Le début des préparatifs . . .
Je me remets droite et m'immobilise, indiquant ainsi à mon cheval de s'arrêter. Je pose pied à terre et flatte son encolure pour le remercier de m'avoir transportée jusqu'ici.
Je me dirige ensuite vers le grand bâtiment en bois, suivie par mon compagnon. Nous nous approchons des enfants qui s'amusent à courir dans tous les sens et je les salue :
- Bonjour !
Ils se figent, nous observent pendant quelques secondes, puis plusieurs se précipitent vers nous en s'exclamant :
- Ce sont Éléonore et le caporal-chef Livaï !
Ils viennent nous encercler et quelques-uns s'aggripent à ma jupe rouge en disant :
- Cela faisait si longtemps !
- Tu nous a manqué, Éléonore !
- Dis, tu viens nous raconter une histoire comme tu le faisais avant ?
- D'accord, accepté-je en m'agenouillant pour caresser leurs cheveux.
- Les enfants ! s'interpose une voix. Arrêtez d'embêter nos visiteurs !
En levant les yeux, je vois s'approcher de nous un jeune homme à la chevelure dorée lui tombant sur les épaules et aux yeux verts. Je le reconnais aussitôt :
- Charles !
- Bonjour, Éléonore. Bonjour, caporal, nous salue-t-il en souriant chaleureusement.
Je me précipite vers lui pour me jeter dans ses bras. Il me rend mon étreinte, puis je m'écarte de lui pour mieux l'observer et remarque :
- Comme tu as grandi ! Tu me dépasses déjà !
- Quand je pense que le jour où on t'a rencontré, tu n'étais encore qu'un gamin, dit Livaï.
- C'est bien normal, je vais bientôt fêter mes dix-huit ans alors . . .
- Tu as déjà plus de dix-sept ans ! Le temps passe si vite ! Seulement, dis-moi, que feras-tu quand tu seras libre de quitter l'orphelinat, dans quelques mois ?
- Je resterai ici pour prendre soin de mes cadets et des futurs arrivants. Je ne retournerai m'installer sur mes terres familiales que lorsque je me marierai, mais même dans ce cas, je continuerai à aider du mieux que je peux cet établissement.
- En parlant de mariage, on était justement venus t'annoncer quelque chose . . .
- Je vous écoute . . .
- Elle veut juste te dire qu'on a décidé de se marier, tous les deux, termine mon fiancé pour moi.
- J'aurai pu finir cette phrase toute seule, mais merci, lui lancé-je sur un ton taquin.
Charles nous observe en silence pendant quelques secondes, les yeux ronds, puis éclate de rire.
- Qu'est-ce qui te prend, encore ? lui demande Livaï.
- Oh, désolé . . . C'est juste que, depuis que je vous connais, je me suis toujours dit que, malgré vos différences, vous formeriez un beau couple, alors ça m'amuse de constater que j'avais visé juste, mais, hormis cela, je suis vraiment content pour vous.
Je souris, mais n'ai pas le temps de le remercier car les enfants qui nous entourent se mettent à sautiller et à taper des mains en chantonnant, visiblement surexcités :
- Éléonore va se marier ! Éléonore va se marier ! Ha ha ha !
J'échange un regard avec l'adolescent, puis nous rions en choeur, pendant que Livaï se contente de secouer la tête en soupirant.
Nous nous dirigeons ensemble vers l'intérieur du bâtiment afin que je raconte aux enfants une histoire, comme promis. En chemin, notre jeune ami nous avoue :
- J'étais vraiment inquiet pour vous, en apprenant tous les désastres qui s'enchainaient sur notre ile, il y a bientôt quatre ans, mais ce n'était rien comparé à l'angoisse que j'ai ressenti en sachant que vous aviez quitté Paradis dans le but d'arrêter le grand terrassement. Quand j'ai vu Mikasa rentrer sans vous, quelques jours plus tard, j'ai cru qu'il vous était arrivé malheur. J'étais à deux doigts de pleurer, mais elle m'a rassuré en m'expliquant que vous alliez bien et que vous reviendriez bientôt. Depuis ce jour, j'attendais votre retour avec impatience ! Je suis vraiment soulagé de vous retrouver sains et saufs.
- C'est réciproque, lui affirmé-je. Tu sais, j'ai beaucoup pensé à toi pendant tout ce temps, mais je savais que tu étais en sécurité sous la protection de notre reine.
- En effet. Elle continue de veiller sur nous avec tendresse et bienveillance. Je ne crois pas qu'il puisse exister meilleure souveraine qu'elle.
- Je suis de ton avis, confirmé-je.
- Erwin ne l'a pas choisie au hasard, ajoute Livaï. Il savait que malgré son jeune âge et son manque de maturité, elle avait toutes les qualités pour devenir une bonne reine.
Nous acquiesçons. En discutant ainsi, nous arrivons dans l'un des dortoirs de l'orphelinat. Je m'installe sur un lit, pendant que les enfants prennent place autour de moi. Je me râcle la gorge pour m'éclaircir la voix et commence :
- Il était une fois . . .
*
Le soir-même, je m'installe à un bureau du palais et m'empare de feuilles, d'une plume et d'un encrier.
- Qu'est-ce que tu fais ? me demande mon fiancé.
- Je me disais qu'on devrait commencer à rédiger les invitations, mais je ne me suis pas encore décidée sur la date. Est-ce tu penses qu'on devrait se marier au début de la nouvelle année ou le jour anniversaire de notre rencontre ?
- À toi de voir . . .
- Tu n'as pas l'air si investi que cela dans les préparatifs . . .
- Bien sûr que si.
- Alors pourquoi est-ce que tu n'émets aucun avis ni aucune proposition ? Tu me dis toujours que c'est à moi de décider, comme si tu t'en fichais totalement ! m'écrié-je, irritée.
- Calme-toi. Je ne m'en fiche pas du tout, loin de là. C'est juste qu'à mes yeux, je n'ai pas besoin d'un mariage pour prouver notre amour. J'ai accepté ta demande avant tout pour te faire plaisir, parce que je voyais bien que cela te tenait à coeur. Et maintenant encore, si je te laisse décider de tous les détails, c'est parce que je veux que cet événement soit exactement à ton gout. Ce mariage me rend heureux parce qu'il te rend également heureuse. Ton bonheur est la seule chose qui compte, déclare-t-il en prenant mes mains dans les siennes.
Je suis si émue par son petit discours que je sens les larmes me monter aux yeux ! Je me blottis contre lui en m'excusant :
- Je suis désolée de m'être fâchée contre toi. Je sais pourtant que tu es l'homme le plus attentionné du monde ! Pardonne-moi.
- Ce n'est rien, dit-il en attrapant mon menton entre son pouce et son index pour plonger son regard gris-bleuté dans le mien. Je comprends que j'ai pu te paraitre détaché de tout cela, mais pour te prouver le contraire, laisse-moi te poser une question . . .
- Qu'est-ce que c'est ?
- Tu as dit que tu savais déjà où tu voulais qu'on se marie. Quel est cet endroit ?
- C'est simple, dis-je en souriant. Il s'agit tout simplement du lieu de notre rencontre, mais également celui où nous avons passé le plus de temps ensemble : le district de Trost.
Annotations
Versions