La Phalène ‒ ǀ 2 ǀ
Un soir, je contemplais la flamme paresseuse
D'un lampion de fortune, une simple bougie :
Le moindre coup de vent donnait à la danseuse
L'air de se tortiller sur sa mèche rougie ;
Une lueur jaunie apposait à l'entour
L'empreinte de son feu en ombres animées...
Vint à passer par là, au hasard d'un détour,
Un voyageur nocturne aux voiles abimées ;
Attiré malgré lui, pauvre hère perdu,
Il se jeta d'un coup au milieu de la cire !
Je me brûlais les doigts ‒ l'attraper fut ardu ‒,
Lui y laissa ses ailes, et il fallut l'occire
Car le laisser survivre aurait été cruel :
L'attendait l'agonie d'un ange privé d'ailes...
Il est de par le monde un peu trop de bougies,
Et bien des inconscients attirés à l'envi
Par de trompeuses flammes, hypnotiques et vaines,
Où ils n'obtiendront rien d'autre que mort ou peine...
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© Clelia Maria CASANOVA
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