6. Cinquième sous-sol

10 minutes de lecture

Je me retourne vers eux : - On y va ?

Je me tiens droite, je suis toute rouge et les regarde tour à tour, et ils me rejoignent, et j’avance en me maudissant.

Je pénètre dans le hall du parking, je rencontre un mur de chaleur... j’ai comme l’impression de rentrer dans un sauna tellement il fait chaud.

Je suis postée devant la porte de l’ascenseur, je n’ose plus regarder personne, je suis en train de bouillir. J’appuie sur le bouton d’appel.

Il fait si chaud dans ce hall, je passe une main sur ma nuque - moite-, mon cou – moite -, je décolle mon médaillon de ma peau et descend ma main vers la naissance de mes seins, je sens mon cœur qui bat très fort comme s’il allait exploser dans ma poitrine, je vois que le tissu de ma robe est plaqué contre ma peau humide.

Les portes s’ouvrent je rentre et mets sur le côté de la cabine et me retourne face à la porte vitrée qui se referme déjà.

Je sens Alain derrière moi qui me frôle, je frissonne. Il appuie sur le bouton -5.

L’ascenseur se met en route, au fur et à mesure qu’il descend, mon cœur bat de plus en plus fort, ma peur et mon excitation augmentent aussi. Une véritable mais douce descente aux enfers !

L’ascenseur s’arrête et les portes s’ouvrent. Je reste figée, nous y sommes.

Alain sort, suivi de mon cher et tendre. Je prends une profonde inspiration et je les rejoins.

Le niveau est à moitié vide, il est éclairé par les lumières blafardes des néons.

Le silence règne presque, on entend crisser les pneus d’une voiture dans un niveau supérieur qui s’éloigne en montant vers la sortie. Nos pas résonnent dans ce parking, en se rapprochant de la voiture de Alain.

Le clac des portières qui se déverrouillent me fait tressaillir. Sa voiture est une grosse berline spacieuse.

Une chance pour moi, sa voiture est dans un coin sombre du parking. Nous y voilà.

- Nous y voilà...euh comment on procède ?

- Je crois que le mieux soit qu’on s’installe sur la banquette arrière, non ?

J’acquiesce et embrasse Christophe en lui posant une main à plat sur le torse, le regard brillant. Il me rend mon baiser, m’interroge du regard, j’opine du chef et il s’engouffre dans la voiture, je lui emboîte le pas et Alain rentre derrière nous.

CLAC

La porte se ferme, tout comme le piège qui vient de se refermer sur moi.

Je suis là, assise sur une banquette arrière en cuir d’une grosse voiture coincée entre mon chéri et cet homme qui, il n’y a peine que quelques heures, n’était qu’un inconnu.

J’ai l’esprit embrumé, l’alcool continue de faire son effet et le trouble empire les choses, j’ai du mal à respirer. Ma main droite est posée sur la cuisse de mon homme et je joue frénétiquement avec mon médaillon de la gauche. Je sens contre ma cuisse gauche la chaleur de celle d’Alain.

Ces secondes me paraissent des heures.

Je tourne la tête vers Alain, je le regarde fixement, lui me regarde en souriant, puis comme pour me convaincre, il sort son portefeuille, prend des billets et me les tend.

Instant d’hésitation.

Mon bas ventre se rappelle à moi tant il est brûlant, et mon trouble est immense.

Cet instant, yeux dans les yeux avec cet homme - ce client ?-, a du lui semblé une éternité. En effet, cette hésitation doit lui faire penser que je suis en train de faire machine arrière devant l’énormité de la situation. En effet, il sort un autre billet de son portefeuille comme s’il voulait finir de me convaincre.

Mécaniquement, j’ouvre les doigts, il me les dépose dans le creux de la main, en silence je la referme et je n’entends plus que le bruit si particulier des billets qui se froissent et celui de mon cœur dans ma poitrine.

Ça y est, je suis une pute.

Je glisse les billets dans mon sac à main, que je dépose sur le fauteuil passager avant. Je me tourne vers Christophe je l’embrasse passionnément.

Ma main droite remonte sur son entrejambe, il est déjà en érection.

Je retourne les yeux vers Alain, qui me regarde et prend le temps de poser ses yeux sur mon corps. Je sens le poids de son regard glisser sur mon cou, mes seins, mes cuisses.

Je baisse la tête et déboutonne les boutons de ma robe petit à petit, je fais glisser la bretelle avec ma main droite que je pose ensuite sur mon sein gauche, je fais de même avec l’autre. Je suis là avec, pour seul soutien-gorge, mes mains moites sur mes seins tout fermes et bouillants de désir.

Je regarde Christophe en souriant, je suis troublée, je le veux, mais je n’ose pas.

