S.L.R.
Je suis le son du son, le silence hurlant...
Les pauvres cris joyeux tout bruissant de mensonges
Sont lancés par la fête, artifice et roman,
Pour dissiper l'horreur des esprits qu'elle ronge...
Je suis le son du ciel quand la neige est épaisse
Poussière en son néant, sommeil réverbérant :
L'opale est l'horizon quand la nuit nous délaisse,
Tombant infiniment dans un quasar géant...
Je suis le son de l'air sur la feuillée tremblée,
Quand le froid nous a dit que nous étions mourants,
Le son du mot premier qui porte en vérité,
Spontanément parfait, l'espoir des vrais amants.
Je suis le son de l'eau quand la mer se retire,
Je suis source et torrent, fleuve et delta sans aire...
Je suis la goutte d'eau qui perle du sourire
De voir la mère morte entendant mes prières.
Je suis le son du feu érigé en volcan,
Une lave enrôlée par les plus courroucés
Où l'incarnat souillé se fait iris vibrant
Pour que le sang abonde en la coupe scalpée !
Je suis le son de l'or que l'été dissémine
Comme autant de flocons éreintés de soleil
Sur les prés à fétuque assignant leurs épines
A l'avare étriqué pour sonner son réveil.
Je suis le son du son : la clarté, ses rayons.
Je est nous quand je luis, elle en moi est enfouie.
Je suis le son du son : sa clarté, son rayon...
Je suis le nom du oui quand la peur s'évanouit.
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