Jour 24
– Hé bien, vous y êtes finalement arrivé, hier, non ?
– À peine, je vous assure, docteur, c’était dur. À la fin, je ne trouvais même plus mes mots. J’avais mal aux yeux, j’étais épuisé, je voulais tout arrêter…
– C’est peut-être que vous avez cherché à trop vous pousser, là où vous devez encore faire preuve de patience. Vous ne pouvez pas forcer la naissance d’une histoire, vous savez, même si près de la fin… Je sais que c’est difficile après tout le chemin que vous avez parcouru, mais il est très important de ne pas brusquer les choses. Au contraire, il faut la prendre gentiment par la main, votre histoire, lui souffler les mots, toujours l’un après l’autre, lui donner confiance, lui écrire que le moment est venu de sortir, mais que vous ne la lâcherez pas, même lorsque elle passera le point final par votre clavier. Vous comprenez ?
– Oui, je crois… Et je veux lui donner tout ce dont elle a besoin, mais j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être un bon auteur pour elle…
– Vous serez un bon auteur pour votre histoire quoi qu’il arrive, parce que vous lui aurez donné la vie. Parce que vous aurez cru en elle. Parce que chaque mot que vous aurez écrit sera venu du cœur, de ce que vous avez de plus profond en vous… Et puis ce ne sera que le début d’une nouvelle aventure, parce qu’après sa naissance, vous l’élèverez, vous lui transmettrez d’autres parts de vous-même et quelque chose d’autre se produira… Mais encore une fois, n’allons pas trop vite. Et vous savez quoi ?
– Non.
– Aujourd’hui est un autre jour. Alors oubliez vos difficulté d’hier et pensez à ce que vous allez construire ce matin, cet après-midi ou ce soir. Pensez que ces mots qui vont venir vous ressembleront, pensez qu’ils vous mèneront, vous et votre histoire, à un heureux évènement. N’est-ce pas ce que vous attendez ?
– Si…
– Hé bien, souriez et écrivez !
– Oui, merci, docteur.
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