Dans les pas des géants avec bonheur je marche,
A travers la prairie où murmure le vent,
Où tout me paraît libre, où tout semble vivant.
Des arbres torturés ont tressé là des arches,

Dans un gazon vert clair, sans un seul brin jauni
Pour rappeler l'été et ses couleurs ternies ;
C'est la douceur du Nord arrosé dans la nuit
De fines gouttes d'eau où le soleil reluit.

Au-dessus de mon front levé vers le feuillage
Se tordent puissamment de grisâtres branchages,
Où la lumière s'éprend des vapeurs de l'éther
S'élevant doucement au-dessus de la terre.

Rien qu'en fermant les yeux j'entrevois les légendes,
Et j'entends les guerriers qui parcourent la lande ;
Leurs cris se sont mêlés aux bruissements du vent :
Une chanson s'élève en un son captivant...

Oui, l'autre monde est là, aux abords du chemin,
Je pourrais le toucher rien qu'en tendant la main !

C'est une sensation sur ma peau qui frissonne,
C'est mon regard qui cherche où ne se tient personne...

Il est pourtant certain que quelque chose attend,
Juste au bord du réel, aux frontières du temps...

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© Clelia Maria CASANOVA