4. La visite... suivis du guide ?
Au mois d’août, à deux jours de partir en vacances, nous avons franchi le pas.
Après une journée estivale aux températures relativement élevées, la soirée ne demandait pas son reste et le thermostat ne descendait que très lentement.
Je m’étais donc habillée en conséquence avec une simple robe légère à fines bretelles, au un léger décolleté et fermée par de petits boutons. Une jolie robe, pas provocante mais confortable pour profiter de la chaleur du soir sans la subir.
Après être allés boire un coup à une terrasse de café, nous sommes approchés de la rue des 4 chapeaux où se trouvait le magasin en question.
Nous sommes donc partis à la découverte de ce lieu étrange, dans l’esprit d’un shopping dit normal.
Nous nous rapprochions et plus ça allait plus je sentais la peur et l'excitation monter en moi. Je serrais de plus en plus la main de Christophe , je m’agrippais à lui.
Le moment était venu de franchir le seuil du magasin.
J'ai été surprise, ce n'était pas glauque du tout, le gérant très souriant et accueillant. C’était comme une épicerie du sexe, une caverne d’Ali baba du pornographe. Pas le genre de magasins qu'on voit fleurir un peu partout maintenant.
Comment vous expliquer ce que je ressentais ? J'étais très fière d'avoir osé, et émoustillée d’être dans un lieu dédié au sexe.
Je découvrais enfin ce que pouvait être un sex shop. Ce magasin était petit, éclairés par des néons rouges roses ou bleus, ce qui donnait une ambiance particulière.
Au dessus du rayon des vidéos, un écran diffusait un film ou une jeune femme se faisait entreprendre par trois beaux mecs.
Dans le rayon vêtement, la lingerie était très osée mais pas forcement jolie, il y avait beaucoup de déguisements type infirmières sexy ou autre, et des perruques.
Ainsi, je contemplais toutes ces collections de VHS, d’accessoires de lingerie tout en partageant des commentaires amusés (ah ? les poupées gonflables ça existe encore ?) ou impressionnés avec mon chéri.
Alors que j'étais ébahie devant le rayon des sextoys, ne sachant où donner de la tête, à me demander comment pouvaient fonctionner certaines de ces « choses » et qui pouvait bien les utiliser, un couple est entré dans le magasin.
Lui, la cinquantaine bel homme, bien habillé et elle la trentaine d'une beauté extraordinaire, habillée jupe chemisier, très classe.
Je les observais, amoureux et complices devant les vibromasseurs. Apparemment, Monsieur, lui laissait la liberté de choisir celui qu’elle voulait.
Elle jeta son dévolu sur un des jouets devant lequel nous avions été impressionnés par la taille et la complexité.
Contente de son choix, elle se retourna me fit un grand sourire et un clin d’œil complice. Surprise je me suis sentie rougir d'un coup.
Je les ai regardés s’éloigner vers la caisse. Au moment de payer, le gérant leur a proposé d'aller visiter les cabines, s'ils le souhaitaient, mais non, ils devaient être pressés d’essayer leur nouvel accessoire et sont ressortis.
J’étais encore surprise de cette rencontre fortuite. J’avais devant les yeux une foule d’objets que jamais de la vie je ne me voyais les acheter, et là, une femme venait de me prouver qu’il n’y avait pas de honte, et que c’était en quelque sorte possible.
Après cela, nous avions le sentiment d’avoir fait le tour du magasin, nous savions ce qu’il y avait dans un sex shop. Notre curiosité était satisfaite, et il était donc temps de ressortir.
Au moment de franchir la porte, nous avons eu droit à la fameuse question qui, je pense, est d’usage à chaque fois qu’un couple rentre ici :
- une petite visite dans nos cabines ?
Après avoir repoussé l’invitation, nous sortons de l’échoppe.
Nous étions comme dans un état second. Il n'y avait pas que tous ces objets qui m'avaient chamboulée. C'était aussi le simple fait d'être entrée dans un lieu interdit et d'avoir eu un petit moment de connivence avec une femme qui, elle, avait franchi bien plus d'étapes que moi.
Alors que nous errions depuis quelques minutes comme pour nous remettre de nos émotions, quelqu'un s'est écrié derrière nous :
- S'il vous plaît, excusez moi !
Nous nous sommes retournés :
- Oui ?
C'était un homme la quarantaine, pas très beau, un peu dégarni, pas moche mais plutôt commun.. banal. Il était cependant bien habillé.
