Jour 8
– Vous avez souffert hier, n’est-ce pas ?
– Oui… J’ai eu l’impression de m’épuiser docteur, je n’arrivais pas à trouver mes mots… Et puis en parlant à une amie, j’ai compris que j’allais devoir corriger presque toute l’histoire depuis le début, c’est dur.
– Ah, mais qu’est-ce que vous croyez ? Les histoires dont on accouche sont comme des nouveau-nés : lorsqu’ils sortent du ventre, ils sont sales, ils sont souillés, ils portent des stigmates, il faut les nettoyer délicatement pour les rendre présentables aux yeux de ce monde… Et encore, s’ils font de beaux nourrissons, il faut des années pour en faire de belles personnes. Heureusement, avec les histoires, le processus est un peu plus rapide… Quoi que certains auteurs mettent parfois des années à peaufiner leur texte dans les moindres détails. Pour l’heure en ce qui vous concerne, le plus important c’est de ne pas vous arrêter de pousser sur ces touches pendant les trois semaines de travail qu’il nous reste. Il faut absolument délivrer la vie qui habite vos mots. Vous aurez tout le temps après de vous inquiéter de la pouponner et de viser la perfection.
– Bon, puisque vous le dites, j’y retourne, avec un peu plus de temps aujourd’hui.
– Bien, faites-vous plaisir en découvrant où ces mots vous mènent.
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