Vous qui entrez ici, laissez toute désespérance !
Il existe de multiples façons de déceler la vérité et surtout une vérité fondamentale.
Quand votre interlocuteur reconnaît une vérité du bout des lèvres, sans tergiverser sans chercher la contradiction, pour passer vite à autre chose, vous avez sûrement touché l’essentiel.
Si vous partez de l’hypothèse d’un multivers infini, une conclusion s’impose : ma vie, ce moi ont existé, existeront des milliards de fois. L’agencement précis de particules qui fait que j’ai écrit ce texte et, lectrices et lecteurs, qui fait que vous le lisez en ce moment, a eu lieu et se répétera à l’infini.
Car cet agencement est fini et l’univers infini est … infini !
Donc tout ce qui a une probabilité non nulle de se produire doit se produire, si l’infini rentre en ligne de compte. Si j’ai écrit ce texte et que vous l’avez lu, ce moi et un moi semblable, votre moi et un autre double de vous reproduira, à l’infini, cet événement à la probabilité non nulle.
J’ai cherché longtemps l’évocation de cette conséquence logique et je l’ai rencontré rarement et entouré d’infinies résistances.
La réaction amusante a consisté à dire : « l’univers est fini. » pour développer sur des dizaines de pages l’hypothèse d’une cascade infinie de trous noirs, où il est évident que cet univers va se répéter à l’infini.
Mas la réaction la plus courante est la gêne, voire le dégoût, y compris chez un esprit ouvert comme Aurélien Barrau. Il ne nie pas que la conversation qu’il est en train d’avoir a déjà eu lieu, de manière strictement identique, mais il ne veut surtout pas développer ce point.
Or cet aveu involontaire m’a ouvert les yeux : enfin je tenais ce sens de la vie que j’avais cherché toute ma vie !
Oui cette vie se répète à l’infini, avec des milliards de nuances ou rigoureusement, strictement identique.
Si on accepte cette hypothèse, alors tout bascule et pour moi tout a basculé.
Non seulement nous sommes immortels, mais cette vie n’est qu’une lignée parmi des milliards de vies que nous avons, que nous allons mener.
Inutile de s’inquiéter pour une décision non prise, un choix non fait, un événement non arrivé, car pour un autre moi, tout cela a eu lieu à l’infini.
Tous nos repères disparaissent, toutes nos vies sont bouleversés.
Et si dans cet univers peu de mes semblables me suivent, dans un autre ils sont des milliards et dans un autre ce bouleversement n’aura jamais lieu.
Vous qui entrez ici, laissez toute désespérance !
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