Depuis ce jour anniversaire, le gode est alors devenu notre partenaire de jeux.
Jeux de rôles

Il était mon appendice.

Mon vaillant soldat.
Celui qui partait au combat.
Celui qui s’enfonçait dans tous les territoires pour les conquérir.

Il était toujours disponible. Lui.

Il revenait toujours gagnant.
Et il m’offrait en trophées, le corps alangui de Claire et ses yeux amoureux.

Des trophées inestimables.

Et pourtant…

De ce soldat, j'en étais le maître.
Mais un maître jaloux de ses succès.

Et un maître qui le regardait toujours d’un œil inquisiteur.
Saura-t-il toujours remplir la mission qui lui est confiée ?

Il n’était pas facile de me débarrasser de mes idées noires. Aujourd'hui encore elles rodent et me rongent.
J’essaie de les taire.
La fatigue me gagne de plus en plus souvent et m'oblige à voir la vie différemment. La raison prend le pas sur mes prétentions.

Certes j’ai des éclaireurs qui explorent le terrain.
Les mains prodiguent des caresses de plus en plus douces.
Les doigts glissent.
La bouche embrasse.
La langue fouille.

Je donne.
Et le plaisir de donner est immense.
Et le désir de donner l'est aussi.

J’apprends à vivre l’Amour autrement.
Plus tendre.
Plus de partage.
Plus de sens.

Claire m’accompagne dans cette nouvelle aventure amoureuse.
Sans frustration.
Il me semble.

Il me semble ?
C’est la question lancinante…

J’apprends à recevoir ses caresses. Mais pas seulement.

Elle me donne tout ce qu’elle a. Son Amour.
Suis-je à la hauteur de cet amour ?
Je progresse. Doucement.

Mais quand je vois son corps exploser sous les assauts du jouet, je me reprends à douter.
Ce devrait être le contraire !

Le désir de donner. Toujours plus !
Croire que le toujours plus remplacera un manque.
Un manque qui n'est que dans ma tête.
Un venin !

Avant, Claire n’a jamais voulu épicer nos ébats avec un jouet.
— Ta queue suffit à mon bonheur. Pourquoi tu veux toujours plus ?

C’est vrai que Claire m’a comblé sexuellement. Elle aime faire l’amour et pratique la fellation divinement, le cunni la fait grimper au ciel et la sodomie la comble. Je parle au présent. Toujours y croire !

C’était du bonheur pour moi.
Elle aime l’enchevêtrement des corps, les contacts brûlants, les baisers passionnés.

Je l’ai aimée au premier jour.
Pas elle.

Elle a eu une vie sexuelle intense avant de me connaître.
Pas moi.

Elle a même pratiqué le triolisme !

J’ai été tellement heureux qu’elle pose ses yeux sur moi ! Moi qui la croyais inaccessible.

Et elle s’est « rangée ».

Longtemps j’ai pensé que je ne pourrais lui apporter, sexuellement, ce qu’elle avait connu.
Longtemps aussi j’ai complexé en comparant nos expériences réciproques.

Et elle a su me communiquer, par son Amour, par sa tendresse, par les gestes et les mots du quotidien l’apaisement.

Voilà qu’aujourd’hui ces inquiétudes remontent à la surface.
Insidieuses.
Menaçantes.
Bien des questions me taraudent depuis tant d'années ! N'est-ce pas trop tard pour avoir des réponses ?
Cela fait maintenant quelques minutes que je suis allongé dans le lit à ruminer ces pensées.
Claire est dans la salle de bain. Elle ne va pas tarder à venir me rejoindre.

J’ai envie d’elle. Le désir est toujours là.

J’ai le temps de le cultiver.
Je suis, bien sur, en arrêt de travail et je passe mes journées à la maison.
Lecture, télé, petites marches quand j'en ai la force, et j’ai du temps pour réfléchir. Trop de temps !!!

