Petit Vyscht

2 minutes de lecture

Nous sommes tout les deux assis face à face. Seule une bougie nous éclaire et permet de voir le visage de l'autre.

Ce moi. Ce petit moi qui doit avoir huit ans max...

- Je suis désolé...

Je déglutis. De toute façon, c'est moi qui doit parler en premier. Le "moi" d'avant ne parlait pas beaucoup, peu de chance qu'il démarre la conversation.

-... J'ai pas mal merdé. Pendant au moins dix ans. A vouloir être gentil avec tout le monde, je me suis fait bouffer plus d'une fois. Je ne me suis pas écouté et ça a créé pas mal de traumas. On pensait que le monde des adultes était terrifiant... Il l'est. Ouais j'ai fait pas mal de conneries...

Il pointe le doigt vers mon bras droit. Désigne les cicatrices. J'ai un sourire amer.

- ... Ouais, ça aussi ça fait partie des conneries.

Je suis mal à l'aise donc je sors mon tabac pour m'en rouler une. Il ouvre grand les yeux. Je suspends mon geste, réfléchis puis souris.

- Oui je sais. On s'était dit qu'on ne toucherait jamais la clope, à cause de papa qui empestait la bagnole avec ses Philip Morris. Mais bon, pour ça aussi je n'ai pas tenu notre promesse. Une connerie de plus tiens.

Je vais éviter de lui dire pour papa. Pour le cancer et tout le merdier qui en a suivit. Je vais éviter de parler de la séparation des parents tout court aussi.

Pour la première fois, il parle:

- Mais tu es heureux ?

Je réfléchis dix secondes. Puis la réponse s'impose à moi.

- Oui.

Il fait un signe pour m'inviter à développer.

- Déjà, je m'assume pleinement. Regarde (Je défais mes cheveux) t'as vu comme ils sont longs ? A l'école, comme on ne voulait pas être remarqué, on les a eu court longtemps. Maintenant, je m'en fous de ce que pensent les gens. D'ailleurs, j'ai aussi des tatouages un peu partout. Je sais que ça ne plait pas à tout le monde mais pareil, m'en fous.
J'ai fait des belles rencontres. Et la plus belle, c'est la femme qui partage ma vie (il ouvre la bouche de surprise) car oui j'ai trouvé une personne avec qui ça marche super bien. Je sais qu'on a jamais eu la côte avec les filles durant... Longtemps. Mais ne t'inquiète pas, elle est aussi barge que je le suis devenu. Car ouais, je sais qu'on s'est longtemps muré dans le silence. Toujours pour ne pas se faire remarquer. Mais maintenant, j'ouvre ma gueule. Trop parfois (je ris) mais ça fait du bien.

Je regarde l'heure sur ma montre.

- Je vais devoir y aller. Si tu as une question, c'est maintenant.

Il prends son temps, cherche, entrouve la bouche, la referme, cherche encore puis demande.

- On est toujours fans des Power Rangers ?

- Tu blagues, c'est ça ta dernière question ?

Il rougit de honte, toujours la sensation d'avoir dit un truc à côté de la plaque. Ouais je me reconnais bien là. Je rigole.

- Bien sûr. Team Ranger bleu pour toujours !

Il sourit. Un vrai sourire d'enfant heureux.

Je souffle la bougie. Noir.

Bye mini moi...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Vyscht ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0