Un nouvel Arrache-Cœur ?

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Comme tout le monde, je suis choqué par l’environnement actuel.

L’affaire des viols de Mazan, les révélations sur l’Abbé Pierre, les scandales de metoo, tout cela soulève en moi l’indignation et la réprobation.

Rien de tout cela n’est acceptable, excusable ou pardonnable.

Pour moi, le respect de l’autre et la parfaite égalité homme /femme ne sont pas négociables et font partie des valeurs que je défends, sincèrement.

De manière générale, je refuse toute haine et toute discrimination.

Pourtant, derrière tout cela, il y a quelque chose qui me dérange.

En relisant l’Arrache-Cœur de Vian, j’ai fini par mettre le doigt sur ce qui me posait problème.

La peur de la mère la conduit à enfermer ses enfants dans une cage.

Bien sûr le conte est symbolique, et la cage est celle de la peur.

Instiller une peur permanente est la pire des prisons.

Les femmes se sont libérées et ont obtenu, lutte après lutte, plus de droits et de potentialités de carrière et de choix de vies.

Pourtant, nous le savons, nous le sentons, quelque chose coince, une forme de plafond de verre.

On pourrait l’appeler le patriarcat, mais le terme est bien trop vague, je pourrais l’appeler la peur.

Or, ce qui me trouble c’est que toutes ces révélations ne font pas diminuer la peur, mais l’augmentent.

Pour de nombreuses femmes, et surtout les plus jeunes, scandale après scandale, une certitude s’installe : les hommes sont des êtres pervers et dangereux, qu’il faut craindre.

Devant tant d’horreur, de trahisons, cette réaction se justifie.

Sauf qu’insidieusement, une idée fausse s’installe : toutes les femmes ne sont que des victimes potentielles et elles doivent se méfier des hommes, se replier sur elles-mêmes.

Sans doute, les femmes plus âgées sont plus nuancées et se méfient davantage des généralisations hâtives.

Mais la jeune génération ne cesse d’être confrontée à ce miroir déformant.

J’ai donc envie de dire : oui tout cela est inacceptable et scandaleux.

Mais le pire serait de se laisser enfermer dans une cage de peur.

Car c’est ainsi que l’on se fait arracher le cœur.

Ceci dit, je reconnais que la situation est complexe et mérite débat.

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