34. Du n'importe quoi au n'importe que toi
C'est alors que j'ai fait un peu n'importe quoi.
J'ai été très légère. J'ai couché avec un homme dans les toilettes d'une discothèque, au vu et au su de ceux qui passaient par là.
J'ai tenté de séduire des jeunes femmes mais sans grand succès.
J'ai testé à plusieurs reprises le confort des voitures en stationnement, si vous voyez ce que je veux dire.
Oui, j'ai papillonné, virevoltant avec mon corps d'amant en amant. Je suis allée loin, avec plus ou moins de chance et de bonheur. Tout cela, jusqu'au jour, ou plutôt le soir où je me suis retrouvée bien éméchée seule dans une chambre d'hôtel miteux avec trois garçons, que j'avais accepté d'accompagner avec toute ma fierté et mon orgueil de femme libérée, libre dans son corps et dans sa tête.
Ca avait bien commencé, dans le bar, un petit délire grivois avec des clins d'oeil et allusions coquines, puis de fil en aiguille, un petit défi, fière comme j'étais en mon for intérieur, l'orgueil gonflé par l'alcool ingurgité. Je les ai suivis jusqu'à cet hôtel, heureusement que j'ai pris ma voiture ce soir là, même si ce n'est vraiment pas prudent de conduire dans cet état, je ne sais pas ce que je serais devenue si j'étais montée seule avec eux trois dans leur voiture.
Ils paient la chambre et nous montons à l'étage.
Une fois dans la chambre, je n'avais pas peur, aurais-je peut-être dû ? Étais-je trop saoûle pour cela ? Je n'en sais rien.
Mais je me laisse faire, j'en embrasse un, puis le deuxième et enfin le troisième un peu plus timide.
Je suis rapidement mise à nue, je n'ai aucune gêne, dans mon état d'esprit seul compte l'envie de voir la leur de nudité.
Dans ces situations j'ai l'impression que les préliminaires sont toujours trop courts, du moins à mon endroit. Ils ne sont pas là pour me donner du plaisir mais bel et bien pour en prendre. Ça ne tombe pas très bien car je suis dans le même état d'esprit.
Pourtant, j'essaie d'apprécier ces caresses un peu brusques, un pelotage en règle. Et, de mon côté je tâte également, j'attrape et bien sûr, je caresse moi aussi.
Je me foutais pas mal dans l'instant de l'image que je pouvais renvoyer à ces hommes. Alors j'ai continué sur la lancée.
Deux sur trois étaient plus entreprenants. Je m'allonge sur le dos, et le premier vient rapidement s'immiscer au creux de mes cuisses. J'arrive à lui faire passer le message que l'entrée en matière ne pourra se faire de manière trop rapide, car effectivement mal préparée, je n'étais pas encore assez...émoustillée. Un début un peu mécanique, certes. Mais le tout est de de laisser aller.
J'arrive à attirer à moi le deuxième pour l'avoir à portée de main. Le troisième restait en retrait en caleçon.
Je le regardais alors qu'un de ses amis allait et venait en moi, et que je caressais l'autre.
La satisfaction et le plaisir que je retire alors de cet instant est de voir l'effet que je fais sur ce troisième homme, plus timide, plus lent à démarrer. J'ai l'excitation qui est là, peu de plaisir physique mais sur le coup, une jouissance morale de voir le tissu de son caleçon se dresser fièrement sans aucune intervention manuelle, par la simple vue de mon corps dénudé en action.
Je tourne la tête et prend un sexe entre mes lèvres, ce qui a pour effet de finir de l'endurcir.
Celui qui me pénètre, arrive au bout de ses possibilités et jouit assez rapidement.
Celui que je suçais enfile une capote et vient pour le remplacer. Il me demande de me mettre à quatre pattes pour venir me prendre en levrette.
J'essaie d'attirer à moi, le plus timide. Il retire son caleçon pour laisser apparaître une belle érection.
Il se rapproche, j'arrive à peine à l'attraper du bout des doigts pour le caresser pendant que son copain s'active dans mon dos, accroché à mes fesses.
Il ne se rapproche pas plus et reste loin de moi en se caressant doucement.
L'alcool agit de plus en plus, je perds pied. Je prends des fessées et ne dit rien.
Je constate que la culture porno est persistante chez les hommes de la vraie vie.
Le deuxième vient plus rapidement que le premier qui, d'ailleurs, retrouve la forme et s'approche de ma bouche.
Il s'agrippe à ma tête et manque de m'étouffer. Je ne vois pas quel plaisir il retire de tout cela. Je hais les films x à cet instant.
Il est de plus en plus brusque et l'alcool n'aidant pas, je suis de moins en moins alerte.
Il vient se placer derrière et j'évite la sodomie de peu. Il a encore une once de respect pour moi quand il a senti ma réticence, il s'est ravisé.
