Le cuisinier
Il fait nuit. J'écris à la lueur d'une lampe à l'huile. Je ne tarde pas à poser ma plume pour me lever et montrer la feuille de papier noircie à Livaï, en lui expliquant :
- J'ai rédigé la liste de toutes les personnes que j'aimerai inviter. Jettes-y un coup d'oeil et dis-moi si tu aimerai ajouter des noms.
Il prend la feuille et lit attentivement les noms qui y sont inscrits :
"Mikasa Ackerman
Armin Arlelt
Historia Reiss
Ymir Reiss
Jean Kirschtein
Conny Springer
Reiner Braun
Annie Leonhart
Pieck Finger
Gaby Braun
Falco Gleis
Charles Edel
Hitch Dreyse
Rico Brzenska
Kiyomi Azumabito
Nicolo
Onyankopon
Jelena"
- Tu tiens vraiment à inviter cette femme à barbe ? demande-t-il avec une petite grimace en lisant le dernier nom.
- Elle nous a certes causé bien des ennuis, mais finalement, nous n'aurions jamais pu sauver le monde sans elle et elle se dévoue aujourd'hui à aider au rétablissement du continent et au bien-être des survivants qui n'ont toujours pas de toit fixe, tout comme nous l'avons fait pendant les plus de trois ans suivant le grand terrassement et tout comme nous continuerons à le faire aussi longtemps que nécessaire. Elle reste donc notre alliée et puis, je sais que ça lui fera plaisir.
- C'est vrai qu'elle est obsédée par la soeur de ses héros. . . commente-t-il simplement. Tu peux ajouter le nom de Flegel. Il a été l'un des seuls à nous soutenir pendant nos moments difficiles, c'est un bon gars.
Je hoche la tête et ajoute ce prénom à la liste, puis déclare :
- J'aimerai aussi inviter les familles de nos amis les plus proches, comme celles de Jean et Conny, mais aussi la famille de Sasha. Elle était une amie si précieuse pour nous ! Je la considérais comme une sorte de petite soeur.
Il acquiesce. Je reprends la parole :
- Je remettrai en main propre son invitation à Nicolo quand j'aurai fini de la rédiger. J'en profiterai pour lui demander un service.
- Lequel ?
- À ton avis ? lui demandé-je avec un clin d'oeil et un sourire en coin.
*
Le carosse s'arrête devant un grand bâtiment blanc aux façades élégamment sculptées. Nous posons pied à terre, gravissons les marches du porche et poussons la porte en bois permettant d'accéder à l'intérieur de l'établissement. Le sol est recouvert d'un luxueux tapis rouge et un énorme lustre en or et en cristal pend au plafond. Nous entendons bientôt une voix nous accueillir :
- Bienvenue à vous . . .
Elle s'interrompt soudainement et le grand homme blond à qui elle appartient se fige de surprise en nous reconnaissant. Comme il reste bouche bée, je décide de briser le silence par moi-même :
- Bonjour, Nicolo ! Comment vas-tu ? Cela faisait longtemps ! lui adressé-je en venant serrer sa main.
- Je vais bien . . . Ça alors ! Je ne m'attendais à vous revoir de si tôt . . . C'est vraiment une bonne surprise !
- Je suis ravie de l'entendre dire ! Nous sommes tout aussi enchantés de te revoir sain et sauf ! La haine de certains eldiens de cette ile envers les mahrs était telle que je me suis inquiétée pour toi, tu sais ?
- Oui, ce n'est pas toujours facile. Il y en a encore qui lâchent des commentaires xénophobes, mais je tiens le coup. Il faut bien . . .
- Tu es vraiment courageux, le complimenté-je en posant une main sur son épaule. Rassure-toi : en tant qu'ambassadeurs d'Eldia, nous te promettons de tout faire pour instaurer des liens bienveillants entre eldiens et mahrs, qu'ils vivent sur cette ile ou sur n'importe quelle autre terre. Bientôt, toutes ces années d'humiliation ne seront plus qu'un mauvais souvenir.
- Merci, c'est gentil. Puis-je vous offrir quelque chose à manger ?
- Non, ça va aller, lui répond Livaï, mais tu vas bel et bien cuisiner pour nous malgré tout.
- Comment ça ?
- Éléonore et moi allons bientôt nous marier . . .
- Oh, vraiment ? Félicitations !
Je remercie l'homme d'un sourire. Mon fiancé poursuit :
- Oui, c'est pourquoi nous faisons appel à tes services. Nous voulons que tu prépares le banquet de mariage.
- Tu es le meilleur cuisinier que nous connaissions ! ajouté-je. Nous nous régalons toujours à chacun de tes repas ! Nous tenons vraiment à ce que ce soit toi, si tu es d'accord, bien sûr . . .
- Et comment, que je suis d'accord ! s'exclame-t-il. Comptez sur moi pour vous concocter le meilleur banquet que vous n'aurez jamais dégusté de toute votre vie !
Je ris, tandis que l'homme à la chevelure noire dit :
- C'est justement parce qu'on compte sur toi qu'on a fait appel à toi.
- Ah, encore une chose, Nicolo : tu ne seras pas que notre cuisinier pour cette occasion, mais aussi l'un de nos invités, déclaré-je en lui présentant une enveloppe.
Il la prend, puis nous remercie avec un hochement de tête, en souriant :
- Je vous remercie.
- En fait, il semblerait que tu sois hébergé par la famille Braus . . .
- Oui, nous sommes inséparables depuis que je les ai invités à manger dans mon restaurant. J'avais décidé de rester avec eux pour veiller sur eux suite aux tragiques événements d'il y a bientôt quatre ans, maintenant et ils m'ont chaleureusement accueilli dans leur famille, à tel point que c'est comme si j'en faisais partie, maintenant.
- Tu m'en vois ravie pour toi ! Tu pourrais leur donner cette enveloppe en rentrant, dans ce cas ? Elle contient leur invitation pour notre mariage. Je tiens à ce que la famille de l'une de mes meilleures amies soit présente.
- Bien sûr, vous pouvez compter sur moi pour ça aussi.
- Merci, Nicolo.
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