Ça y est. Les bruits qui viennent de la salle de bain m’indiquent qu’elle a fini. Un robinet qui se ferme, une lumière qui s’éteint.

La tension monte. Enfin, la tension… il n’y a qu’elle qui monte en fait.

Dans le couloir, les pas se rapprochent.

Nu, je ne fais pas très glamour avec la sonde et la poche !! Aussi je garde un pantalon de pyjama pour cacher la misère !

Claire me l’enlève à chaque fois que nous faisons l’amour…

Elle arrive, magnifique dans sa nuisette.
Femme mure, sure d’elle.

Un visage lumineux, qui n’indique pas les tourments par lesquels je la fais passer en ce moment.
Car si je vis la perte de ma virilité comme une petite mort, il y a une autre mort, plus définitive, qui plane au dessus de ma tête.
Elle doit assumer cela, elle aussi.
En plus de mes coups de déprime, de mes aigreurs.
En plus de la pression de son travail.

Elle est forte pour deux !

Mon dieu que je l’aime !

Elle s’allonge près de moi.

Je la prends dans mes bras et je l’enlace.

— Tu as envie ! Ce n’est pas une question qu’elle me pose. Des années de vie commune nous ont appris à percevoir les frémissements des corps amoureux.

— Toi aussi ?

Elle répond à mes baisers avec passion.
Le corps à corps s’engage. Lutte amoureuse pour la domination, pour la soumission. Aujourd'hui cette lutte manque de vigueur mais elle joue le jeu.
La recherche de la jouissance passe par ces joutes ou j’ai autant de plaisir dans la victoire que dans la défaite.
Comme bien des amants.

La pensée que ce corps pourrait appartenir à un autre m’est insupportable.

Claire joue avec ma queue.
Morceau de chair sans vie ! Elle aime toujours la caresser. Elle la saisit entre ses doigts et la branle délicatement.
Il y a encore un léger afflux qui lui donne une petite consistance… rien de plus. Pas de quoi avoir un début de garde à vous !
Elle la prend dans sa bouche. De sa langue, elle s’en amuse.
Espère-t-elle toujours un miracle !
Ma queue semble revivre entre ses lèvres… semble seulement, mais l’image est tellement forte en émotions, que des sensations qui appartiennent à une autre vie me reviennent à l’esprit.

La pensée que cette bouche pourrait accueillir une autre bite me bouleverse.

Elle s’allonge sur moi pour m’embrasser.
Et elle se laisse renverser sur le dos. Avec la lenteur qui accompagne mon état de santé.

Elle s’offre à mes caresses. Instant magique que ce corps qui s’ouvre.
Les seins, le ventre, les cuisses...
Le sexe.
Tous les territoires sont en attente de plaisirs.
L’habitude n’a pas de prise sur ces jeux de la chair. Et ce soir j’ai envie d’abuser de ses douceurs.

Non, nul autre ne pourrait comprendre les codes de ce corps abandonné.

Claire frémit sous les caresses. Sa bouche exhale des soupirs qui font plus sur ma détermination que toutes les pilules.
Sa fleur délivre un élixir au parfum enivrant. Aucune huile essentielle n’a autant de pouvoir sur mon mental.

Qui d’autre que moi ?

Ses pétales s’épanouissent sous mes doigts qui glissent dans son puits avec délices.
Et quand ma langue se pose sur son bouton, Claire gémit son bonheur.
Quand ma bouche boit à sa source, tout mon être bascule dans une autre dimension qui me fait oublier la réalité.

Quel homme pourrait apprécier toutes ses saveurs et ce nectar sublime.

Aucun autre ne la méritera.

— Tu es à moi.

Le gode, sur le chevet, me fait des clins d'oeil.
Non, à partir d'aujourd'hui tu resteras au chômage. Je ne veux plus d'artifice.
C'est peut-être la dernière fois.

Alors oui, de la tendresse.

La tendresse.

FIN

PS : j'ai écrit une autre fin, plus hard, mais je préfère celle-ci.

;-)