technologie encore nouvelle, mais celui-ci paraissait artisanal. L’Alchimiste devait être assez doué pour avoir réussi à en fabriquer un.

« Vous avez un laboratoire secret ? s’étonna l’enfant.

- Oui, sourit Aïsto, cela peut paraître classique, mais un passage dissimulé de ce genre me permet justement de détourner les soupçons. Qui penserait que le meneur des pirates cache ses recherches dans un lieu si facile d’accès ?

- En effet, ainsi vous êtes sûr que vos ennemis ne les découvriront jamais. »

La recrue se rendit au côté gauche et observa avec curiosité ce qui s’y trouvait. Au milieu de la table du centre étaient disposées plusieurs pierres. Il en désigna une, de couleur rouge, et demanda :

« Quel est le nom de celle-ci ?

- Il s’agit du grenat. C’est une pierre de vitalité, expliqua l’Alchimiste, qui apporte le courage.

- Et celle-là ?

- C’est de l’obsidienne, symbole de force et d’équilibre absolu.

- Et les deux ici ?

- Celle qui a l’air grise est de la labradorite, liée à la stabilité et à l’intuition. La violette est une améthyste, on dit qu’elle est source de sagesse et de sérénité.

- C’est passionnant ! admira l’enfant. Et vous connaissez les propriétés de toutes les pierres ?

- La majorité, et j’essaye de les découvrir toutes pour les utiliser. »

La recrue parut hésiter, puis posa une autre question :

« Menez-vous toutes ces recherches pour trouver la pierre philosophale ?

- Non, s’amusa l’homme, j’ai trouvé bien mieux que ce cliché d’alchimiste.

- Vraiment ? s’étonna l’autre, incrédule.

- Peux-tu garder un secret ?

- Je pense.

- En fait, commença le pirate, mes recherches m’ont mené à une théorie assez intéressante. Il serait possible en associant certaines vertus des gemmes avec du zaiphon des trois catégories de créer un joyau plus puissant que la pierre philosophale. Il permettrait, outre de synthétiser la matière ou de changer le plomb en or, d’acquérir une puissance presque divine. On nomme cet artéfact l’œil de Gabriel.

- C’est incroyable ! s’exclama Kuroyuri. Et avez-vous réussi à l’obtenir ?

- Pas encore, mais j’y travaille. Et je pense être sur la bonne voie.

- Et que ferez-vous une fois que vous l’aurez ?

- Je prendrai le pouvoir sur le monde. »

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