Amélie à Rémi (14 novembre 20..)

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Rémi,

Tu cherches décidément à causer ta propre perte. Il me semble que depuis toujours tu détruit ce que tu aimes, et crée ton malheur en forçant les autres à suivre ta volonté.

Ton insistance ne provoquera rien de bon, si ce n'est la fin de notre amitié (ce qui m'enchantera: désormais lorsque je reconnais ton écriture sur une enveloppe je m'attends à devoir me défendre contre tes prétendues preuves, alors que je pensais que notre correspondance nourrirait notre âme et notre amitié). Je dis amitié, mais il n'en n'est rien: tu es aveuglé par un soi-disant amour, et je ne t'écris que pour t'en dissuader!

Sache que je ne te regrette aucunement. Tu étais un compagnon bien trop égocentrique, possessif et irreponsable pour que ta présence me manque ! Toutes nos conversations devaient tourner autour de ta personne, ta famille, tes inquiétudes passagères, et lorsque je tentais d'orienter la discussion sur un sujet qui me tenait à coeur, celui-ci devenait un prétexte pour ramener la discussion à tes soucis.

Je ne pouvais parler à un autre jeune homme, ni passer de week-end sans te voir, car sinon tu te faisais extrêmement jaloux, à m'harceler de questions des heures durant pour vérifier que je n'avais pas d'autres copains.

En outre, tu ne sais pas contrôler tes émotions, et ce depuis notre rencontre. Une mauvaise note te rend maussade toute une semaine, un reproche de tes parents te rend furieux quinze jours, et tu peux garder rancune à LILOU (tu vois je l'écris bien grand, ce prénom que tu détestes tant !) un mois si tes parents lui ont témoigné quelque faveur. C'est à cause de cet énorme défaut que je t'ai quitté après que tu m'aies hurlé dessus trois heures alors que je venais passer la soirée avec toi à l'occasion de la Saint Valentin. Je pleurais de tes reproches injustes tandis que tu continuais à me noyer sous tes hideuses paroles. Et tu croyais réellement qu'après cela je souhaiterais me remettre en couple avec toi? Que je n'étais pas insensible à ton égard? Sans Léa qui m'a pratiquement forcé à te pardonner et à rester en bons termes avec toi je t'aurais effacé de ma vie il y a longtemps!

Nils vaut mieux que toi, et bien qu'il m'irrite parfois en ne répondant pas à mes questions, il a mille fois plus de qualités que tu n'en auras jamais. A ses côtés, je sais que rien de grave ne pourrait nous arriver, car nous sommes unis et confiants l'un envers l'autre. Il ne me fait aucun reproche pour des choses que je n'ai pas commise, et nous dialoguons toujours avec calme lorsque nous sommes en désaccord, ce qui est très rare. Je pourrais passer des heures à retranscrire sur ce papier toutes ses qualités, sa générosité, sa beauté, son engagement dans ce en quoi il croit, mais j'ai mieux à faire que de perdre mon temps avec toi.

Ne m'écris plus.

Amélie Dentdebrume

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