- Excusez moi.. mais c'est bien vous que j'ai vu dans le sex shop tout à l'heure ?
Alors là, ce n'était plus pareil ! Mon cœur s'est emballé, j'étais aux trente-sixièmes dessous... le courage c'est une chose, dans l'anonymat du magasin. Mais, là, être déjà repérée dans la rue... Ma première visite dans un sex shop et ça se trouve, déjà cataloguée « salope » par le premier passant venu ?
Tout se mélangeait dans ma tête...
Christophe me regarde rassurant, il me sourit, se retourne vers l’inconnu et :
- Euh.. oui.. pourquoi ?
- Vous me paraissiez bien jeunes pour ce type d'endroit, et j’étais curieux de savoir ce qui vous y a poussé et ce que vous en pensiez. Vous avez attisé ma curiosité. Ça vous dirait qu’on en discute devant un verre ?
J’étais encore dans le tourbillon de cette petite expérience, et lui qui apparaît là comme par magie. Tout cela, ne faisait que renforcer le côté délirant de cette soirée.
Nous échangeons un regard, puis un sourire et finalement :
- Allez, pourquoi pas.
Nous fîmes quelques mètres sans un mot. Un silence un peu gêné quand même.
La situation était comment dire ? Cocasse ? Oui il faut le reconnaître.
Nous étions un peu pensifs. Personnellement, j’avais comme l’impression de m’être faite attraper en pleine bêtise ou plutôt, comme si après le sport, la porte de la douche s’ouvre tout à coup devant l’homme d’entretien alors que vous êtes encore pleine de mousse et qu’il ne se cache pas pour se rincer l’œil, lui. : Vous êtes saisie !
Donc malgré la chaleur pesante, j’étais accrochée à mon homme. A ma droite, marchait d’un air décontracté cet inconnu les mains dans les poches.
C’est lui qui rompit le silence le premier :
- Au fait, je ne me suis pas présenté, je m’appelle Alain. Et vous ?
- Carole, Christophe .
- Et bien, enchanté de faire votre connaissance, dit-il d’un ton enjoué qui se voulait rassurant. Et vous avez quel âge ?
Christophe : - 22 ans tous les deux. Et vous ?
- Moi, 45 et tu peux me tutoyer. Vous êtes étudiants ?
Moi : - Oui on est tous les deux dans le développement durable en agro. Et vou- euh et toi ?
- Je suis prof de math à la fac. Et que font deux étudiants en agro dans un sex-shop un vendredi soir du mois d’août ?
Christophe : - Ben, l’envie de découvrir.
Moi : - Oui la curiosité.
Il est clair que nous n’en menions pas très large dans cette conversation. On ne s’est d’ailleurs même pas demandé ce que, lui, faisait dans cet endroit.
Il reprit ses questions :
- Drôle de curiosité quand même. Un vendredi soir, des étudiants, ça fait plutôt la fête, non ? Qu’est ce que vous cherchiez ?
Ben..
- Je ne sais pas mais peut-être cherchez-vous à arpenter de nouveaux chemins ? On va dire moins, conventionnels ?
Je regarde Christophe, gênée, il n’est pas trop fier non plus.
Mais que répondre à cela ? Une seule réponse possible : Oui.
Mais, d’une part seulement fallait-il l’assumer. Et d’autre part, cette question vient d’être posée par quelqu’un que l’on ne connaît pas le moins du monde !
Christophe : - Ben on va dire ça comme ça – il sourit- on découvre de nouveaux horizons.
Alain : - Vous avez raison, il faut explorer le plaisir où il se trouve.. même dans un sex-shop un vendredi du mois d’août.
Moi : - Et puis on voulait découvrir de nos propres yeux ce qu’il y avait.
- Et Y avez vous découvert des choses intéressantes ?
- Non, enfin, si, en fait on voit que tout peut se faire en matière de ..comment dire, ben chacun selon ses envies, peut y trouver son compte.
- C’est vrai, - il me regarde des pieds à la tête- la preuve on peut y rencontrer de bien belles jeunes femmes- un temps- bien accompagnées, bien sûr. Dit-il en me souriant.
Déroutée, je lui rends son sourire.
Il continue : - Tenez, dans la rue là bas, un peu plus loin, il y a un bar sympa avec une terrasse, on pourra y être tranquille, ça vous dit ?
On avait accepté l’invitation un quart d’heure plus tôt, et portés par les événements, nous n’avons pas fui :
- Allez.
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