Le bruit de la ceinture et de la braguette du pantalon d’ Alain rompt soudain le silence.

Je tourne la tête vers lui, le regarde dans les yeux.

Son sexe est déjà sorti tout tendu, il commence rapidement à se caresser.

Je me mords les lèvres.

Et comme un automate, je délaisse mes seins pour faire glisser ma culotte sous ma robe et le long de mes cuisses tout en regardant Alain dans les yeux. Je la fais glisser sur mes genoux puis pardessus les lacets en cuir de mes sandales. Ça y est je suis nue, mes cuisses sont serrées l’une contre l’autre. Christophe me caresse un sein et se rapproche pour m’embrasser. Je lui rends son baiser et attrape le bas de son t shirt pour lui enlever.

- Aide moi mon chéri.

il finit de retirer son t-shirt puis défait son pantalon qu’il fait glisser avec son caleçon jusqu’aux chevilles. Je pivote sur ma jambe droite et m’assoit sur ses cuisses.Je déboutonne un peu plus ma robe en regardant Alain pendant que Christophe m’embrasse le cou et la poitrine.

Je roule du bassin, pour faire glisser son sexe entre mes lèvres. Mais pas besoin de beaucoup plus pour me stimuler, je le veux en moi, là, maintenant, je me relève un peu pour enfin laisser glisser son corps dans le mien.

Je n’arrive plus à quitter Alain des yeux. Je suis fébrile, j’ai chaud, mais je sers la tête de Christophe contre ma poitrine. Son souffle rauque est brûlant, et pourtant je le plaque contre moi, comme pour l’empêcher de voir tout cela.

J’ai une vague de plaisir qui monte en moi. Ce plaisir que je prends avec mon homme devant cet inconnu, ce client.

Cette pensée me fait partir, je me prends à m’imaginer en train de l’apostropher en gémissant : - Tu en veux plus, dis moi tu en veux plus, n’est ce pas ?», je l’imagine me tendant d’autres billets qu’il me glisse dans la main . Je les conserve dans une main pendant que l’autre glisse vers son sexe pour le caresser.

Je ne peux quitter des yeux cet homme qui se caresse en me regardant, je me penche en arrière prenant appui sur les cuisses de mon homme et adossée contre le fauteuil avant et je roule du bassin. Je le vois bouche bée regardant mes seins perlés de sueur, et mon nombril à peine caché par ma robe auquel il ne doit rester qu’une paire de boutons.

Nous sommes dans cette voiture, garée au fond d’un parking, j’ai l’impression que les néons ont pris une teinte rouge, je ferme les yeux en gémissant silencieusement tout ce plaisir qui m’étreint.

Dans ma tête, je le branle frénétiquement, pour l’amener au plaisir au rythme du mien, je m’imagine prise en levrette presque allongée sur lui, son sexe dur entre mes seins. Et je l’encourage pendant que ma sueur goutte sur son torse.

Au fur et à mesure que le plaisir envahit mon ventre, je n’entends plus que le souffle de nos respirations qui résonnent en moi et le bruit du cuir qui grince doucement sous mes genoux.

La synchronisation semble parfaite, au rythme cadencé par le mouvement de mes hanches.

Je vois dans les yeux d’Alain, je vois que dans sa tête, il est en moi, c’est lui qui me pénètre… je le vois dans son regard que tout au fond de lui, c’est bien lui qui est accroché à mes hanches les yeux dans mes seins, je le vois. Il en veut pour son argent.

Je ressens presque ses coups de rein tant nous sommes tous trois en phase.

Le plaisir est là tout proche, les respirations se font plus saccadées.

Je me redresse pour mieux sentir mon homme en moi, mais les gestes deviennent désordonnés et maladroits et je me rends à peine compte qu’avec ma main droite je prends appui sur le genou d’Alain.

Mais, il y a d’autres mains qui occupent mon esprit, effectivement, je sens les doigts de Christophe s’incruster un peu plus dans mes fesses.

Ce n’est pas une vague qui arrive… c’est un tsunami, je le sens venir de très très loin et que ça va être très très fort.

Je le sens tout au fond de moi, et, ma respiration s’arrête, tout se contracte : IL est là !

AU même instant je sens la jouissance de mon homme se répandre au fond de mon corps.

Un râle extérieur à nous, se fait soudain entendre et m’amène à entrouvrir les yeux pour voir Alain éclater lui aussi.

Son sexe tendu, ce geyser projette du liquide brûlant et doux sur mon bras et ma jambe.

C’est là que je me relâche complètement et m’affale sur Christophe dans un dernier soupir.

Le silence retombe dans l’habitacle.

Essoufflée, je sens la sueur glisser le long de ma colonne et s’arrêter au niveau de mes fesses, sur le tissu de ma robe.

