DÉLICATESSE
Délicieuse est la mort où la peur fait naufrage :
La torpeur à degrés fait bien de stupéfier
Les horreurs alourdies des destins avortés...
C'est alors qu'estourbi, je pense à son feuillage...
Pourquoi n'es-tu pas morte à l'heure où je t'écris ?
Ce serait plus léger d'écrire à l'imparfait
Mais c'est toujours plus lourd qu'un décès incomplet
Qu'attends-tu pour mourir, que je sois étourdi ?
Délicieux est le vol de tout le temps passé :
Je m'épanouis alors vers des rebonds sans fins,
Ces échos programmés pour étreindre un déclin,
De longtemps stupéfié, de longtemps déployé !
Délicieux est l'espace enfin désintégré,
Il m'oblige aujourd'hui à te joindre à grand bruit :
Puisses-tu à l'envi consumer ce qui fuit
Pour m'ouvrir sans délai les portes intégrées !
Je n'attends que ta mort pour enfin respirer !
Je n'attends que ta mort pour enfin soupirer !
Je n'attends que ta mort pour enfin expirer !
Si ton souffle est dernier, le mien sera premier !
La torpeur indécise a clamé aujourd'hui
Ce qui fut, ce qui est, et puis ce qui sera !
N'attends plus, n'attends pas, les ténèbres sont là !
La torpeur incisive a clamé ton déduit !
Annotations