Là, je vais traverser, aller sur l'autre rive :

Ce sera pour toujours, ce sera pour l'amour.

Là, je vais m'envoler, contempler les archives :

Ce sera délicat, il y a tant de vautours...

C'en est fini du moi : je suis bien trop nombreux.

C'en est fini du jeu, l'acteur est fatigué.

C'en est fini du « toi », il n'y a plus de milieu...

C'en est fini du temps, la distance estompée.

La mer a dévoré le sable où j'étais amarré.

En plein ciel, je renais, c'est une autre dérive :

Nulle part où aller, « ici » est arrivé...

La mer et ses marées, la putain adoptive...

L'enfant est l'océan : rien ne peut l'arrêter !

Il n'attend que le temps où Némésis déferle :

Il n'attend que la mort, la dernière marée,

Et sa nacre est sacrée quand le ciel est sa perle !

Traversant les nuées où le duvet m'absorbe,

Je m'élève au-dessus du cadavre et des mouches...

L'aigle plane en plein ciel, l'arc en ciel est son orbe :

Le chant sacré éteint tout ce qui effarouche...