POUSSIÈRES
J'ai convoqué les vents, j'ai convoqué trois temps !
Alors s'est élevée du mirage insensé,
La tourmente en furie du souffle éparpillé
En milliers de flocons tous aussi vrombissants.
Je sens mon corps assis se défaire à rebours
Tandis que le lointain en ses sommets amis
Se retrouve à mes yeux menacé alentour :
Sa pierre a explosé et son règne est fini.
Assaillie par la trombe, étourdie noir sur blanc,
Mon ombre s'épaissit où mon corps est gisant
Il n'y aura bientôt que du gris en dedans :
Mon corps sera détruit mais mon cœur triomphant !
J'ai convoqué le feu de tous les hauts volcans !
Mais il était trop tard pour le rouge et son sang,
Comme il était trop tard pour l'or et les diamants :
Poussières, je vous loue ! J'ai dompté le néant !
Si je ne suis plus là, mon esprit est partout !
Et il n'est nulle part dans ce temps disparu !
Il est et il n'est plus : les sommets ont fondu,
Ne laissant derrière eux qu'un rien dans un grand tout !
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