Par contre, il vient me prendre comme... comme un malade. C'est une telle intensité que je tombe à plat ventre et mes fesses subissent les assauts de son pubis poilu qui me claque littéralement le derrière. Une fois terminé son affaire, il se retire. À cet instant, je commence à me sentir un peu mal.
Je me place sur le dos et le dernier vient enfin en moi. Plus doucement que les deux autres. Il est à l'image de tout ce qu'il m'a montré jusqu'alors.
Il peine cependant à me refaire basculer du côté du plaisir. Par contre, lui, j'ai de la satisfaction à lui en donner.
Il se redresse alors. Et le second, celui qui m'avait assaillie en premier sur la levrette vient se caresser frénétiquement au dessus de mon visage. Il me jouit dessus en me traitant de salope.
À partir de ce moment là, je ferme les yeux et je me concentre sur la seule personne encore en moi.
Il ne tarde pas non plus à venir lui aussi. Malgré ses efforts, je n'ai pas pris beaucoup de plaisir.
Ce soir là, c'était pire qu'avec Jean. Un jouet sexuel. Ils ont joué littéralement avec la femme objet que j'étais pour eux, la fille facile.
Ils sont vite partis, en me laissant seule dans cette chambre d'hôtel.
J'étais là, comme sonnée, l'alcool y était pour beaucoup, allongée sur le lit. Je ne sais combien de temps je suis restée immobile presque prostrée.
Quand je me suis relevée, c'était pathétique à voir. Un préservatif usagé gisait sur le lit qu'on n'avait même pas pris le temps de défaire.
Sur la moquette, un deuxième et un troisième dans le même état.
Je me sentais sale.
Heureusement pour moi, ils ont pris un hôtel où les chambres sont avec douche.
Après une longue douche bien triste qui a contribué à finir de me dessaoûler, je suis vite rentrée chez moi, seule. Et je me suis littéralement enroulée dans ma couette en pensant aux jours meilleurs...
De son côté, Christophe a fini son service national et, bien sûr, vivait sa vie de son côté. Il devait, je suppose, avoir fait des rencontres et forcément m'avait remplacée.
Je savais qu'il s'était sérieusement mis au sport, et pas grand chose de plus.
C'est par le biais de ma tante dont il est resté très proche que j'arrivais à glâner quelques infos. Ce n'était pas par jalousie ou par envie, juste par curiosité. Le fameux :
- Tiens j'ai croisé Christophe .
- Ah oui ? Qu'est ce qu'il devient ?
Rien de plus.
En "direct", on ne se donnait que très peu de nouvelles et c'est au détour d'une de ces discussions devenues bien rares qu'il m'a appris qu'il allait partir pour Bordeaux où il avait décroché un boulot.
Comment vous dire... j'étais contente pour lui, oui. Mais... le fait de...
Ça va vous paraître déplacé mais, le fait de ne plus l'avoir sous la main et bien ça me faisait quelque chose.
Et au fil des mois, le poids du célibat était bel et bien là, il s'est mis à me manquer. Et ce, un peu plus chaque jour, et puis il m'a manqué beaucoup, passionnément et puis terriblement trop...
Ça devenait obsédant, je me rendais compte que son absence marquait un grand vide en moi... le soir, toute seule, je me laissais porter par le blues, le matin c'était de plus en plus dur de se motiver pour se bouger du lit. Heureusement que je me forçais car j'arrivais encore à me concentrer sur autre chose que ses yeux noisettes et sa belle bouche, son nez cassé et, et... tout son être.... tout entier.
Je l'ai donc appelé pour "prendre de ses nouvelles".
Après les politesses d'usage, il se rend bien compte que tout ne va pas bien dans ma vie et finit par me demander plus sérieusement si ça allait... ou plutôt ce qui n'allait pas.
Je n'y suis pas allée par quatre chemins :
- Christophe , faut que je te dise, tu... tu me manques trop, je crois que je t'aime encore.
- Ah. - un blanc- Oui mais là je suis à 600 bornes, on ne peut trop rien faire, ce serait tellement plus simple si on pouvait se voir en direct et se parler de vive voix ! Histoire de faire le point... parce tu me parles d'une absence... et pour le coup j'aimerais que tu sois absolument sûre de toi... tu pourrais venir sur Bordeaux ?
- je pourrais me dégager 2-3 jours mais pas plus, ma responsable est super cool mais le boss ce n'est pas la même.
- ok, mort pour venir en voiture. Et le train je ne t'en parle même pas. Il reste l'avion. Si tu achètes ton billet 1 mois à l'avance tu as de bonnes réduc..
- Je vais voir ça alors...
Donc nous avions convenu de nous revoir pour faire le point sur notre relation. Je suis allée à l'aéroport de Satolas pour prendre mon billet.
Mon avion était un mois et demi plus tard...
Il ne me restait plus qu'à patienter.
Annotations