Une toile n'à qu'un peintre

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 Je me réveille en sueur. Claire me regarde, presque amusée. Allongée sur son flanc droit, elle ne porte rien d’autre que ma blouse et fume. Provocante… excitante.

  • Bonjour mon Gabriel.
  • Bonjour Claire…
  • Tu rêvais encore d’elle ?

 Je n’aime pas répondre à cette question. Claire le sait. Mais c’est aussi pour ça qu’elle me le demande.

  • Oui, mais c’était différent. Ce n’est pas très gentil comme façon de me faire aborder cette journée.

 Elle rit de ma réponse. Elle se lève, puis se dirige vers la fenêtre. Au passage, Claire n’oublie pas de se déhancher, balançant ses courbes d’un côté à l’autre. Elle ne l’oublie jamais. Claire est magnifique et n’en doute pas. Le matin ne m’aide pas non plus à ne pas trahir mon désir. Se faire pardonner la diable le sait aussi. Mon voisin doit certainement pleurer à sa fenêtre. Je plains cet idiot, en présence d’elle, il vaut mieux être mon ami. Claire aime provoquer.

  • Je vais prendre une douche. Tu me rejoins ?
  • A vrai dire…
  • Pardonnez-moi, mon cher, ce n’était pas une question… Viens !

 Elle ne me laisse jamais répondre à temps. à ces questions-là j’entends bien. Bien sûr que je comptais accepter, comme n’importe qui. Mais de cette façon elle n’aurait pas été complètement satisfaite. Moi non plus, d’ailleurs. Claire apprécie de diriger. C’est bien pour ça que c’est elle qui chevauche nos nuits, qui cravache aussi... Elle me le rappelle souvent. Je la rejoins aussitôt.

  • Il n’est pas commun de se doucher avec une blouse, mademoiselle.

 Le tissu colle à son corps, il laisse transparaitre sa poitrine pointant vers mon regard. Le contraste de la blouse blanche et de ses mamelons marron était magnifique. Remarquable pour un peintre. Claire est brune, les yeux noisettes. Un physique classique pour beaucoup, mais l’avis de la majorité m’importe peu. Elle me dépasse aussi de quelque centimètres. Mais par égo, je préfère dire qu’elle fait ma taille devant les autres, ça l’amuse beaucoup à vrai dire. Claire aime se moquer.

  • Ce qui est plus commun, c’est de demander grâce à genoux, n’est-ce pas ?

 Une fois de plus, pas le temps de répondre à sa provocation. Tant mieux, songe un instant. Après tout je trouve qu’il est bien difficile d’être aussi séducteur que les femmes puissent le demander. Et l'être. Cette pensée disparait, elle et toutes les autres que j’aurais pu avoir la seconde passante. Claire est en train de s’excuser pour sa malice. Je l’ai déjà entendu dire que dans cette situation, il paraissait se passer bien des choses dans la tête des Hommes. Je lui rétorquais toujours que non. En fait il ne se passe plus grand-chose, il n’y avait plus qu’une notion. Le Plaisir.

 La grâce accordée elle se relève, souriante. Je termine de lui retirer les dernières traces de mon œuvre sur son corps, par des caresses non hasardeuses et insistées. La peinture s’écoulait de ses jambes, le chevet de la toile. Picasso doit être jaloux des tuyauteries de ma douche. J’aime le penser.

  • Tu la vois ce soir ?
  • Oui, mais elle ne me servira pas de toile. Il n’y a que toi.
  • Tu mens mal.

Il n’y avait pas de reproche dans le ton de sa voix. Elle ment mieux que moi. Un peintre a plusieurs toiles, muses. Une toile n’a qu’un peintre. Ça l’a toujours été. Claire aurait voulu que ce soit faux.

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