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contenu sensible
Leur « relation » semblait avoir changé. Chaque geste, chaque mot, chaque rire était vécu comme une marque d’honneur, de complicité, incapable qu’ils étaient de mettre un autre mot dessus.
L’incroyable se produisit le soir du troisième jour. Gilles s’apprêtait à se coucher, heureux de cette nouvelle journée passée avec Macodou, quand on frappa à sa porte.
— Gilles, je suis désolé, mais je dois te demander un service.
— Entre ! Qu’est-ce qui se passe, Macodou ?
— Tu sais que j’aime bien parler ! Au diner, j’ai trop discuté avec un ami. Et quand j’ai voulu partir, il était trop tard, il n’y avait plus de taxis.
— Et il n’y a pas de chambres pour le personnel ?
— Je t’ai dit, je ne fais pas vraiment partie du personnel…
— Tu veux dormir ici ?
— Tu es trop gentil. Je vais me mettre par terre, sur une couverture.
— Mais non !
— C’est comme ça qu’on fait chez nous.
Gilles fut choqué à l’idée de voir son bel ange dormir comme un chien.
— Et chez nous, on dort dans un lit ! Tu as vu sa taille ?
— Tu es trop gentil…
— Arrête ! Moi, je me couchais. Viens !
— Je peux passer aux toilettes ?
— Bien sûr !
Aussitôt, il laissa tomber son slip à terre avant de se diriger vers la salle de bain. Gilles, par réflexe, ramassa la boule de tissu, encore tiède. Curieux de sa texture, il la défroissa pour voir un slip noir minuscule. Il n’avait jamais vu un tel objet et il l’imagina tendu sur son ami. Que ce devait être beau ! Il l’approcha de son visage et fut saisi par son odeur.
— Tu aimes ? C’est un ami qui me l’a donné, un toubib que j’ai bien aimé et qui venait tous les ans.
Gilles rougit dans la pénombre, ne sachant quoi répondre.
— Je vais me coucher, si ça ne te dérange pas.
Aussitôt, Macodou fit tomber son t-shirt. Gilles, une nouvelle fois, ramassa le tissu qui embaumait, le rendant fou. Il se rendait compte maintenant que, quand ils se tenaient face à face sur les transats, l’odeur agréable qu’il percevait était simplement celle de son ami. Il le déposa, puis vint s’allonger auprès de lui, ses sens tendus.
— Tu sais, tu devrais dormir nu. Le corps doit être libre…
— Mais je…
— Vous n’avez pas de bonnes habitudes ! Laisse-toi faire.
Avant d’avoir pu répondre, Gilles se retrouva nu, dans la honte de sa réaction dressée. Macodou, sans réagir, se rallongea à son côté, si près que sa chaleur irradiait Gilles, tandis que l’odeur de ce corps le pénétrait. Sa respiration s’accéléra.
— Je te sens tendu. Donne-moi ta main.
Aussitôt, la main de Gilles fut saisie. Il arrivait à peine à se détendre quand Macodou les déposa sur son ventre. Ce contact était affolant, car la paume reposait sur une douce et chaude moiteur. Pour une fois, le contact d’une peau ne le révulsait pas. Au contraire ! L’étreinte se relâcha. Gilles pouvait sentir la dureté des muscles sous la soie de la peau. Involontairement, il explora ce ventre, descendant vers le pubis. L’absence de poils ne lui permit pas de s’arrêter à temps. Comprenant brusquement ce qu’il était en train de faire, il retira sa main, s’attirant un petit rire.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne crains rien, ça ne mord pas !
Sa main fut reprise et posée sur le petit mât qui pointait vers le plafond, tandis que son pénis était saisi à son tour.
Gilles frissonna, son esprit rugissant de honte et de dégout, un homme, un noir, avec lequel ils se touchaient le sexe… alors que son corps ne demandait qu’à céder. Pourtant, il ne lâcha pas ce qu’il tenait, dur comme du bois. L’exploration coupable était si tentante. Il aurait voulu voir, avoir les yeux dessus… Il en avait regardé des centaines, sans imaginer cette sensation.
La digue se rompit sans prévenir, il n’en pouvait plus. Il se jeta sur ce corps tant désiré, le couvrant de baisers et de caresses, n’en finissant pas avec ses jambes éternelles, remontant vers le ventre en évitant soigneusement le Graal. Il devint fou devant ce corps offert, ce corps interdit dont il avait tenté toute la journée de refouler le rêve.
Macodou se laissait manipuler impudiquement. Quand son partenaire, pris de panique ou d’affolement, s’immobilisait, il lui prodiguait une petite caresse l’invitant à repartir.
Gilles, sans contrôles, débordait de joie, de bonheur, de liberté. Macodou fut retourné sur le ventre. La respiration de l’aîné s’accéléra : il sentait qu’il allait exploser, sans plaisir. Macodou se releva pour le plaquer sur le lit, chevauchant de ses jambes les bras du Blanc, lui écrasant la poitrine de ses fesses. Il caressa doucement la tête de Gilles, accompagnant de mots calmes et relaxant. Ce dernier reprit ses esprits, les mains sur les mollets de Macodou qui desserra lentement son étreinte. Il glissa son pubis vers celui de Gilles et, le maintenant toujours, posa ses lèvres sur celles de son amant.
Une nouvelle vague déferla sur Gilles, mais la prise ferme le retint, tout en l’excitant. Il se relâcha et accepta l’exploration buccale, puis se concentrant sur cet échange, attrapa la tête de Macodou pour la presser contre la sienne. Essoufflés, ils finirent par s’écarter. Tandis que Gilles récupérait, le jeune expert fit une tête à queue rapide qui les mit tête-bêche. Gilles fut surpris de la douce étreinte, avant de réaliser ce que Macodou faisait. Il se laissa aller dans un abandon total, flottant sur des vagues de plaisir. Un mouvement lui fit réaliser la proximité du sexe dressé de Macodou, dont il approcha sa bouche, mais stoppa, incapable du geste. Il capitula dans ce partage que son compagnon semblait apprécier.
Il avait oublié où il était, qui il était, ce qu’il faisait, enivré par cette avalanche de sensations inconnues quand Macodou se détacha, le ramenant à la réalité en lui arrachant une plainte, étouffée immédiatement par des lèvres pulpeuses. Puis il sentit le froid de la disparition, se retrouvant seul étendu sur lit. Il regardait son compagnon s’éloigner sans comprendre. C’était donc déjà fini ? Il ne s’était rien passé ! Il était gonflé, prêt à exploser… Son absence s’éternisait depuis au moins dix secondes. Il farfouillait dans son sac et revint poser un baiser pour se faire pardonner, avant de se remettre à califourchon sur Gilles, qui se rendit alors seulement compte que Macodou habillait son sexe. C’était la première fois qu’il mettait un préservatif et les mains agiles ravivaient son ardeur.
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