– Vous réalisez qu’il ne vous reste plus que huit jours à tenir, et même peut-être moins que cela si vous maintenez votre rythme actuel. C’est bien non ?

– Oui, mais j’ai toujours l’impression de gravir l’Everest, docteur. Et plus j’avance, plus j’ai l’impression que le sommet s’éloigne…

– Cela dépend de quel sommet vous parlez. Il y a d’abord celui des 50 000 mots qui vous tend les bras, si près que vous pouvez presque le toucher, vous le voyez ?

– Oui, mais j’ai un peur de le regarder en face, comme si ce n’était qu’un mirage…

– Oh, ne vous en faites pas pour lui. Il ne bouge bas, quoi que vos yeux en disent. Et à chaque lettre, à chaque mot que vous ajoutez, il se rapproche un peu plus, que vous le sentiez ou non. Mais vous visez autre chose, n’est-ce pas ? Vous pensez à votre histoire…

– Oui.

– Et vous avez raison ! Elle n’a jamais passé de contrat à 50 000 mots, vous savez. Ce qu’elle a passé avec vous, c’est une promesse. Celle que vous l’écouterez, jusqu’au bout, depuis ce monde intérieur pour lui donner corps dans le nôtre. Peut-être en fera-t-elle 50 000, peut-être 60 000 ou plus s’il le faut, mais vous continuerez de l’écouter, parce que votre défi est là, votre cœur est là. Et vos mots vous attendent. Ne les laissez pas s’impatienter plus longtemps…