Chapitre 4 - Trouver de l'aide

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Un bruit résonne dans mon dos, sans que je ne trouve la force de me retourner.

J’ai qu’une certitude : me mettre absolument à l’abri, m’éloigner de cet homme.

Une fois enfermée, je m’installe sur les toilettes, les yeux figés sur mon écran de téléphone. Qui appeler ? Quoi dire ? Pourquoi ce sentiment de malaise ne me quitte plus depuis qu’il a passé le pas de porte ?

Est-ce son regard noir ? La tenue de notre conversation ? Ses différentes mises en garde ? Lui tout simplement ou alors mon imagination débordante ?

Le dernier film visionné avec ma copine, dont un tueur en série s’attaquait toujours au même genre de fille sans distinction, juste parce qu’elle refusait de répondre à son sourire n’est sans doute pas non plus étranger à mon impression d’insécurité du moment.

Mes mains tremblent alors que Pierre s’inquiète :

— Lana ? Tout va bien ?

— Bof, dis-je sans mentir. J’ai le ventre barbouillé. Désolée.

— Prends ton temps, je t’attends. J’ai remis la glace au congélateur. Je ne suis pas pressé.

— Et si… si on remettait ça à un autre soir ? Je me sens vraiment pas… bien.

— Je ne partirai pas sans être certain que tu vas bien, annonce-t-il sérieusement.

Merde !

Je ferme les yeux et tente d’évaluer les ustensiles qui peuvent me servir d’armes hors de la salle de bain. Parce qu’ici, à part ma lime à ongle en carton, je n’ai pas grand-chose.

La cuisine est à l’opposé, j’aurais peut-être dû y rester. Les couteaux auraient pu me servir. Mais là, je dois forcément passer par le salon pour me rendre près de mes seules lames affutées.

Mon bureau ? Une règle en plastique, une paire de ciseaux… je ne suis même pas certaine d’en avoir un à porter de main. Je ne sais plus ce que j’ai, tout se brouille et mes mains tremblent. Mon souffle se saccade et mes yeux s’embrument.

Mon cousin m’avait dit un jour de toujours garder un bâton, pied de biche ou même un simple parapluie à porter de main, mais j’ai rien de tout ça ici.

Mon cousin ! Mais oui… C’est lui que je dois avertir. Il est flic. Dans la ville voisine, mais même s’il ne peut pas intervenir, il pourra au moins me conseiller.

J'ouvre notre conversation dans ma messagerie et tape rapidement quelques mots. J’espère qu’il est dispo et qu’il pourra lire mon appel au secours.

Lana dit :

"SOS, j’ai ramené un mec bizarre chez moi. Je me suis enfermée dans la salle de bain et je sais pas quoi faire. Loïc, j’ai peur."

Au moment où j’envoie le message, j’entends un bruit étrange. Ça vient de mon salon. Comme un plastique qu’on secouerait. Un grand sac plastique. Qu’est-ce qu’il fiche ?

Loïc dit :

"Bizarre comment ? Explique-moi mieux. Je peux t’appeler ?"

Lana dit :

"Non !"

Plus j’essaie d’être concise et plus j’ai peur. En cumulant les indices, tout me parait si évident. J’ai fait une sacrée connerie. Mes doigts tremblent et je fais des fautes. J’efface, retape les mots, Loïc s’impatiente et me bombarde de messages :

Loïc dit :

Lana ? Réponds-moi !

Loïc dit :

Lana ? Qui est-ce ? Tu le connais d’où ? Comment s’appelle-t-il ?

Je suspends une seconde mon message pour le relire et au même moment, j’entends Pierre déplacer un meuble. Je m’approche de la porte, tente de regarder par le trou de la serrure, mais évidemment, je ne vois rien.

Lana dit :

"Il m’a dit s’appeler Pierre, il bosse à l’épicerie en bas de chez moi."

Bizarre : à toujours me dire de faire attention, de mieux m’entretenir pour avoir de la force, et là… il déplace mes meubles.

La famille devait venir fêter Noël, mais leur voiture est tombée en panne. Je l’ai invité pour ne pas manger la dinde toute seule mais… Loïc, j’ai peur !

Loïc dit :

"Bouge surtout pas ! Je t’envoie des collègues. Ne sors sous aucun prétexte de ta cachette.

Zut ! Flute ! Crotte ! Merde, quoi !

Les bruits continuent dans la pièce à coté, des bruits que je ne parviens pas à définir. Sauf les meubles qui sont traînés sur le parquet. J’imagine forcément des trucs louches et sursaute quand Pierre me surprend une nouvelle fois :

— Je te prépare une petite surprise. Tu as bientôt fini ?

— Non, hoqueté-je. Non, pas encore… Désolée… Je…

— Prends ton temps, ma surprise n’est pas encore totalement finie.

Loïc dit :

"Ton numéro de rue ?"

"Ton code d’immeuble ?"

"Ton étage ?"

"Ton appartement est verrouillé ?"

"Tu as une clé cachée sur le palier ?"

Je réponds aux nombreuses questions de mon cousin, me trompe, recommence, respire à peine, la gorge douloureuse d’être si sèche. Je tente de boire une goutte d’eau mais rien ne passe. Je finis par me planquer dans un angle de la petite salle d’eau et j’attends. Les genoux relevés contre ma poitrine, les bras entourant mes jambes. Mes dents claquent, je me pince les lèvres pour éviter de faire du bruit et je repars dans mes souvenirs.

Qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi j’ai fait cette satanée proposition ? A ce mec en plus ! Pourquoi ?

Je me revois entrer dans l’épicerie, Pierre à la caisse, rangeant des affaires dans son sac. Son sourire était-il vraiment poli ou ai-je mal interprété cette salutation ? Ses joues se sont-elles couvertes de rouge parce qu’il était content de me voir ou parce qu’il a eu peur d’être surpris ? J’ai cru qu’il était occupé, mais sans doute qu’il m’a suivie dès mon arrivée sans que je m’en aperçoive. Mais dans quel but ? J’ai souvent senti son regard plus appuyé sur moi, j’ai pris ça pour une légère attirance, mais ce soir, je ne sais plus. Tout s’embrouille. Et si… si j’envenimais les choses en restant cachée ? Et si au final, il me préparait vraiment une surprise gentille ?

Un grincement me surprend. Ce n’est pas une chaise sur le parquet ça, ni même la table. Pourquoi déplace-t-il le canapé ?

Et maintenant il ouvre la fenêtre du salon ? Je reconnais les attaches des volets. Pourquoi les ferme-t-il ? C’est le seul vis-à-vis que j’ai de mon appartement. La cuisine donne sur un mur borgne, ma chambre n’a qu’une fenêtre de toit, quant à ma salle d’eau, elle ne possède qu’une petite ventilation, aucune ouverture sur l’extérieur. Soudain, je me sens oppressée. Je manque d’air. J’ouvre ma bouche et halète.

— Lana, je commence à m’impatienter, grogne Pierre.

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