Mon cœur tape si fort qu’il pourrait presque sortir de mon corps.

Quelques secondes, quelques minutes, voire une dizaine de minutes viennent de s’écouler.. le temps nécessaire pour reprendre un peu nos esprits.

Je n’ose pas me relever, me redresser, tant je fais corps avec mon homme mais aussi parce que petit à petit, la réalité crue et froide se rappelle à moi. Je ressens un étrange mélange de bien-être physique et de honte.

Quand je tente tant bien que mal de me redresser, nos peaux ont du à mal à se décoller, se séparer et font ventouse pour lutter.

Cette voiture est une vraie fournaise, Christophe baisse un peu sa vitre, un filet d’air pénètre et vient nous rafraîchir.

Alain se rhabille déjà. J’embrasse fort mon chéri et descend de lui. Je remet correctement les bretelles sur mes épaules et reboutonne ma robe, le strict nécessaire à la limite de la décence et du confort pour supporter cette chaleur.

Je ramasse ma culotte humide que je garde en main, et attrape mon sac sur le fauteuil de devant.
Un fois, tous habillés, nous nous extirpons du véhicule.

Nous sommes là, debout tous trois silencieux. Puis :

Alain : - Et bien, vraiment merci pour ce délicieux moment.

Christophe : - Ben.. avec plaisir comme on dit.

- Tenez. Voici ma carte. Si ça vous dit de renouveler l’expérience ou autre, j’en serais ravi.

Il me tend une carte blanche avec nom et numéro de téléphone, que je prends sans rien dire.

Christophe : - Bon ben on va y aller, chérie ?

Je ne réponds rien j’acquiesce par un léger mouvement de tête.

Il tend la main : - Merci Alain, et à la prochaine.

Alain lui serre la main : - Ça marche, à bientôt, j’espère, vraiment. - puis se tourne vers moi - A bientôt Carole.

Je me rapproche de lui et lui dépose un baiser à la commissure des lèvres : - Merci... Au revoir.

Nous tournons les talons et avançons vers l’ascenseur, sans un regard en arrière. Je suis éreintée, j’ai l’impression de marcher comme un zombie.

Dans l’ascenseur, Christophe appuie sur le moins 2. Les portes se referment, nous remontons. A l’étage supérieur, arrêt, trois jeunes femmes rentrent dans la cabine. Apparemment, elles sont parties pour faire la fête dans je ne sais quel établissement de nuit du quartier. C’est là que je me rends compte de l’état dans lequel je me trouve.

Je suis toute poisseuse de sueur, nue sous ma robe, j’ai une culotte humide et une carte de visite dans la main, je, je pue le sexe, mon avant bras et mon mollet droit sont tous collants de sperme…

Machinalement, je fais un tour d’horizon de la situation : les trois filles papotent entres elles, elles n’ont pas prêté attention à nous, et n’ont rien remarqué, les effluves de leur parfum de cocotte couvrent nos odeurs corporelles. Christophe est silencieux, l’air incroyablement détendu, et on voit qu’il a bien transpiré !

Je me regarde dans la glace, je suis toute rouge comme après un cours de body pump à la salle de sport, ma robe est froissée et mon décolleté est vraiment limite.

La porte s’ouvre et nous sortons en passant entre les filles l’air de rien pour rejoindre notre voiture.

Au loin, j’entends crisser les pneus d’un voiture qui remonte.

Je le sais, c’est LA voiture, c’est le lieu de ma débauche qui s’avance vers la sortie.

La souillon que je suis marche lentement, les bras pendant le long de mon corps, les doigts serrés sur les anses de mon sac.

Je me laisse tomber sur le fauteuil passager, je lâche ma culotte sur le tapis de sol en attendant que Christophe démarre le moteur.

Marche arrière, marche avant, les pneus crissent sous la manœuvre et nous prenons la rampe pendant que je baisse ma vitre pour respirer un peu.

Après avoir payé par carte à la barrière, nous quittons ce maudit parking, et la fraîcheur envahit enfin l’habitacle pour venir me caresser le visage comme pour me réconforter.
Premier feu, il allume la radio, sur Brume c’est du reggae, ça me va, c’est tranquille comme musique.

Arrivés sur les quais, je regarde la carte de visite que j’avais encore en main.

Je la déchire, et disperse ses morceaux dans la nuit lyonnaise.

Ensuite, Gerland, le périph, Parilly, le début de l’A43, les lumières défilent au son d’un Bob Marley méconnu, je ferme les yeux mais ne m’endors pas.

Des flashs de la soirée me viennent par intermittence :

Le sex-shop, la terrasse, les billets, son regard, ma nudité, les billets, mon plaisir, les billets, son sexe.

Annotations

Vous aimez lire L'essence des sens ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0